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Entretien avec Stéphane Oiry
Interview accordée aux SdI en juin 2014


Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’interview…
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ?

Non.

Merci beaucoup… peux-tu en quelques mots nous parler de toi? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans?)
Je suis né à Nantes le 1 avril 1970.
J'ai obtenu un bac C, puis étudié l'architecture pour faire plaisir à mes parents - défavorable à me voir embrasser une carrière de dessinateur de bd. Cependant cette vocation ayant pris le dessus, j'ai abandonné ces études pour me consacrer pleinement au dessin, d'abord en publiant dans un fanzine strasbourgeois (Caramel), puis de manière professionnel pour la presse jeunesse.

Peut-on trouver des exemplaires de Caramel sur internet pour pouvoir consulter tes œuvres de jeunesse ?
Non, pas à ma connaissance.

Maggy Garrisson, planche du tome 1 © Dupuis / Oiry / TrondheimEnfant, quel lecteur étais-tu? Quels étaient alors vos auteurs de chevet ?
Je lisais beaucoup, tout ce qui me tombait sous la main.
J'ai été longtemps abonné au journal de Mickey. Je consommais aussi beaucoup de TV : Goldorak, Albator etc.

Nous avons découvert ton travail avec les tendres et touchants Passe Murailles scénarisés par Jean-Luc Cornette… Devenir auteur de BD, était-ce un rêve de gosse ?
Oui, tout à fait.
Et c'est vrai que je dois à Jean-Luc Cornette cette opportunité de m'avoir permis de publier ma première bande dessinée qui ne soit un travail de commande. Les passe-murailles m'ont identifié auprès des éditeurs et des lecteurs. Régulièrement encore, on me parle de cette série alors qu'elle a dû s'interrompre suite aux difficultés financières des Humanoïdes Associés.

Maggy Garrisson, planche du tome 1 © Dupuis / Oiry / TrondheimEn 2009 paraissait Pas si mal logés ! qui remettait en scène Ribouldingue, Filochard et Croquignole, les héros de Louis Forton. Comment est née l’idée de reprendre ces personnages et de les remettre au goût du jour en les immergeant dans des intrigues très contemporaines ?
Suite à une discussion alcoolisée avec un vieux complice : Trap. Déjà à l'époque du fanzine Caramel, nous envisagions d'en faire une reprise. C'était plus un gag, qu'un projet sérieux et puis avec le temps cette idée a fini par murir pour s'imposer à nous comme une évidence.

Une évidence de par les messages engagés qui se glissent dans les pages de vos albums remettant en scène ces trois énergumènes?
Une évidence quant à nos capacités à nous lancer dans cette reprise. Nous avions acquis l'expérience nécessaire, pensions nous avec une certaine arrogance ou culot.
Et aussi une évidence compte tenu du climat politique et social d'alors . Cette crise sociétale (dont nous ne sommes toujours pas sortie) est un terreau favorable à l'épanouissement de ces trois zigs.

Maggy Garrisson, planche du tome 1 © Dupuis / Oiry / TrondheimLe premier tome de la truculente Maggy Garrisson vient de paraître sur les étals. Comment avez-vous rencontré Lewis Trondheim, son scénariste, et comment est né ce projet ?
Je connais Lewis depuis longtemps. Il a été mon éditeur chez Shampooing. Mais l'idée a réellement germé suite à une discussion lors de La Comédie du Livre, le salon du Livre de Montpellier. Frédéric Niffle, le rédac en chez de Spirou me proposait de travailler pour son magazine. N'ayant rien en tête à lui soumettre, Lewis m'a proposé ses services.

Qu’est ce qui t’as séduit dans cette comédie policière pleine de mordant?
Le personnage de Maggy tout simplement. Son caractère, son humour acide.

Le Londres de Maggy Garrisson que tu dépeins est particulièrement réussit et respire l’authenticité. Est-ce une ville que tu affectionnes particulièrement? Ta formation d’architecte influence-t-elle ton travail quand il s’agit de mette en image les ruelles et les bâtiments Londoniens?
J'ai habité Londres 2 ans. Mon dessin est nourri de cette expérience. ensuite oui, certainement mes études ont pu m'influencer, même si depuis toujours je suis hyper sensible aux ambiances en bande dessinée (Tardi, Munoz, Loustal plus tard Gipi) et que parmi mes premières motivations de dessin, il y'a celle de représenter des paysages (urbain surtout).

crayonné virtuel de Maggy Garrisson © Stephane OiryComment élabores-tu généralement l’apparence de tes personnages? Celui, très réussit, de Maggy est-il passé par différents stades avant de revêtir l’apparence qu’on lui connaît?
Oui, il y a eu plusieurs étapes. Lewis m'a suggéré de me souvenir du physique des actrices dans les films de Mike Leigh. Nous voulions une jeune femme commune, éviter les clichés de la bombasse.

Comment s’est organisé ton travail avec Lewis Trondheim sur cet album? Du synopsis à la planche finalisée, quelles en furent les différentes étapes ?
Lewis me livre un scénario, écrit, découpé ( il story boarde de son côté mais je ne le vois pas). Je crayonne et encre puis envoie à Lewis qui éventuellement me fait quelques remarques. Les premières planches, je lui envoyais un crayonné mais plus maintenant.

Quelle étape te procure le plus de plaisir?
Déposer la planche sur le serveur ftp, ce qui signifie qu'elle est finie !

Maggy Garrison est une bonne femme de caractère à la répartie cinglante… Travailles-tu déjà sur la prochaine de ses enquêtes?
Oui, je suis sur la planche 15.

Quels autres projets as-tu sur le grill ?
Je poursuis ma collaboration avec la revue numérique Professeur Cyclope, une série appelé les 'Stéphane', faussement autobiographique.
Et nous échangeons avec Appollo autour d'un nouveau projet, après 'Pauline (et les loups garous)' et 'Une vie sans Barjot'.

Quels sont tes derniers coups de cœur, tous médias confondus ?
La série tv Treme.

Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Non

encrage virtuel de Maggy Garrisson © Stephane OiryPour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…

Si tu étais…

un personnage de BD:Maggy (l'héroïne de Locas, créée par Jaime Hernandez)
un personnage de roman:Martin Eden
une chanson:I see a darknesse ( Bonnie Prince Billy)
un instrument de musique:la batterie
un jeu de société:la belote
une recette culinaire:le boudin noir aux pommes
une pâtisserie:la tarte aux prunes
une ville:Nantes
un défaut:Grognon
une boisson:la bière

Un dernier mot pour la postérité ?
C'est fini ?

Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !

Le Korrigan