Bonjour et merci de vous prêter au jeu de l'interview...
Question préliminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement?
Ah on démarre sur de vraies questions existentielles, alors le tutoiement… Comment dire ? Il faudrait réfléchir au sujet. Organiser des débats. Sur des questions aussi grave, je ne me permettrais pas d'émettre un avis si hâtif, il conviendrait de prendre le temps de se connaitre, garder des moutons ensemble, tout ça…
Pouvez-vous vous présenter en quelques (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse…)?
04 0996 888 11 868
code annexe 012
Pour le reste, je pense que wikipédia aura une meilleure mémoire que moi, en deux mots, bd depuis toujours, et hop. Bd encore.
Devenir auteur de BD, était-ce un rêve de gosse? Quels étaient vos auteurs favoris?
C'était un rêve de gosse, oui. Puis mon rêve d'adulte a été de faire du cinéma. Pour l'instant, je réalise mon rêve de gosse mais pas encore celui d'adulte. Je me demande quel sera mon rêve de vieillard...
Devenir auteur a-t-il relevé du parcours du combattant?
En réalité non, mais ce qui relève du parcours du combattant est de perdurer, de ne pas lâcher. De maintenir un rythme, de faire vivre les projets, de se battre parfois contre le courant, avec les éditeurs, d'encaisser les échecs, les déceptions quand ce qu'on a fait n'est pas à la hauteur de ce qu'on rêvait…
Quelles sont les grandes joies et les grandes difficultés du métier de scénariste et de dessinateur?
La vraie grande joie est le partage. Avoir en retour quelqu'un qui nous a lu, a ri ou a été ému par notre création, ça c'est un vrai grand plaisir. Se lever le matin avec la banane et ne pas subir la pression de petits chefs, sous chefs, et sous sous chefs, ça c'est un vrai bonheur...
Pour quelle raison utilisez-vous deux pseudos pour signer vos albums?
Le hasard, une combine il y a vingt ans pour faire croire à un éditeur que je signais chez lui en prétendant que l'album était fait par un autre. Du coup je me retrouve avec deux pseudos.
Sous le pseudo de Jim, vous êtes surtout connus pour tes albums humoristiques et puis, en 2007, vous avez cosigné Petites Eclipses avec Fane, un album intimiste d'une rare justesse. Dans un registre assez proche, Une nuit à Rome vient de paraître chez Bamboo dans la collection Grand Angle. Comment est né ce diptyque qui respire l'authenticité?
De mes envies de cinéma avant tout. D'un voyage à Rome. D'une envie de ne pas me répéter et de risquer quelque chose. Et l'envie de dessiner des femmes, un des autres grands plaisirs du métier de dessinateur ! (rires)
Une fois encore, votre histoire respire l'authenticité. Les relations amicales ou amoureuses qui lient les personnages sont à la fois crédibles et extrêmement bien retranscrite. La scène de l'anniversaire est en ce sens impressionnante: tout y respire l'amitié, la complicité et les souvenirs partagés. Vous inspirez-vous de votre vécu et de vos proches pour conférer vos récits autant de justesse?
Je suis un voleur ; je vole tout. Ne me racontez rien de votre vie, ça se retrouvera dans un scénario de long métrage ou de bd. Je crois que mon entourage commence à se méfier de moi, d'ailleurs !
Pour ma part, je suis impressionné par la façon dont vos histoires intimistes trouvent chez de nombreux lecteurs un étrange écho, remuant plein de choses l'intérieur comme rarement une bd parvient à le faire... Quel est votre secret pour troubler à ce point le lecteur ?
Me troubler, moi... Essayer de traiter de ce qui me touche, me questionne. C'est vrai que c'est étonnant quand les gens ont l'impression que ça fait pile écho à leurs pensées, c'est très gratifiant comme sentiment... Je travaille actuellement un scénario autour du deuil, et là aussi, la scène d'ouverture je l'ai écrite à un moment très particulier, dans un état d'esprit très particulier...
Les dialogues (et monologues) semblent eux aussi très travaillés. Comment les élaborez-vous? Avez-vous une technique particulière pour qu'ils fonctionnent avec tant de naturel?
Je crois qu'il faut dans un premier temps les écrire sans réfléchir, et après les retravailler pour gommer, fluidifier, aller à l'essentiel. C'est un vrai gros travail, les dialogues. Pour faire naturellement simple, sans chichi. Je n'y arrive vraiment pas à tous les coups, quand je relis l'album imprimé, j'ai envie de reprendre des passages entiers... Mais je préfère passer ma rage sur le scénario suivant !
Comment avez-vous travaillé sur cet album? Du synopsis à la planche finalisée, quelles furent les différentes étapes de votre travail? (et s'il était possible, pour une planche donné, de visualiser les différentes étapes)
Parfois il y a un découpage, parfois non. Parfois des photos donnent une piste, et j'essaie de trouver le fil. Il n'y a pas de règle dans cet album, j'essaie de ne pas suivre un découpage pré- établi, ce que je fais d'habitude. Ça fait plus de doutes, plus de corrections, plus d'hésitations... mais au final un côté plus amateur qui fait plaisir à travailler. Faisant dessin et scénario, je me sens libre d'accommoder l'un et l'autre jusqu'à la fin...
Quelle étape vous procure le plus de plaisir?
Je ne sais pas. Je crois que c'est le tout début, l'idée de départ. Et la toute fin, quand c'est fini. Entre les deux, c'est quand même vachement de boulot !
Comment avez-vous rencontré Delphine qui signe les (sublimes) couleurs de l'album?
Elle avait 18 ans, j'en avais 20. On ne se quitte plus ; elle met des couleurs dans ma vie, et depuis quelques temps, dans les albums également...
Pour quand est prévu le second tome du diptyque? Avez-vous déjà d'autres projets sur le grill?
Le temps de le faire, soit un an et demi si tout va bien. Mais sur le feu, j'ai une foultitude de projets, des projets bd, plein, et des projets cinéma. Encore plus. Tous sont dans une veine assez proche d'une nuit à Rome, après avoir tâté de plein de style, je crois que c'est vraiment mon genre privilégié.
Quels sont vos derniers coups de cœur, tous médias confondus ?
Chabouté : Tout seul ! J'ai adoré. Et la série tv Homeland ! Et Unlightened ! Et la série Carnival.
Y a-t-il une question que je n'ai pas posée et laquelle vous souhaiteriez néanmoins répondre?
Il y en a une que vous n'avez pas posée, oui. Et c'est très dommage, je mourais d'envie d'y répondre. Mais c'est trop tard, on ne saura jamais...
Pour finir et afin de mieux vous connaître un petit portrait chinois la sauce imaginaire...
Si vous étiez...
un personnage de BD : Axle Munshine
un personnage biblique : sans façon
un personnage de roman: Marc Marronnier
un personnage de cinéma : le scénariste
Un dernier mot pour la postérité ?
Zut, je l'avais sur le bout de la langue, j'ai oublié...
Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !