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Entretien avec Christophe Raimbault
Entretien accordé aux SdI en novembre 2009


Bonjour et tout d'abord merci de vous prêter au petit jeu de l'interview… Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ?
Absolument pas, je dirais plutôt que je suis farouchement opposé au vouvoiement, en tout cas pour ce qui concerne notre petite famille ludique.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ? (parcours, études, âges et qualité, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse -promis, aucune ne sera piraté ;)
J'ai 20 ans et je suis actuellement en première année d'école d'ingénieur informatique. Heureusement j'arrive encore à trouver du temps pour jouer mais ce n'est pas toujours facile. J'ai pas mal de passions : programmation, guitare, mais je suis surtout mordu de jeux de société. Je suis d'ailleurs depuis bientôt un an maintenant rédacteur de Plato magazine que je peux que vous conseiller. Enfin, comprenez qu'après avoir sorti Hacker je ne divulgue plus mon numéro de carte bleue, je suis devenu parano !?

Oh, quel dommage pour le numéro de carte bleue smiley
Quelles sont tes contributions à Plato magazine ? Critiques ? Reportages ?

Plato, c'est une belle équipe de bénévoles qui écrivent parce qu'ils veulent faire partager leur passion. Alors généralement on écrit ce que l'on a envie d'écrire, on peut toujours toucher un petit peu à tout. J'apprécie particulièrement écrire des chroniques mais je me charge parfois des comptes rendus de salons ayant lieu sur Paris ou bien encore d'entretiens comme tu le fais :)


Cartes du jeu Hacker


Quel joueur étais-tu enfant ? Quels étaient alors tes jeux favoris ?
C'est dans ces moments là que l'on se rend compte que la mémoire nous fait défaut ! Non, je ne rejouerai pas à pique plume avec mes petits cousins, je vais encore me prendre une rouste. J'ai principalement deux certitudes : j'ai toujours aimé jouer aux Échecs et j'ai toujours détesté le Monopoly. A vrai dire ça n'a pas beaucoup changé aujourd'hui !

Un jeu particulier t'a-t-il fait basculer dans l'univers des jeux pour adultes ou n'as-tu finalement jamais cessé de jouer ?
Je dirais que c'est Magic qui m'a vraiment fait basculer comme tu dis, j'ai commencé à y jouer vers 12 ans. Pour rencontrer de nouveaux joueurs, je suis devenu un fervent adhérant de la MLC de Taverny (dans le Val d'Oise) où j'ai découvert à la fois le jeu de rôle et le jeu de plateau, j'en garde véritablement un excellent souvenir. Depuis, effectivement, je n'ai cessé de jouer et d'arpenter les ludothèques.

Taverny ? Le monde est petit… j'y ai passé mes années collège & lycée…
En tant qu'Eaubonnais je ne peux qu'honorer mes respectables voisins Tabernacien.


Ton premier jeu, Hacker, vient d'être édité part le Joueur, société très proche de Jeux de Rôle Magazine, un mag qui a repris le flambeau du jeu de rôle après la disparition du vénérable Casus, Blackbox, Backstab et autres zines… Es-tu toi-même rôliste ? Si oui, comment es-tu tombé dans la marmite du JdR ?
Et oui bien sûr ! J'y ai beaucoup joué mais à présent je préfère me consacrer au jeu de plateau bien que je ne refuse jamais une petite partie de temps en temps. Je fais partie de la génération médiéval-fantastique, et mon jeu de rôle préféré est Rêve de dragon (qui lui n'est par contre n'est pas du tout de ma génération). Ce que j'aime à la fois dans le jeu de rôle et dans la création de jeux c'est que la seule limite est l'imagination, bien que cette limite soit à la fois majorante et minorante (un peu de maths ne peut pas faire de mal de temps en temps !).

Si tu voulais expliquer le jeu de rôle à ma grand-mère en quelques mots, que lui dirais-tu ?

Pour l'avoir expliqué à la mienne, je dirai que ce n'est pas une tâche facile (mais je ne connais pas ta grand-mère) ! Je commencerai par dire que le jeu de rôle est le jeu le plus sein que l'on puisse trouver pour les ados comme pour les adultes d'ailleurs (toujours commencer par bafouer les clichés). Le jeu de rôle est un jeu purement oral et fait travailler l'imaginaire de chacun autant que faire se peut. Chacun incarne un personnage qui prendra part à une intrigue concoctée par le maître du jeu. A chaque situation, notre personnage peut choisir l'action qui souhaite réaliser, la réussite ou l'échec de celle-ci sera généralement dictée par un jet de dés. Le jeu de rôle est le jeu à la fois le plus simple et le plus complexe que je connaisse car il n'y a aucune règle véritablement immuable : tout est modifiable au service de l'imaginaire.

Quels sont tes pires et tes meilleurs souvenirs de JdR ?
Commençons par la pire situation : le maître de jeu n'a préparé aucun scénario (ou presque). Je me souviens de scénarios où les deux ou trois premières heures étaient consacrés uniquement au rassemblement des personnages pour commencer une quête. Au moins dans Rêve de Dragon, les voyageurs sont ensemble dès le début du rêve et personne ne vous demande votre avis, c'est parfait. Mes meilleurs souvenirs sont sûrement autour du jeu Donjon tiré de la bande dessinée (NPC avec D&D), l'humour de l'univers crée généralement des situations véritablements hilarantes.

De joueur à créateur, comment as-tu sauté le pas? Comment est né Hacker ?
Je crois que dès que j'ai commencé à jouer, j'ai eu envie d'essayer de faire les choses aussi à ma façon. Le premier pas c'est à la fin d'une partie de se dire : 'c'était pas mal, mais ça pourrait être tellement mieux si ...'. Chaque jeu part d'une idée bien précise et avec Hacker je voulais obtenir un jeu où l'on avait le droit de tricher. Un petit peu comme dans l'or des dragons avec la 'main invisible' qui autorise un joueur à voler les trésors des adversaires sans se faire voir. Dans Hacker on ne triche pas réellement mais poser des virus sur les comptes des adversaires à leur insu apporte le même type de sensations et c'est ce que je voulais obtenir.

Comment Hacker a-t-il rencontré son éditeur ? Est-ce que ce fut digne du parcours du combattant ou est ce que cela s'est fait assez facilement ?
Tout s'est déroulé lors d'une protonight, soirée organisée sur Paris où les auteurs viennent tester leurs prototypes. Guillaume et Jean-François (les éditeurs) étaient là ce soir là et sont venus à ma table où ils ont pu tester speed ping le jeu pour lequel j'étais là ce soir là (un jeu frénétique sur le tennis de table). On a sympathisé et je leur ai parlé du principe de Hacker, ils ont voulu faire une partie immédiatement et ça a été le coup de foudre (si je puis dire). Je ne l'avais encore présenté à aucun autre éditeur.

Peux-tu nous faire le pitch de Hacker en quelques mots ?
Dans Hacker vous êtes un pirate informatique qui doit poser des cartes virus sur les comptes bancaires adverses sans que ceux-ci s'en apperçoivent. A chaque tour on doit se lever de la table pour aller pirater la banque, un paquet de billets placés à un autre endroit de la pièce. C'est bien sûr à ce moment que les adversaires s'en donnent à coeur joie pour viroler vos comptes. Si vous voulez plus de détails : http://le-joueur.fr/hacker (les règles sont en lignes).

As-tu d'autres jeux dans tes tiroirs, à l'état débauche ou déjà plus avancé ?
Oui j'en ai beaucoup d'autres. Certains diront que certains de mes jeux sont comme tu dis en état bien avancé mais je ne suis presque jamais complètement satisfait. J'évolue au fur et à mesure, et Hacker, même si j'aime bien ce jeu, n'est pas le type de jeux vers lequel je veux aller. C'était un premier jeu pas très coûteux à produire et donc 'facile' à faire éditer. J'ai pas mal de projets en cours et j'espère qu'ils aboutiront très bientôt.


Proto de Hacker


Quels sont tes derniers coups de cœur tous médias confondus (ciné, romand, bd, jeux de société, de rôle, …) ?
Je suis en ce moment plongé dans la troisième édition de L5R, j'ai toujours aimé cet univers mais je n'ai jamais eu l'occasion de faire une partie. J'ai pourtant déjà joué au JCC et déjà participé à une soirée enquête dans l'univers ! Ce soudain engouement pour le monde médiéval japonais fait sûrement suite au Clan des Otori dont j'ai lu récemment les trois premiers tomes. Au niveau des jeux de société, en ce moment je dirais que c'est de space hulk qui m'a vraiment fait délirer. Cette 3ème édition m'a fait découvrir le jeu, pensez-vous : la première édition date de l'année de ma naissance et de la chute du mur de berlin (on peut dire qu'il a fait une entrée fracassante). Sinon j'ai redécouvert Agricola en y jouant récemment à deux, ma première partie à 4 joueurs m'avait laissé sur ma faim. A deux la partie est parfaite : rapide et intense. Enfin, côté cinéma, j'ai beaucoup aimé 'V pour vendetta' dont je ne connaissais pas bien l'univers. A vrai dire j'ai été bluffé par la finesse et la profondeur du personnage masqué : j'adore.

Y-a-t-il une question que je n'ai pas posé et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre.
A vrai dire je ne crois pas avoir déjà répondu à autant de questions d'un coup me concernant, donc je crois que non je n'ai rien à rajouter votre honneur.

Pour finir et afin de mieux te connaître, un portrait chinois à la sauce imaginaire…

Si tu étais…


Un personnage de cinéma : Matthew Perry (Chandler dans Friends) pour son humour.
Une créature mythologique : Un cyclope, comme ça je ne paierai pas plus cher pour aller voir un film Disney Digital 3-D.
Un personnage de BD : Un schtroumph, pour pouvoir jouer plusieurs centaines d'années avec mes amis dans mon champignon.
Un personnage biblique : Saint Pierre, j'aime le personnage.
Un personnage de roman : Logicielle, dans 'l'Ordinateur' de Christian Grenier que je lisais enfant : une informaticienne un peu trop curieuse.
Un personnage de théâtre : V : il a la classe.
Une œuvre humaine : La tour de Pise : je suis toujours penché sur mon ordinateur.
Un jeu de société : Dungeon Twister, délicieusement prise de tête.
Un mécanisme de jeu de société : Les jeux de majorité, toujours tendus et haletants.
Une recette culinaire : Les lasagnes : comme tous les membres du fan club de Garfield.
Une boisson : La limonade : comme Lucky Lucke.

Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé... Rendez-vous à ton prochain jeu!


Illustration de Hacker

Le Korrigan