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Entretien avec Frederik Salsedo
interview accordée aux SdI en septembre 2012


Bonjour et tout d’abord merci de vous prêter au petit jeu de l’interview…
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ?

Non

Merci…Peux-tu te présenter en quelques (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse…)?
Fred Salsedo, dessinateur. Ancien étudiant de l'école Emile Cohl à Lyon.

Enfant, quel lecteur étais-tu? La bande dessinée occupait-elle déjà une place de choix ?
Enfant, je lisais peu de bande dessinées. Juste les tintin et les Asterix qui me passionnaient. Quelques Gaston ou Leonard et plus tard Akira qui m'a beaucoup marqué à l'adolescence mais je ne m'imaginais pas en auteur de BD.

Devenir dessinateur de BD, étais-ce un rêve de gosse ?
Dessinateur oui, la BD est venue plus tard après les études.

crayonné pour la couverture de Nous ne serons jamais des héros © Frederik Salsedo Un album, une série ou un auteur particulier t’ont-ils donné cette envie ?
Je pense qu'Akira a eu une influence déterminante à ce niveau-là.
Sinon, la découverte de Carlos Nine et de son Meurtres et châtiments fut une véritable claque!
La façon de raconter "explosée" (que j'ai retrouvé chez Toppi) me fascinait et cette liberté dans ses proportions de personnages.

Quelles sont les grandes joies et les grandes difficultés du métier?
La liberté et l'aliénation.

La liberté, je vois, mais l’aliénation? Tu peux développer?
L'aliénation parce que réaliser un album de BD est un travail long fastidieux et répétitif.
Un travail de moine cloitré. D'une certaine manière, on est enchaîné à sa planche.
Un album représente une importante somme de travail et ce n'est pas que du plaisir.
On est contraint de dessiner beaucoup de chose alors qu'on n’en a pas envie. Il faut bien servir le récit alors on ne dessine pas uniquement ce qu'on aime.

dessins sur un coin de table avant de se mettre au travail © Frederik Salsedo Après avoir fait tes premières armes aux éditions Nocturnes en illustrant l’œuvre musicale de l’inénarrable James Brown et du pianiste virtuose Arthur Tatum, vous vous êtes fait un nom dans la BD en mettant en image le scénario déjanté de Nicolas Pothier pour la série Ratafia. Comment est née cette aventure iconoclaste?
Elle est née dans la tête de Nicolas qui a imaginé cette joyeuse troupe de pirates.
Plus tard, on s'est rencontré par l'intermédiaire de Yannick Corboz, un ami commun, lui aussi auteur et j'ai donné un visage aux marins avides de trésors de Nicolas.
Nous avons eu la chance d'être remarqués par [Treize Etrange] qui nous a signé un contrat immédiatement et c'était parti!!


Les Invisibles, premier tome du Royaumes des Aveugles vient de paraître chez Le Lombard, sur un scénario d’Olivier Jouvray. Comment est née cette nouvelle aventure? Qu’est-ce qui t’as séduit dans ce scénario d’anticipation?
La science-fiction n'est pas forcément un genre que j'affectionne… (bon là, il s'agit plutôt d'anticipation) mais ce que j'aime dans l'écriture d'Olivier, c'est l'humanité de ses personnages. On est au plus près de leurs préoccupations, inquiétudes, joies et peines. Il aborde par le bais de cette histoire dans le futur plusieurs sujet comme les relations parents/enfants la relation à la société et plus particulièrement aux réseaux sociaux et à la surveillance.
Tout ça confère une vraie richesse à ses histoires et me séduit beaucoup.

Tu avais déjà travaillé avec Olivier sur Nous ne serons jamais des héros qui portait déjà sur la relation parent/enfant. Votre duo a-t-il fonctionné de la même façon sur cette nouvelle série?
Pas tout à fait étant donné que sur NNSJDH nous étions côte à côte en atelier à Lyon et que depuis, j'ai déménagé en Bretagne. Nous travaillons désormais à distance, ce qui n'empêche pas notre complicité.

Concrètement, comment travailles-tu avec Olivier Jouvray? Du scénario à la planche finalisée, quelles sont les différentes étapes de votre travail en commun?
Nous procédons de manière très classique.
Il me fournit un découpage en texte que je mets en image à l'aide d'un storyboard puis crayonné et enfin encrage.

Les Invisibles © Frederik Salsedo Quelle étape te procure le plus de plaisir dans la réalisation d’un album?
Chaque étape a ses avantages et ses problématiques! J'aime bien le story board parce que le dessin n'a pas besoin d'être chiadé mais c'est une étape qui demande beaucoup de réflexion par rapport à la mise en scène.
Le crayonné également. Parfois j'ai l'impression de ne plus savoir dessiné tellement il m'est compliqué de crayonner une scène.
L'encrage demande moins de réflexion, c'est plus de l'exécution en ça, c'est reposant par rapport aux autres étapes (même si je crayonne de moins en moins poussé pour avoir encore une part de dessin à faire à l'encrage) mais c'est une étape longue et parfois répétitive.

Le propre des séries d’anticipation est de proposer une réalité légèrement déformée de notre univers. Comment t’es-tu plongé dans ce futur inquiétant pour en esquisser les décors et les costumes?
Olivier, passionné de technologie et à l'affût des dernières innovations, m'a dégotté une documentation importante des prototypes et différents projets en cours d'élaboration, notamment pour les véhicules.
Après, on a imaginé que dans une cinquantaine d'années, les immeubles n'auront pas tellement bougés.
On vit toujours dans des bâtiments plus ou moins anciens et il y a peu de chance que l'on rase tout pour tout reconstruire prochainement. Dans l'ensemble on reste finalement peu éloigné du monde d'aujourd'hui et peu importe, le propos n'est pas tant de montrer un monde de technologie mais de mener une réflexion sur la surveillance et la libre circulation des informations. Finalement, plus c'est intemporel et mieux c'est.

Laurette © Frederik Salsedo Comment s’élabore l’apparence des personnages que tu mets en scène? Olivier te fournit-t-il une description détaillée de chacun des protagonistes ou te laisse-t-il une grande liberté d’interprétation?
Olivier me présente le caractère et la personnalité des protagonistes. A partir de ce qu'il m'explique des différents personnages, à moi de définir les physiques. Cela demande souvent de nombreuses esquisses et recherche. Le personnage prend forme peu à peu après un bon nombre d'aller/retour entre Olivier et moi jusqu'à ce moment magique où l'on reconnait un personnage tous les deux. Il est là, sur le papier et on sait tous les deux que c'est lui.
Pour les personnages secondaires, souvent, je les improvise au cours du récit.

Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur (ciné, romans, musique, BD)
Le dernier Sigur Ros qui vient de sortir est super. Sinon Côté Bd, je crois que le bouquin qui m'a le plus marqué cette année, c'est Portugal de Cyril Pedrosa. J'ai bien aimé aussi je, François Villon de Luigi Critone ou la mémoire de l'eau de Valérie Verney et Mathieu Reynès…
Je lis peu de Roman mais rouge argile Virginie Ollagnier m'a beaucoup séduit.
Enfin, j'ai découvert la série The killing qui, je dois bien le dire, est très prenante.

dans l’atelier… © Frederik Salsedo Y a-t-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Là, y a rien qui me vient.

Pour finir et afin de mieux te connaître, voici un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Si tu étais…

un personnage de BD: Honoré dans "Rayure" et "taches" de B-gnet
un personnage biblique : /
un personnage de roman : Colin dans "l'écume des jours" de Boris Vian
un personnage de théâtre : Roméo
un personnage de cinéma : Don Diego de la Vega dans la série "Zorro" avec Guy Williams
un instrument de musique : une batterie
un jeu de société : le cluedo
une recette culinaire : un assortiment de sushis
une ville : St Malo
une boisson : un verre de vin blanc
une pâtisserie : un mille-feuille
un proverbe : bière qui roule n'amasse pas mousse

Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé!

encrage de la couverture du dernier tome de Ratafia © Frederik Salsedo
Le Korrigan



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