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Entretien avec Cédric Mainil
interview accordée aux SdI en juin 2014


En juin 2012 tu nous avais accordé un fort sympathique entretien pour parler de ton Chevalier Mécanique, une série de cape et d’épée pleine de charmes et d’action mise en image Mor et mettant en scène un chevalier mi-homme mi-machine. La série s’est à présent terminée de façon aussi percutante que convaincante.
Oui, avec MOR, nous avons sorti début 2014 le 3ème et dernier tome de cette histoire. Ce fut une expérience humainement et professionnellement enrichissante. Mais la page est tournée et actuellement, mon esprit est entièrement tourné vers un nouveau projet tout aussi passionnant, Shadow Warriors.

Shadow Warriors, crayonné de la planche 1 © Dream Editions / Speca / MainilPourquoi passer une nouvelle fois par une plateforme de financement participative et pourquoi ne pas avoir poursuivi l’aventure avec Sandawe?
Bien que la collaboration avec Sandawe, ce soit relativement bien passée, j'avais envie de changement. Mais surtout, j'avais envie d'être plus maitre de ma destinée éditoriale et de pouvoir développer Shadow Warrior, soit pour des éditeurs français ou US (sous forme d'un partenariat et non sous forme d'une cession de droit pleine et entière), soit en auto-édition complète (on gère tous de A à Z).
Et cette liberté, Sandawe ne peut pas vraiment l'offrir en ce moment. Ils ont bien créé récemment une section « projets libres », à l'instar des sites de crowdfunding Ulule ou Kiskisbangbang. Mais ils ne la promeuvent pas vraiment, car ils restent avant tout centrés sur leur positionnement de base, qui est d'éditer eux-mêmes, des BD financée par les internautes. Et donc ce positionnement à cheval, se fait pour l'instant au détriment des projets libres, qui sont plutôt repoussé au fond du « magasin » Sandawe, que vraiment mis en avant dans la vitrine. Or je voulais, une exposition maximale pour Shadow Warriors. C'est pourquoi, on a fait le pari d'Ulule. On verra à la fin si ce choix a été judicieux.

Shadow Warriors, crayonné de la planche 1 © Dream Editions / Speca / MainilJustement, peux-tu en quelques mots nous parler de Shadow Warriors, ta future série ?
Cette série se présente sous forme d'épisode de trente deux pages dont au moins 24 pages d'histoire et le reste sur les coulisses de la création de la série. Je suis au scénario et le dessinateur italien Silvio Speca est aux dessins et aux couleurs. A partir d'octobre prochain, on va essayer de sortir un épisode tous les 4 mois.
L'histoire se déroule sur les plus sanglants champs de bataille français durant les derniers mois du conflit 14-18. Elle met en scène deux guerriers Cheyenne et Iroquois aussi fort physiquement que chamaniquement, et qui feront alliance, pour l'occasion, avec un tirailleur africain adepte du vaudou, un redoutable grenadier basque, un tireur d'élite écossais sur le déclin et une française mystique, au sein du commando: Shadow Warriors!
Même si au début tous n'auront pas les mêmes motivations, au final ils se réuniront autour d'une même cause. Sauver l'avenir funeste de l'humanité!
En effet, outre la découverte de leurs différences et des préjugés que cela entrainera. Les membres de ce commando combattront ensemble, un terrifiant et légendaire commandant allemand et son mentor, le non moins maléfique, général von Verculif.
Tout deux feront peser, de part leurs mystérieux pouvoirs mortifères et leurs armées de morts-vivants, une terrible menace sur l'humanité. Qui pourrait marquer, s'ils n'étaient pas vaincus, l'anéantissement à terme de la présence humaine sur terre. Mais surtout, ils nous questionneront sur une réflexion essentielle.
Est-ce un dieu, ou est-ce le diable qui gouverne le monde? À moins que le diable soit au service du dieu. Ou que les deux ne fassent qu'un, et nous manipulent depuis la nuit des temps dans un but bien précis.

J'aime bien avoir plusieurs niveaux de lecture dans les histoires que j'écris. Sans non plus tomber dans du pathos trop appuyé ou trop abscond. On n'est quand même dans du divertissement. Mais si au détour d'une scène d'action ou d'un dialogue, je peux insuffler un peu de sens, pourquoi s'en priver. Et puis en général ça rend le récit plus vivant et plus « vrai ».

Shadow Warriors, personnages © Dream Editions / Speca / MainilUne fois encore, l’histoire sert de cadre à cette nouvelle intrigue. D’où te viens cette passion pour l’histoire ?
Je ne sais pas si je t'en ai parlé lors de ta dernière interview? Mais enfant, je rêvais d'être archéologue. J'ai toujours adoré l'histoire et surtout les anciennes civilisations comme les Egyptiens ou les Incas. Même si sur le chevalier et Shadow Warriors, on ne remonte pas aussi loin. J'aime bien revisiter la grande histoire en y mettant mon grain de sel ou un regard décalé.

Pour mes projets BD, c'est donc tout naturellement que je reviens à mes premiers amours. Même si suivant les projets, je ne cherche pas à être absolument rigoureux dans la représentation graphique des évènements ou des costumes, j'essaye toutefois de garder une cohérence et un parfum de vérité pour chaque époque évoquée. J'utilise surtout l'histoire avec un grand H comme toile de fond, en mettant en scène mes protagonistes dans des situations qui peuvent révéler et exacerber leurs personnalités, quelles soient bonnes ou mauvaises.


Shadow Warriors, scène 5 page 3 © Dream Editions / Speca / MainilQu’est-ce qui est à l’origine de l’idée de cette nouvelle série ?
Pour rester dans les références historiques, rendons à César, ce qui est à César smiley Car la naissance de ce projet n'est pas uniquement de mon fait, mais est du aussi en partie à un ami dessinateur, Jean-Marc Allais (dessinateur d'Il Penello et du prochain T6 de Lance Crow Dog). C'est lui le premier qui m'a parlé d'indiens d'Amériques qui avaient participé à la première guerre mondiale. Je savais que durant la guerre du pacifique de la 2ème guerre mondiale, des indiens avaient participés à des offensives, mais j'ignorai qu'ils en avaient aussi eu durant la première.
A partir de là, j'ai inventé des personnages et une histoire qui a débouché sur Shadow Warriors. D'ailleurs pour la petite anecdote, le titre de travail de cette série a longtemps été Apocalypse Soldiers. Mais ce titre évoquait trop les cavaliers de l'apocalypse, or ce n'est pas le sujet de cette série. C'est pourquoi, notre choix avec Silvio, s'est arrêté sur Shadow Warriors (les guerriers de l'ombre) qui est plus en adéquation avec la série qui met effectivement en scène une guerre secrète, une guerre de l'ombre, dans la guerre officielle, celle que tout le monde connait.

Shadow Warriors, planche du tome 1 © Dream Editions / Speca / MainilComment as-tu rencontré Silvio Speca et pourquoi avoir voulu donner cette coloration « comics » à Shadow Warriors ?
J'ai connu Silvio grâce à la série du Chevalier Mécanique, car il a officié dessus, sur les couleurs des trois tomes (et à l'époque j'étais tombé sur lui par hasard, au détour d'un forum internet). Tout au long de nos nombreux échanges, on a appris à se connaitre et à s'apprécier. Et tout naturellement, lorsque j'ai eu un nouveau projet, je lui ai proposé. Non pas que ma collaboration avec MOR sur le Chevalier ce soit mal passée, bien au contraire. Mais en tant que « jeune » scénariste, j'aspire à élargir mes collaborations avec des dessinateurs aux styles à chaque fois différents, de façon à me nourrir de leur talent, d'où ma proposition à Silvio. A ma grande satisfaction, il a accepté. Et nous voilà maintenant à vous proposer le fruit de cette collaboration.

Pourquoi avoir opté pour un découpage en petit fascicules de 32 pages plutôt que de proposer des albums offrant une pagination plus conséquente, culturellement plus proche du lectorat européen ?
Dès le début, la série Shadow Warriors a été pensée pour le marché français ET nord- américain. Nous sommes d'ailleurs en discussion (petites discussions pour l'instant, car ils veulent voir un épisode en entier avant de se décider) pour la développer là-bas en creator-owned avec des éditeurs US. C'est-à-dire, que nous garderons nos droits pleins et entiers, mais que nous céderons temporairement à un éditeur, le droit d'exploiter notre œuvre sur un territoire donné (une sorte de licence). Et donc pour avoir une chance de conclure ce genre de contrat avec un éditeur US, il fallait rentrer dans leurs codes de fabrication. A savoir un format plus petit que les BD franco/belges et un découpage de la série par épisode de 24/32 pages maximum.
Mais ça a surtout été une très grande envie de notre part de se frotter à cette discipline du comics US que j'aime aussi beaucoup en tant que lecteur.

Shadow Warriors, planche du tome 1 © Dream Editions / Speca / MainilAs-tu d’autres projets sur le grill ?
Oui deux autres projets. Le premier, une histoire contemporaine sous forme de roman graphique à forte pagination (plus de 200 pages) avec un jeune dessinateur talentueux. Nous allons le présenter aux éditeurs dans les semaines qui viennent avec l'espoir de le signer chez l'un deux. Et un 2ème projet, encore de comic, mais dans un style graphique très différent de Shadow Warriors et avec un dessinateur rencontré sur Sandawe.

Tous médias confondus, quels sont les derniers coups de cœur?
En ce moment, je lis beaucoup de BD et plus particulièrement des comics US (100 bullets, Y le dernier homme, Scalped, East-West, American Vampire, Fatale, Criminal, Punk Rock Jésus, Le secret, Homeland directive…etc).

Mais j'ai aussi beaucoup aimé la reprise de Choc par Colman et Maltaite, Urban de Ricci et Brunschwig (scénariste au grand talent), Azimut d'Andréa et Lupano (lui aussi très bon) et des dizaines d'autres BD.

Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre?
Oui. Comment aider Shadow Warriors à voir le jour?
Tout simplement en faisant découvrir à votre entourage, notre projet Shadow Warriors sur le site Ulule.com : http://fr.ulule.com/shadow-warriors/

Shadow Warriors, visuel © Dream Editions / Speca / MainilSur place, ils pourront, s'ils le souhaitent, préacheter l'épisode 1 et ses bonus. L'argent ainsi récolté, nous servira entre autre à financer la traduction, la fabrication et l'impression de ce premier épisode.
Pour l'instant, nous sommes à 65% de la somme dont nous avons besoin (2 500€) et il reste 36 jours pour y arriver.

Si vous êtes intrigués ou carrément emballés par ce projet, n'hésitez pas à nous soutenir sur Ulule. Dans un contexte BD fortement concurrentielle, on a vraiment besoin d'une forte mobilisation pour y arriver.

Merci d'avance à tous ceux qui nous soutiendrons d'une façon ou d'une autre smiley
Cédric Mainil & Silvio Speca.

Merci pour le temps que tu nous as accordé!
Le Korrigan