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Entretien avec Cédric Mainil
entretien accordé aux SdI en juin 2012


Bonjour et tout d'abord, un grand merci de vous prêter au petit jeu de l'interview!
Question liminaire: êtes-vous farouchement opposé au tutoiement? (si oui, je reprend toutes mes questions...)

Non pas de problème pour le tutoiement.

Peux-tu te présenter en quelques mots? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse…)
Après plusieurs années en tant que concepteur/rédacteur dans différentes agences de publicité parisiennes, j’ai monté une société qui exploitait des instituts de beauté. Une fois revendu, j’ai décidé de m’adonner à ma passion de toujours, écrire des histoires. Et plus précisément des scénarios de BD.

Enfant, quel lecteur étais-tu? Quels étaient tes auteurs de chevet?
Comme la plupart des gens de mon âge (la quarantaine), j’ai été bercé par Tintin. Mon grand père me lisait aussi très souvent les Pifs Gadgets. Puis après j’ai découvert le journal de Mickey, Spirou magazine. Mais je pourrai aussi vous parler d’Alix, de Lefranc, de Blake et Mortimer, de Buck Danny, de Yoko Stuno, du Srameustache, de Spirou, Gaston Lagaffe… Puis un peu plus tard de Spider Man, Superman, les 4 fantastiques, le Surfer d’Argent, Hulk, Daredevil, Iron Man ….

Planche du tome 1 © Sandawe / Cédric Mainil / MorQu'est ce qui t'a donné envie de devenir auteur de BD? Quelle est la rencontre la plus marquante de ta (jeune) carrière?
Des souvenirs de jeunesse. L’envie de plonger le lecteur dans des univers évocateurs et distrayants, loin du quotidien. Pas toujours rose.

Quelles sont les grandes joies et les grandes difficultés du métier de scénariste? Es-tu tenté par d'autres médias que la BD?
Les difficultés sont la solitude du scénariste au moment de l’écriture et la difficulté de trouver un éditeur intéressé par vos projets . Pour les joies, elles sont minimes pour l’instant. Mais disons la satisfaction de voir son histoire prendre forme et pouvoir la faire partager avec le plus grand nombre.
Je suis aussi tenté par le cinéma. Nous allons d’ailleurs essayer de développer le Chevalier Mécanique pour le grand écran.

Comment as- tu rejoint Sandawe? Qu'est-ce qui t'as séduit dans cette aventure éditoriale?
Je cherchais un éditeur pour mon premier projet et je suis tombé par hasard sur eux. Ce qui m’a séduit ? C’est qu’ils aient cru en moi, alors que j’étais totalement inconnu. Et que je le suis d’ailleurs toujours !


Comment est née l'intrigue du Chevalier Mécanique? Comment as-tu rencontré Mor qui a mis ton histoire en image?
En écoutant une émission de Franck Ferrand sur la radio Europe 1. Il évoquait ce jour là, l’affaire des poisons sous Louis XIV. Au final, j’ai gardé la période, mais décidé de créer un personnage hors norme, mi-homme, mi-automate qui défendrait le trône du roi contre une conspiration alchimique.
Au sujet de Marcel, j’ai posté le synopsis du Chevalier sur un site internet (AdaBD) et très rapidement il m’a contacté pour en savoir plus. Après 2/3 planches d’essai qui m’ont emballées, on a monté un dossier en vue de présenter le projet du Chevalier aux éditeurs.

Planche du tome 1 © Sandawe / Cédric Mainil / Mor Revenons-en au Chevalier d'Astarac... Comment t'es venue l'idée de mettre en scène cette créature hybride, mi homme, mi horloge? Comment t'es venue l'idée de la clef permettant de remonter la mécanique, ressort (smiley) dramatique de l'intrigue?
En faisant des recherches sur la période allant du 17ième au 18ième siècle, je suis tombé sur la mode des automates à complication sous Louis 15. Cela m’a rappelé l’histoire du turc mécanique que je connaissais déjà, suite à un cour métrage relatant cette histoire, et qui m’avait particulièrement marqué quand je l’avais vu enfant à la télé.
Après, j’ai laissé vagabonder mon imagination et les pièces du puzzle se sont mises en place dans mon esprit afin de donner l’histoire de ce chevalier hors norme.
La présence de cet automate joueur d’échec sous louis XIV est donc un des rares anachronismes de cette série. Mais étant avant tout dans une fiction et non dans un manuel d’histoire, je me suis permis cette petite entorse

Planche du tome 1 © Sandawe / Cédric Mainil / MorLe drame soutenant la création de cette « créature » est particulièrement sordide... Pourquoi as-tu voulu donner cette dimension tragique au personnage, et ce rôle des plus sinistres au roi de France?
Pour donner du corps à l’histoire et surtout des failles à ce héros que j’exploiterai dans les tomes suivants. Et aussi évoquer des sentiments ambigus auprès des lecteurs.

L'intrigue de la série, d'inspiration historique, a t-elle nécessité de longues recherches documentaires? Quelles furent tes principales sources documentaires?
J’ai eu la chance d’habité longtemps près de Versailles et même d’avoir travaillé adolescent l’été au château. J’avais donc déjà une idée bien précise de l’époque et des différents lieux où se déroule les actions des trois tomes ( Versailles mais aussi Vaux le Vicomte, le château de Nantes, le phare de Cordouan….) Etant féru d’histoire, j’avais aussi pas mal de livres sur la période et j’ai complété tout cela par des recherches sur internet.
Sachant que le Chevalier Mécanique est avant tout une fiction/historique se déroulant sur au moins 3 tomes, il y a beaucoup de vrai mais aussi quelques anachronismes historiques assumés et parfois voulus. Afin de créer des rebondissements dramaturgiques dans la suite de la série.

Dès les premières pages ou tu mets en scène Hermès Trimegiste, mythique auteur de la Table d'Emeraude, tu ancres ton récit dans l'ésotérisme et la tradition alchimique, créant un univers où magie et technologie se mêlent et s'entremêlent sur fond d'aventure de cape et d'épées... Quelles furent tes sources d'inspiration?
Mes recherches documentaires et la volonté d’ancrer la conspiration contre le trône de France dans cette voie là. Et puis surtout, de nombreux éléments anodins pour l’instant vont trouver leurs sens dans les tomes suivants. Pour ce qui est d’Hermès. Il va falloir attendre le 2ième cycle de la série et les tomes 5 et 6 pour comprendre que son histoire et sa présence n’était pas fortuite dès ce premier tome. Si bien sûr, la série arrive jusque là!

Planche du tome 1 © Sandawe / Cédric Mainil / MorDiantre, vous réfléchissez déjà au second cycle! En voilà une bonne nouvelle! Le second tome est dors et déjà financé, à une vitesse semble-t-il record et le troisième a déjà près d’un quart du financement... A quel stade tu tome 2 en êtes-vous?
Le scénario est entièrement écrit et Mor en est déjà à la planche 20. Sa sortie en librairie est prévue pour octobre prochain.

Dans ta prime jeunesse, étais-tu un inconditionnel des films de cape et d'épées?
Amateur, oui. Mais autant que les films de cow-boys, les thrillers ou les films de SF .

Ce cocktail d'action, d'ésotérisme et de technologie me fait penser à Nephilim, jeu de rôle de l'occulte contemporain... Le connais-tu et as-tu pratiqué le jdr?
Non, je n’ai hélas jamais joué à de jeu de rôle.

rough © Sandawe / Cédric Mainil / MorComment s'est déroulé ton travail avec Mor?
Le plus facilement et simplement du monde, par internet. A partir du scénario, il m’envoie des crayonnés que l’on valide après d’éventuelles corrections. Puis il passe à l’encrage.
Une fois que cette étape est terminée, il m’envoie les planches originales pour que je les scanne. Puis les fichiers partent en Italie pour que Silvio puisse faire la couleur.

La mise en couleur a chagriné certains lecteurs qui avaient vu les planches n&b de Mor sur le site de Sandawe... Que leur réponds-tu?
D’autres ont beaucoup aimé les couleurs, dont moi et l’éditeur. Les gouts et les couleurs ne se discutent pas. Mais j’ai quand même été surpris par ces quelques bémols, car je pense toujours qu’elles sont d’un très bon niveau.

Le Chevalier Mécanique © Sandawe / Cédric Mainil / MorA partir de quelle « matière » Mor a-t-il construit l'apparence des personnages que tu as imaginé? A-t-il eu toute latitude pour créer leur apparence où avais-tu déjà une idée précises de ce qu'ils devaient être?
Pour le personnage principal, je lui ai soumis des idées d’armures. Notamment après une visite au musée de l’armée des invalides. Ils ont une superbe collection d’armures de tous les âges et de tous les pays (France, Europe mais aussi Japon…). Après c’est lui qui a digéré la documentation que je lui avais envoyée et qui m’a fait diverses propositions.
Pour les autres personnages, le cheminement a été le même. Propositions de ma part, et envois de différents modèles de la sienne. Puis choix collégial de nous deux.

Dans quel état d'esprit étais-tu lors de la publication de ton premier album?
Content et concentré sur les prochains tomes du Chevalier Mécanique. D’ailleurs à bientôt pour la sortie du tome 2 et merci pour ce bon moment.

Au rayon des nouveautés, tu as mis sur pied une structure éditorial, Dream Editions, qui propose un nouveau projet de BD, Ladies Circus… Pourquoi avoir créé cette structure ?
L'expérience réussie de collecte pour Sandawe (2 tomes du Chevalier Mécanique financés et bientôt le 3ème) et la multiplication des sites de crowdfunding (financement participatif) m'ont donné l'idée de voler de mes propres ailes et de m'affranchir d'un intermédiaires entre moi et les lecteurs, en l’occurrence un éditeur. Ce qui voulait dire que je devais devenir à mon tour éditeur. Mais quoi de plus normal, ni de très compliqué pour un auteur de BD. en effet, On connait aussi bien les rouages de l'éditions qu'un éditeurs et cela permet un échange plus direct avec nos lecteurs (et c'est vrai un peu plus de travail. Mais on n'a rien sans rien smiley.
A terme, je compte éditer par pré-achat d'albums collectors et de bonus à tirage limité, certains de mes propres projets de BD (pas tous, car d'autres auront vocation à se faire éditer chez des éditeurs "classiques") et quelques autres projets venant d'auteurs professionnels amis, ou non.
Les maitres mots de Dream éditions seront, qualité (des projets) et convivialité (des rapports entre les auteurs et les souscripteurs).

la Dream Team du Ladies Circus © Dream Edtion / Cédric Mainil / Silvio Speca Peux-tu nous dire quelques mots de cette série sur laquelle tu travailles avec Silvio Speca ??
J'ai connu Silvio par hasard en trainant sur des sites d'auteurs de BD. Aimant beaucoup son style graphique et surtout ses couleurs, je lui ai proposé très vite l'histoire des Ladies Circus. Et il m'a lui même fait part, tout aussi rapidement, de son intérêt pour ce projet. Ce qui est en général bon signe pour débuter une collaboration (la même chose s'est produite sur la série du Chevalier Mécanique avec MOR et est en train de se produire sur une 3ème série avec un autre dessinateur).
Sinon, le tome 1 de la série des Ladies Circus mettra en scène une troupe de cirque entièrement féminine dans le Paris des année 30. Belles et sexy, on retrouvera parmi elles, la femme à barbe Fatal Beard, les sœurs siamoises The Sisters Dolls, Lady Tiger et ses tigres blancs, la femme la plus forte du monde Miss Muscle et enfin Black Mamba et ses pythons géants.
Ce groupe d’héroïnes hors-normes se trouvera plongé dans une aventure palpitante qui nous entrainera au cœur de la religion vaudou et de ses dangers. Sauront-elles en réchapper et rester en vie. Réponse, à la fin du tome 1 de la série!

Le rendez-vous est pris pour le tome 1 de Ladies Circus ! Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé!
Le Korrigan