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Entretien avec Johannes Roussel
Entretien accordé aux SdI en juillet 2012


Bonjour et merci de vous (re)prêter au petit jeu de l’interview !
C’est toujours un plaisir !

Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ?
Que nenni !

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux îles caïmans…)
On va se fâcher tout de suite ? C’est quoi ces vouvoiements ? …
Johannes Roussel, né il y a 49 ans à Stuttgart (là où sont fabriquées les Porsche et Mercedes). Après avoir suivi des études de dessinateur industriel, j’ai travaillé une vingtaine d’année dans l’industrie en tant que technicien puis dans le marketing. A l’âge de 40 ans j’ai tout plaqué pour revenir à ma première passion, à savoir la BD.

Tu abandonnes l’univers maritime de la série HMS après trois diptyques écrit par ton scénariste attitré, Roger Seiter. Est-ce l’envie d’explorer de nouveaux horizons qui vous ont fait mettre un terme à cette série ?
HMS a été une aventure très intéressante. Je connaissais très peu la marine du XVIIIe et durant les années pendant lesquelles nous avons travaillé sur cette série, j’ai énormément appris sur cette époque et cet univers. Mais il faut savoir tourner la page. Roger Seiter avait signé plusieurs albums chez Glénat et lorsque son éditeur lui a parlé de la nouvelle collection « Plein Gaz » , il a tout de suite pensé à moi.

Ex-Libris (JDBD Strasbourg) © Glénat / Johannes RousselJ’ai cru comprendre que le monde des bolides et des grosses cylindrées ne t’était pas étranger… D’où te vient cette passion?
En effet, je suis amateur de voitures anciennes et assez actif au sein d’un Club. J’ai presque toujours roulé en « ancienne ». Au départ c’était par nécessité financière puis par passion.

Comment est née Trajectoires, ta nouvelle série, une fois encore scénarisée par Roger Seiter? Devait-elle d’emblée s’inscrire dans Plein Gaz, la nouvelle collection de Glénat dédié au sport automobile?
Le projet est né suite à notre rencontre avec notre éditeur Frédéric Mangé, l’initiateur de cette collection et lui-même passionné de sport automobile. Il nous a proposé une histoire imaginée par un de ses amis Chris Boyer. Roger a utilisé cette trame pour écrire le scénario du premier tome de Trajectoires. Le tome 2 de ce diptyque a été écrit dans la foulée et je commence à le dessiner.

Tu as développé un site internet pour votre nouvelle série, comme tu l’avais fait pour H.M.S. Pourquoi est-ce si important de tisser très tôt un lien avec les futurs lecteurs?
Je pense qu’il est important de présenter le travail très en amont. C’est là qu’il y a le plus de choses à montrer comme des esquisses ou des dessins préparatoires et c’est l’occasion de faire connaître la série au plus grand nombre.

Page de garde de l’album © Glénat / Johannes RousselSur ton site, tu proposes des extraits musicaux collant à l’album et à son époque. Est-ce cette bande son qui t’accompagne lorsque vous vous attelez à la table à dessin?
Pas nécessairement. Je voulais que le site soit une évocation des années soixante, pas seulement dans le domaine de l’automobile, mais aussi celui de la musique, du cinéma, de l’architecture …

En surfant sur le site de la série, on se rend compte que tu sembles prendre un réel plaisir à effectuer des recherches sur l’époque où se déroule ton histoire. Quelles ont été tes principales sources de documentation?
Pour ce qui concerne les voitures, je fais appel à mes souvenirs. Je suis né en 1963 et de nombreuses voitures des années 60 circulaient encore au début des années 70. J’ai acheté des modèles réduits des voitures les plus communes et pour celles que je dessine souvent, j’ai effectué des modélisations en 3D. Ces dernières me permettent de trouver plus facilement l’angle de vue le plus intéressant. Je possède une centaine de revues sur les voitures anciennes et de nombreux livres dont certains achetés pour l’occasion. Internet est également une bonne source d’information mais pas toujours suffisante. Par exemple il existe assez peu de photos du Golf Drouot. J’ai donc choisi de le recréer en 3D afin d’avoir des perspectives et des proportions plus justes

Le tristement célèbre accident © Glénat / Johannes RousselComment t’y es-tu pris pour mettre en image le dramatique accident qui endeuilla la 23ième édition des 24 Heures du Mans?
J’ai commencé par lire la plupart des articles parus à l’époque. J’en ai d’ailleurs reproduit un sur mon blog. Ensuite j’ai visionné tous les documentaires qui ont été produits sur le sujet et isolé les images d’archive des 4 caméras qui ont enregistré le drame. Je les ai visionné image par image pour avoir la meilleure compréhension possible de l’accident. J’ai ensuite découpé l’action en quatre images seulement. Cela permet de conserver la rapidité et la brutalité de la scène.

Comment as-tu composé l’apparence de tes personnages? Le personnage de Vincent a-t-il d’emblée eu cette apparence?
Je ne me pose pas trop de question. Les visages des personnages s’imposent d’eux-mêmes au moment de la lecture du scénario. Il suffit de retranscrire l’image mentale que je m’en faisais. C’était beaucoup plus simple que pour HMS où il n’y avait que des hommes en uniforme…

une Bugatti 2035 © Glénat / Johannes RousselAvec Roger, travailles-tu sur cette série de la même façon que sur votre précédente série? Ta connaissance du milieu automobile t’a-t-elle incité à lui proposer certaines modifications?
Pour le tome 1, Roger a écrit le scénario en adaptant une histoire écrite par Chris Boyer (lien sur mon blog). Roger n’étant pas aussi passionné que moi, je lui ai fait une formation accélérée (lol) sous forme de visite de musées, notamment ceux de Porsche et Mercedes à Stuttgart. Comme pour HMS, nous passons beaucoup de temps à discuter de l’histoire et des thèmes que nous voulons traiter bien avant l’écriture du scénario.

Serait-il possible, pour une planche donnée, de visualiser les différentes étapes de votre travail, du scénario à la colorisation?
Une animation flash vaut parfois mieux qu’un long discours!


le Golf Drouot © Glénat / Johannes Roussel Quels étape te procure le plus de plaisir dans l’élaboration d ‘un album?
Quand je reçois le premier exemplaire imprimé …
Plus sérieusement, pour Trajectoires j’ai décidé de ne plus encrer les planches et de travailler sur un format plus grand. J’avais la sensation de perdre beaucoup de force et de détail au moment de l’encrage. J’ai donc décidé de faire des crayonnées plus poussés et de les scanner directement. Le résultat est à mon avis beaucoup plus satisfaisant. Du coup j’ai adopté une mise en couleur plus légère à la façon d’une aquarelle afin que les nuances du crayon restent visibles.

Sur le site, on peut voir que certains bâtiments ont fait l’objet d’une modélisation 3D. L’outil informatique a-t-il révolutionné ta façon d’aborder un album?
Il n’y a pas que les bâtiments… J’ai modélisé plusieurs voitures, motos, ainsi que l’anneau de vitesse, les tribunes et les stands de Montlhéry. Ce sont des modélisations assez simples qui permettent surtout de visualiser les proportions.
De l’idée à la case
rough © Johannes RousselModélisation 3D © Johannes RousselModélisation 3D © Johannes Rousselcrayonné © Johannes Roussel

Sur combien de tomes se déroulera la série trajectoire ? Le format de diptyque cher à Roger Seiter est-il conservé?
Oui, l’histoire est prévue en deux tomes.

Quelle est la dernière épreuve automobile à t’avoir fait vibrer?
Le Mans 2011. Treize secondes d’écart après 24 heures, ça ne se voit pas tous les ans …

Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ? (ciné, bd, romans, musique…)
En Musique j’ai été fasciné par l’album Zorya de Floex (Alias Thomas Dvorak à écouter ici) C’est lui qui avait composé la bande son de l’excellent jeu Machinarium … Ce jeu est d'ailleurs mon coup de coeur en attendant la sortie officielle de rFactor2 dont j’ai déjà testé la très prometteuse version béta.

Quoi d’autre dans ton actualité ?
Il se trouve qu'après six ans sans actualité musicale, j'ai enfin sorti un nouvel album cette année.
Il s'agit de Time un album inspiré par la musique électronique des année 70.
On y retrouve des ambiances à la Pink Floyd, Brian Eno, Klaus Schulze, Vangelis ...
On peut écouter cet album ainsi que les cinq autres gratuitement sur mon site http://johannes.fr

une bien jolie collection © Glénat / Johannes Roussel Pour finir et afin de mieux te connaître, voici un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…

Si tu étais…
un champion de course automobile : Niki Lauda
une voiture : La VW-Porsche 914
un personnage de BD : Ashe Barett
un personnage biblique : Jonas
un personnage de cinéma : Sam Lowry
un instrument de musique : Un hélicon
un jeu de société : Le 1000 bornes
une recette culinaire : La Morue aux fraises
une ville : Knokke-Le-Zoute
une boisson : Le fameux soda Vérigoud
une pâtisserie : Un Paris Brest
un proverbe : Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras

Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé!
crayonnés de recherche© Glénat / Johannes Roussel
Le Korrigan