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Entretien avec Sophie Gravel
entretien accordé aux SdI en mai 2008


Peux-tu nous en dire un peu plus sur toi (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de compte numéroté en suisse.) ?
J’ai étudié l’économie à l’Université Sherbrooke, endroit ou j’ai rencontré Martin chéri. J’ai voyagé un peu, pas mal, beaucoup, un peu trop dans l’axe Nord \ Sud et j’ai finalement posé mes valises pour avoir des enfants et une vie de famille. Nous avons aujourd’hui 2 enfants et 1 neveu à la maison. A ce jour, pas de réel joueur à l’horizon….mais ça a le temps de changer j’espère !

Pour l’âge et bien j’aurai 39 ans le 24 juillet prochain. Pour les qualités, elles sont peu nombreuses et les passions au nombre de 7 ou 8 : l’odeur de l’encre de certains livres, la couleur dans les tableaux du Groupe des Sept, les mots d’Hubert Nyssen, le cou des hommes, la salade Auvergnate et le Brouilly bien frais.

Pour la carte bleue, je ne saurais te dire…la mienne est argentée. Et le seul compte que j’aie en Suisse est un compte client chez Lemaco, notre distributeur pour ce pays smiley

Enfant, quelle joueuse étais-tu?
J’ai souvenir d’un nombre incalculable de parties d’échec et de Risk avec mon cousin Martin (oui, il y a beaucoup de Martin dans ma vie smiley, de bricolage de jeux avec mon frère Jean-Philippe et de parties de cartes (Canasta) avec ma sœur Pascale, installées à l’arrière d’un vieux Suburban durant un long voyage à travers les Etats-Unis. Je me souviens peu des Rocheuses et du Grand Canyon, mais beaucoup de ma sœur qui accumulait des cartes à ne plus pouvoir les tenir en main avant d’ouvrir son jeu et de terminer dans le même tour !

J’ai reçu tous les ans, un jeu de société pour mon anniversaire et pour Noel. Tous ces Monopoly, Auto Brocante, Big Deal, Risk et compagnie sont encore aujourd’hui dans ma ludothèque.

Parmi les jeux de ta ludothèque, lesquels sors-tu le plus fréquemment?
Ceux qui sont en cours de traduction ! smiley

Si enfant on joue beaucoup, plus rares sont les adultes qui s’adonnent régulièrement aux jeux de société... Un jeu en particulier t’a-t-il fait basculer dans les « jeux pour grands » ou n’as-tu finalement jamais cessé de jouer?
Trois jeux sont responsables de mon intoxication plus adulte. Le premier : Quarto, que j’ai acheté en 1996 après avoir vu des images de sa fabrication dans un reportage sur internet. Le deuxième : Diplomacie que m’a fait acheté un ami pour jouer une partie à 7 via courriel. J’y ai laissé un ami.. mais je garde d’excellents souvenirs des heures passées à réfléchir et analyser la carte sur la table du salon. Et finalement, Tikal, qui m’a fait découvrir le « nouveau » jeu de plateau. D’ailleurs, j’ai eu la chance et le plaisir de pouvoir dire de vive voix à Monsieur Kramer qu’il était en grande partie responsable de ma « dépendance » et qu’il était à mes yeux, l’un des meilleurs auteurs de jeu à ce jour. Un grand moment de bonheur !


On a beaucoup opposé jeux allemands (belle mécanique) aux jeux américains (thème fort)... Penses-tu aussi qu’il existe différents écoles ludiques?
De toute évidence, il existe bel et bien des ‘écoles’ ou des courants ludiques. Alors qu’ils étaient très régionalisés il y a quelques années, il y a aujourd’hui osmose entre ces différentes écoles (cf De Cape & d’Épée) et internationalisation des courants. Je ne crois pas me tromper beaucoup en affirmant que De Cape & d’Épée est un jeu d’école plutôt française et pourtant, il est bien né chez les Allemands. Et vous connaissez sûrement beaucoup d’exemples inverses.

La rapidité de communication et de diffusion des jeux permet tous les jours cet heureux mélange des courants ludiques.

Je cite en référence les copains de chez Days of Wonder. Les jeux qu’ils éditent, sont-ils de courant européen, allemand ou américain ? Je ne saurais trop le dire, mais avouez que le résultat de ce mélange des cultures donne des résultats impressionnants.

Vu de France, on a parfois l'impression que le jeu est plus ancré dans la culture allemande que dans la nôtre... Mais quels types de joueurs sont les canadiens?
La communauté des joueurs québécois que je connais semble être plus près de la culture européenne (allemande et française) qu’américaine. Alors que du côté canadien, ça semble bien être l’inverse. Mais bien sûr, les Américains logent au jardin et pour cette raison, toute la culture (car pour moi le jeu est bel et bien un objet culturel) américaine se déverse quotidiennement au-delà de leurs frontières.

De joueuse passionnée à éditrice, comment et pourquoi avoir sauté le pas? Parle nous un peu de la genèse de la Filosofia... D'ailleurs, d'où vient le nom de Filosofia?
On devient éditeur comme on devient parent, par désir de pérennité je crois. Mais le plus difficile n’est pas de devenir éditeur, mais plutôt de le demeurer.

Pour le nom de Filosofia, et bien c’est une histoire plutôt banale…J’ai appris au Cégep (l’établissement scolaire québécois ou on passe 2 ans à ne rien faire en attendant l’Université) que philosophie venait de la combinaison de filos – ami et sofes – sagesse, soit « ami de la sagesse » . Ayant passé quelques années de ma vie en Amérique latine ou je suis devenue Sofia, Filosofia est une petite « twist » pour « les amis de Sophie ». C’était il y a 7 ans. A cet époque, je ne croyais pas voir ce nom sur des boîtes de jeux. Si c’était à refaire, je choisirais certainement quelque chose d’autre.

Parmi les jeux que vous traduisez et éditez, vous avez notamment repris l'incontournable Colons de Catane... Comment est née cette aventure éditoriale? Pensiez-vous en fondant Filosofia éditer un jour ce monument ludique?
Non, absolument pas. Personne n’aurait pu imaginer, incluant moi-même, que nous allions avoir l’occasion de publier les Colons de Catane. Je l’ai dit plusieurs fois, une étoile filante est passée sous nos latitudes et nous l’avons saisie.


Vous avez depuis lors traduit de nombreux jeux tels que Kahuna, les Cité Perdues, L’Année du Dragon, San Juan, les Pilliers de la Terre ou De Cape & d'Epée... Comment choisissez-vous les jeux que vous désirez éditer?
C’est avant tout une question de feeling, ensuite une question de rigueur éditoriale et finalement ça doit passer l’étape du potentiel de vente. On a beau dire ce qu’on voudra, on ne peut pas éditer un jeu que l’on ne croit pas en mesure de vendre…On peut bien vouloir se faire plaisir à l’occasion mais, tout libraire doit bien vendre quelques exemplaires de la biographie de Céline Dion (bestseller) pour pouvoir se permettre de faire connaître ses plaquettes de poésie préférées à quelques lecteurs…

Chez nous, c’est Notre-Dame et Jambo qui sont au rayon poésie smiley.

Diffuseur francophones de perles ludiques allemandes, Filosofia a-t-il dans ses cartons des jeux de créateurs non encore édités?
Oui, un jeu a été signé il y a quelques mois: Québec 1608 et quelques autres prototypes sont à l'étude.


Quels seront vos prochaines publications?
Cuba, l'extension pour Piliers de la Terre et fin d'année et le numéro 2 de la colleciton VIP...

A ce jour combien de personnes travaillent chez Filosofia?
Chez Filosofia Editions,, 4 personnes et demi. (Je suis la demie puisque je partage mon temps entre Filosofia Distributions et le volet édition )

Y a-t-il une question que je n'ai pas posé et à laquelle tu aimerais néanmoins répondre?
Oui. Mais ce sera pour une prochaine fois.

Un dernier mot pour la postérité?
Soyez heureux.
Le Korrigan



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