Tout d'abord, un grand merci de vous prêter au petit jeu de l'interview !
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse…)
J'ai 31 ans. Je suis dessinateur depuis 9 ans. J'ai lamentablement laissé tomber des études de biochimie pour me consacrer à ce qui était l'une de mes passions (avec la musique) : dessiner.
C'est toujours le dessin de presse qui a eu ma préférence, et même si j'ai toujours un peu fait de BD, ça reste le dessin de presse qui me fait vivre !
Devenir dessinateur, était-ce un rêve de gosse ?
Dessinateur de presse je ne sais pas… dessinateur peut-être. Mais je ne suis pas sûr de l'avoir jamais envisagé comme ça. Pour moi c'était plus une partie de moi que quelque chose dont on pouvait faire un métier. Je ne passais jamais un jour sans dessiner, et ça continue. Une sorte de besoin physique avant d'être quelque chose grâce auquel on peut gagner de l'argent. D'ailleurs dans mon entourage familial et social, rien ne me laissait envisager que ça puisse en être un. Je lisais des BD. Je regardais des dessins de presse dans les journaux de mes parents, j'allais aux musées avec eux. Mais je ne me souviens pas avoir envisagé être plus tard dessinateur.
Sauter le pas et devenir dessinateur de presse a-t-il relevé du parcours du combattant?
Oui et non. J'ai commencé à publier alors que j'étais encore étudiant. J'ai toujours gagné ma vie avec mon dessin, en dessinant tout et n'importe quoi. Tignous m'avait dit 2 choses qui m'ont suivi : « c'est en dessinant tout et n'importe quoi qu'on progresse ». Et « C'est quand on n'a pas d'autres choix que de vivre de ses dessins, que l'on devient bon. » Les plus durs à convaincre ça a été mes parents. J'ai dû leur faire avaler que je refusais la place en école d'ingénieur qui s'offrait à moi pour faire du dessin de presse.
Vous publiez votre premier album, Django Reinhardt, chez Nocturne... Comment est née cette aventure?
C'était un concours organisé par l'éditeur. J'étais tout débutant. Passionné de jazz j'avais envoyé des dessins à Franck Bergerot à Jazzmagazine. Il n'a pas pris mes dessins mais m'a incité à faire ce concours. J'ai choisi Django plus par gout de l'univers manouche qu'à cause de sa musique que je ne connaissais alors pas bien. J'ai réalisé les 16 planches (l’intégralité de l'album) que l'on nous demandait. Ma BD a été retenue. On signait de suite un contrat pour un second album. J'ai fait Thelonious Monk, pour qui j'avais (et j'ai) une réelle passion.
Quel lecteur de BD êtes-vous?
Dilettante. Je peux passer des mois sans lire de BD. Puis aller dans une librairie, en acheter 10 et ne lire que ça pendant 15 jours. Je suis très sensible au trait. Forcément. Je rêve de faire des albums à l'opposé de ce que je fais. Forcément. Actuellement mes dernières grosses baffes dans la gueule sont Blast ou Quai d'Orsay.
Comment avez-vous rencontré Renaud Dély qui a scénarisé « Sarkozy et les femmes » et « Sarkozy et les riches » qui vient de paraître chez Drugstore?
On a eu une marieuse. Cédric, l'éditeur des deux albums, nous a approché pour nous proposer de travailler ensemble. On est une sorte de Boys Band de la BD. On se connaissait un peu de Marianne où j'étais pigiste dessinateur et lui rédac-chef.
Comment aborde-t-on un album comme « Sarkozy chez les femmes» ou « Sarkozy chez les riches » ? Notre président est-il quelqu’un dont les mimiques sont faciles à croquer?
La BD c'est pas ma spécialité. Il a fallu que je m'adapte au format. Au fait de dessiner toujours les mêmes personnages, les mêmes décors… le tout pendant 90 pages ! C'est à des années lumières du dessin de presse. Mais sur le premier album (les femmes) j'ai vite pris conscience que les persos se révélaient être de vrais êtres de papier qui finissaient par avoir leur propres réactions sous le feutre. Et c'est devenu assez jouissif. Alors que j'ai longtemps rechigné à dessiner Sarkozy dans la presse (ou le moins possible) par ras-le-bol, là c'est devenu un plaisir. Mais c'était parce que ce n'était pas vraiment Sarkozy. Pas celui des dessins de presse en tout cas. Pas l'homme politique. Pas le président. Pas celui qui fait tout ce qu'on sait. C'était un personnage avec sa personnalité propre .
Avez-vous-eu des retours ou des échos de la part d’hommes politique, sur votre travail en général et sur les deux albums signés avec Renaud Dély en particulier?
Non, pas pour l'instant. On a su que Pierre Charon, à l'époque de "Sarkozy et ses femmes" avait lu l'album (il était à l'époque conseiller de Carla Bruni). Mais pas plus.
Travaille-t-on de la même façon pour des journaux et hebdos aussi différents que Le
Monde, Marianne, L'Echo des Savanes ou SinéHebdo ?
De la même manière non. Quand les enfants me posent la question je leur réponds qu'ils ne disent pas de la même manière à leurs parents ou à leurs copains qu'ils les gonflent. Pourtant l'idée est la même. Mais ils adaptent leur propos. Moi c'est pareil. Je peux ou pouvais dessiner des bites et écrire des gros mots dans l'Echo ou dans Siné Hebdo. Je ne le ferai jamais dans Le Monde. Mais je ne change pas d'idées pour autant. J'exprime la même chose de diverses manières.
Comment se passe la journée d’un dessinateur de presse? Etes-vous un grand media-phage?
Un grand médiaphage, c'est évident. Radio à longueur de journée. Sites. Journaux papiers. Tout y passe. La télé un peu (beaucoup) moins. Je me réveille avec la radio, je regarde les infos sur les chaînes tout info avant de me coucher, et entre temps je lis ou j'écoute. Je travaille souvent le soir (le Monde me commande les dessins en fin de journée). Et le reste des dessins d'acte tient sur peu de jours. Le reste du temps je le consacre à tous mes autres projets : BD, animation, éditions, commandes diverses.
Vous avez créé « Ca Ira Mieux Demain » avec un collectif de dessinateur. Qu’est-ce qui a motivé la création de cette plateforme dédiée au dessin de presse?
L'envie avec mon ami Pascal Gros (puis avec Tignous et Lewis Trondheim) de s'emparer de ces nouveaux supports, de cette technologie. D'inventer un mode de diffusion nouveau, sans intermédiaire. Directement du producteur au consommateur. Le résultat commercial n'est pas à la hauteur de ce que nous espérions, mais on l'a fait. Ca existe. Et on est très fier de l'application et du boulot fourni par Aquafadas, la boite qui a soutenu et financé le projet. Mais il faut se rendre à l'évidence, il n'y a pas encore de modèle économique viable pour ce genre de produits sur ces supports.
Après Sarko et les femmes, Sarko et les riches, quel sera le prochain épisode des aventures de notre président ?
J'espère qu'on n'aura pas besoin de faire une suite ! Plus sérieusement, je pense qu'il faut qu'on passe à autre chose… au risque de tomber dans une exploitation de filon…
Quels sont vos dernier coups de cœur, tous médias confondus ?
En disque le dernier Ibrahim Maalouf (Diagnostic) et le dernier Giovanni Mirabassi (Adelante!)
Au cinéma… je n'ai plus trop de quoi juger je n'y vais plus assez. Les deux derniers que j'ai vu sont Polisse et The Artist. J'ai beaucoup aimé les deux… dans des styles très différents.
Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle vous souhaiteriez néanmoins répondre ?
Je ne crois pas.
Pour finir et afin de mieux vous connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Si tu étais...
un personnage de BD : Idéfix
un personnage biblique : Dans la vraie vie je suis fils de menuisier, comme un célèbre personnage de la bible. Mais la comparaison s'arrête là.
un personnage de roman : celui d'une nouvelle de Maupassant dépité de ses contemporains, ou celui d'un roman de Camus, ne perdant jamais espoir en l'être humain malgré certains de ses représentants.
un personnage de théâtre : Le souffleur
un personnage de cinéma : Bertrand Morane (l'homme qui aimait les femmes).
un instrument de musique : Un bignou pour faire chier tout le monde.
un jeu de société : Le mistigri
une recette culinaire : La bombine.
une ville : Maubeuge, au mois de janvier par temps pluvieux.
une boisson : Du chatus (vin rouge Ardéchois)
une pâtisserie : Une tarte au citron meringuée.
un proverbe : « A la saint glin-glin, on branle rien. »
Un dernier mot pour la postérité?
Non
Un grand merci pour le temps que vous nous avait accordé !