Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ?
Je dois être plus jeune que vous alors vous pouvez me tutoyer !
Merci bien ! Peux-tu en quelques mots nous parler de toi? (parcours, études, âges et qualité, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse…)
Ce serait trop long et je me répéterais si je devais revenir sur mon parcours !... Big brother Google se chargera, à qui veut, de donner les détails glanés sur les autres interviews sur mon parcours de dessinateur ....
Enfant, quel lecteur étiez-vous ? Quels étaient alors vos auteurs de chevet et quels sont-ils maintenant ?
Je lisais Pif et me serais damné pour une entreveue avec Franquin... Et aujourd'hui lors de tous les festivals auxquels je participe, je me délecte des talentueux collègues avec qui je partage la table de dédicace...
Devenir dessinateur, étais-ce un rêve de gosse ?
Oui
Quelles sont selon toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier ?
Les grandes joies de ce métier sont les mêmes de celles que tu peux ressentir quand tu as réussi à concrétiser ton rêve professionnel. Ensuite cela reste un vrai travail avec ses contraintes et ses déboires. Donc, comme tous les métiers il faut aller au turbin tous les matins.. même quand tu n'as pas envie de bouger du pieu …. Plus spécifiquement à notre taf de dessinateur en BD c'est qu'au fur et à mesure tu as tendance à perdre la petite flamme qui te faisait vibrer quand tu étais gosse et que tu rêvais pour laisser place a un quotidien fait de comptabilité, de trésorerie et de gestion de contrat … Il faut, à ce moment là, tenter de retrouver cette petite flamme.. et c'est pas tous les jours évident...
Comment avez-vous rencontré Olier avec qui vous signiez votre premier album, Agence Barbare? Comment est née cette série déjantée et jubilatoire dans l’univers de l’heroïc-fantasy ?
J'ai connu Olier sur le net lors d'un échange de mail à l'occasion de vœux de nouvel an alors que j'étais dans le groupe Kebawe... L'agence barbare est née de l'envie d'Hervé Richez, directeur de collection aux éditions Bamboo, de mélanger un concept scénaristique qu'avait Olier, de créer de histoires, à la base plutôt sérieuses, autour d'une agence d'enquêteurs dans un monde médiéval et mon désir de délire graphique ...
Qu’est -ce qui vous a séduit dans les Godillots, série jeunesse se déroulant durant la Grande Guerre et qui donne à voir la guerre à hauteur d’enfant?
Les godillots est un projet que j'ai soumis à Olier.... Au tout début cela ne tenait que sur une idée simple de base : parler différemment de la grande guerre avec une galerie de personnages aux caractères divers et bien trempés.
Je ne suis pas scénariste il était important que je structure et que j'approfondisse ce concept avec un ami scénariste. Olier a accroché à cette belle idée .... Depuis, nous travaillons intimement sur la mise en place de cet univers délicat entre histoire, sérieux, humanité et légèreté...
Les principaux protagonistes de l’intrigue ont-ils d’emblée eu l’apparence qu’on leur connaît ou sont-ils passés par différentes étapes ?
Comme la galerie de personnages que j'avais proposé à Olier au tout début n'était qu'une ébauche, ces personnages ont évolués, tant spychologiquement que physiquement au fur et à mesure de nos échanges.
Concrètement, comment s’élabore un album des Godillots : du scénario à la planche finalisée, quelles sont les différentes étapes de votre travail à quatre mains ?
Cela part toujours d'une discussion. Il y a plusieurs rampes de départ. Une envie graphique, comme par exemple l'envie de travailler l'hiver et la montagne dans le tome 2. Un choix des thèmes à traiter qui font vitrine dans la grande guerre : Mutilations, vie de tranchée, ravitaillement, services de santé, Verdun, Les femmes ou encore l'aviation . Pour la phase de travail elle n'est pas différente des autres travaux d'autres auteurs en BD. Ce qui est, peut-être différent, c'est que le moindre point est discuté entre Olier et Moi, que ce soit le cadrage ou le déroulement scénaristique ou encore les dialogues...... même si je suis dessinateur sur les Godillots je m'implique énormément dans le scénario... sans en avoir le statut et les droits d'auteurs ( ah ah ah ah )
En tant que dessinateur, quelle étape te procure le plus de plaisir ?
C'est une question compliquée, car chaque série à son univers et ses plaisirs. Comme j'ai deux autres séries en cours, chacune me procure des plaisirs différents à des degrés différents .. Pour les Godillots sur les tomes 1 et 2 c'est la recherche de docs et le storyboard.
D'où te vient cette passion pour la Grande Guerre et qui semble être à l'origine de la série?
Ma famille paternelle est Alsacienne, tu peux aisément imaginer qu'il doit y avoir un passé familial chargé. Je pense que quelque part je devais traiter cette période. Les Godillots sont arrivés à moi à une période cruciale pour moi. Un moment où ma première série (Agence Barbare, scénario Olier, collection Angle Fantaisie chez Bamboo édition) s'était terminée et où j'avais beaucoup de mal à replacer des projets. Il fallait que je retrouve un sujet avec lequel j'allais retrouver l'envie de dessiner. Le choix m'est venu spontanément : la Grande Guerre. J'ai donc, dans un premier temps dessiné pour moi et au fur et à mesure l'envie de faire un vrai projet BD m'a rattrapé et c'est à ce moment là, après avoir pondu les premières bases de réflexion, que j'ai appelé Olier pour lui parler de cette idée.
Existe-t-il une trace graphique de cette évolution ?
Pour l'instant non, rien n'est montrable car tout est éparpillé dans mes cahiers de croquis.. je dois, un jour, faire le tri et organiser le tout pour montrer l'évolution de ces personnages.
Que penses-tu du combat d'Uderzo pour être reconnu comme auteur à part entière? Comment expliquer d'ailleurs que les dessinateurs de BD n'aient toujours pas ce statut alors que le scénario seul n'est rien (et réciproquement) ?
Il est vrai que lorsqu'on parle avec les gens à la question « combien de gens pour faire une BD ? ». la réponse est toujours : un auteur ( le scénariste ) et un illustrateur... c'est récurrent et je corrige souvent le tir en précisant qu'il y a deux auteurs : un scénariste et un illustrateur ( dessinateur ).. point …. le combat d'Uderzo fera jurisprudence....
Quelles sont tes principales sources documentaires justement ?
Documents d'époque officiels ( journaux, livret militaires, livres ) et privés ( lettres, photos ), très peu de lectures de fiction , mais beaucoup de thèses, ou rapports d'universitaires ou tout autres livres d'historiens. Ouvrages destinés aux collectionneurs et objets ou effets prêtés par eux...... je consulte des spécialistes amateurs ou historiens de métiers et dans la mesure du possible je me déplace sur les zones de ce conflit.
Comment as-tu travaillé sur Le Gourbi du Sorcier, le roman jeunesse dans l'univers des Godillots?
Pour une fois qu'Olier ne m'avait pas sur le dos, je l'ai laissé travailler sur ce récit, je suis juste intervenu sur certains points où il me semblait pertinent d'apporter mon point de vue ….. par la suite j'ai travaillé tout simplement sur les illustrations en fonction des endroits que nous voulions illustrer .
Peut-on connaître la thématique du prochain album des Godillots ?
C'est large, mais nous partions dans les airs et les deux batailles de la Marne. Leurs symboles seront abordés ainsi que le statut très spécial des soldats de la Honte ( cf le livre de J Y Lenaour ).
Tous médias confondus, quels sont tes dernier coups de cœur ?
Waou. Dur de répondre à ça !... humm.. attends......par exemple …...Real Humans (série télévisée suédoise créée par Lars Lundström, réalisée par Harald Hamrell et Levan Akin )....
Y-a-t-il une question que je n'ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Oui...... Marko, le café c'est avec ou sans sucre ?.......... sans bien sur !
Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Si tu étais…
un personnage de BD:Gaston Lagaffe
un personnage mythologique:Casimir
un personnage de roman:Bixente Bizkaichipi
une chanson:«la harpe jaune» de brigitte fontaine
un instrument de musique: l’épinette
un jeu de société:le cluedo
une découverte scientifique:le scotch
une recette culinaire:le hachis parmentier
une pâtisserie:un éclair au chocolat
une ville:Bayonne
une qualité:perfectionniste
un défaut:perfectionniste
un monument:la Tour Eiffel
une boisson:le vin
un proverbe: heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière
Le mot de la fin ?
Miam !
Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé...