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Entretien avec Etienne Leroux
interview accordée aux SdI en Novembre 2014


Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’interview…
Je vous en prie.

Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ?
Non, vous pouvez me tutoyer.

Merci bien ! Evidemment, cela va dans les deux sens !
Peux-tu, en quelques mots, nous parler de toi? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans?)

Mon parcours a commencé il y a longtemps, tellement que ça me semble d’un autre siècle, j’ai suivi une scolarité moyenne , normale, ennuyeuse, un peu d’école d’art, pour plonger ensuite dans le grand bain de la vie réelle, je suis certain d’avoir un certain âge, et j’ai peu de qualités, à part celle de pouvoir rester assis des journées entières….

© Etienne Le RouxEnfant, quel lecteur étiez-vous? La BD occupait-elle déjà une place de choix ?
J’ai eu la chance d’avoir un grand frère abonné à Pilote, avant de savoir lire, je tentais déchiffrer Philémon et le concombre masqué, et dans la salle d’attente du coiffeur je découvrais les super héros qui étaient interdits chez moi. Il y avait donc deux sortes de bande dessinée , celle qui était autorisée et l’autre , la hideuse ( Surtout Kirby, que ma mère détestait ). Très vite ça a été facile de me faire des cadeaux. Je me souviens à huit, dix ans, avoir pu choisir un album dans une librairie, j’avais jeté mon dévolu sur « Les six voyages de Lone Sloane » de Druillet avec l’impression de tomber sur un grimoire …

Il est certain que cet album est une magistrale claque graphique !
En matière de dessinateurs, quelles sont aujourd’hui tes références ?

Je crois être assez éclectique, en gros , j’aime le dessin, celui qui raconte et t’emmène loin. Les deux maîtres, ceux que je regarde toujours après trente ans sont Moebius et Corben , mais j’aime aussi Gustave Doré, Wyeth, Noel Sickles, Dulac , Rackham chez les anciens, et Otomo, Urazawa, Kishiro chez nos confrères extrême orientaux, et chez les contemporains Bertail, Prudhomme, Vives, Kerascouet….Mais yen a plein d’autres…

© Etienne Le RouxDevenir auteur de BD, était-ce un rêve de gosse ?
Je crois que dès que j’ai laissé tomber le rêve de l’astronaute, j’ai décidé de devenir dessinateur, rien d’autre, d’ailleurs, j’ai pas fait grand-chose d’autre, avant de signer mon premier album, ça me foutait la trouille, je n’avais pas de deuxième choix …

Faire éditer ton premier album a-t-il relevé du parcours du combattant? Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un jeune désireux de devenir dessinateur de BD?
J’étais formé pour bosser dans la presse , je rêvais de Spirou ou de Metal Hurlant, pas de faire un album tout de suite ,mais quand je suis sorti du fanzinat, la presse était mourante, alors au lieu de chercher à rencontrer le rédac chef, j’ai dû trouver un éditeur, mon premier bouquin , c’était une adaptation d’un jeu vidéo nommé « Prisonner of ice « chez Vents d’ouest, oubliable et oublié, juste avant de remplacer Lauffray sur la série « Le serment de l’ambre » chez Delcourt.

© Etienne Le RouxEntrailles, premier tome du Temple du passé scénarisé par Hubert est paru chez Ankama il y a quelques mois. Comment est né ce projet d’album? Que connaissiez-vous de Stefan Wul avant de vous lancer dans cette aventure ?
J’ai reçu un coup de fil d’Olivier Vatine ,que je croisais depuis un bail dans les salons, pour me parler de son idée d’adaptation des romans de Wul,( je crois que la première vague d’albums était déjà lancée) et me proposer de choisir parmi les romans disponibles . J’ai proposé de le faire avec Hubert au scenario, avec qui je venais de finir « Chien jaune « dans la série WW.2.2, ça fait longtemps qu’on se connait et on parle souvent de nos lectures sf, c’était un choix logique.
Wul, je ne le connaissais que par ses adaptations ciné, « La planète sauvage » que j’avais vu à sa sortie et qui m’avait marqué et « Les maîtres du temps » qui m’avait moins plu…

© Etienne Le RouxComment as-tu élaboré les décors de l’histoire, alternant les scènes lumineuses et paisible des flashbacks et les scènes confinées et oppressantes dans l’épave du vaisseau?
J’ai tenté d’établir un fort contraste entre les différents lieux où se déroule le récit, une utopie, un décor paradisiaque aux références antiques pour les flashbacks , un décor froid , tout en lignes droites pour le vaisseau et des courbes organiques , floues et spongieuses pour l’extérieur…

Comment as-tu opéré pour le « casting » des personnages?
Hubert m’avait donné des indications précises à ce sujet, pour Massir, le capitaine, je me suis inspiré du Poséidon en bronze du musée d’Athènes, les deux autres viennent de ma petite typologie personnelle…

Comment s’est organisé le travail avec Hubert sur cet album ? De son découpage à la planche finalisée, quelles furent les différentes étapes de votre travail en commun?
Hubert écrit le scénar sous la forme d’une longue nouvelle, il y a l’histoire , le rythme et les dialogues, puis il m’envoie chaque page storyboardée, avec juste quelques mots dans chaque case pour se retrouver, ensuite , je respecte ou je trahis ses indications en tâchant de comprendre les intentions de chaque page et le rythme, et surtout quand il s’agit de Sf, j’essaye d’être clair, de ne pas perdre le lecteur…

Quelle étape de l’élaboration d’un album te procure le plus de plaisir ?
Sincèrement, la dernière page, mettre le mot fin, c’est mon kif… Mais j’aime aussi chaque étape de l’élaboration, les recherches préalables, le storyboard, le crayon, l’encrage et recevoir les pages colorées par Hubert, heureusement pour moi, sinon, ce serait pas drôle…

[Galerie width=160 legende='decoupage de la planche 16 © Etienne le Roux']http://chrysopee.dd1.free.fr/Img_PAO/EtienneLeRoux/temple016.jpg[/Galerie][Galerie width=160 legende='rough de la planche 16 © Etienne le Roux']http://chrysopee.dd1.free.fr/Img_PAO/EtienneLeRoux/tdp p16 rough.jpg[/Galerie][Galerie width=160 legende='crayonné de la planche 16 © Etienne le Roux']http://chrysopee.dd1.free.fr/Img_PAO/EtienneLeRoux/tdp p16 trait.jpg[/Galerie][Galerie width=160 legende='encrage de la planche 16 © Etienne le Roux']http://chrysopee.dd1.free.fr/Img_PAO/EtienneLeRoux/tdp p16 noir.jpg[/Galerie]


As-tu d’autres projets sur le grill?
« 14 18 » dix tomes avec Corbeyran , chez Delcourt, le deuxième tome sort en novembre, d’autres trucs en vue, mais je dis rien pour l’instant

Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
Ce qui me vient à l’esprit , tout de suite, une série de romans publiés à l’Atalante , « Les chroniques du Grimnoir » steampunk années vingt , un pur délice …

Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Heu ….non

Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…

Si tu étais…



un personnage de BD: Major Gruber
un personnage mythologique: Prométhée
un personnage de roman: Le chapelier fou
une chanson: Ta Katie t’a quitté ( Bobby Lapointe )
un instrument de musique: La voix ( mais pas la mienne )
© Etienne Le Rouxun jeu de société: Le jeu de Go
une découverte scientifique : Le laser
une recette culinaire: La soupe au pistou
une pâtisserie: la tarte au citron meringuée
une ville: Venise
une qualité : La tempérance
un défaut: La procrastination
un monument: Une statue de l’île de Paques
une boisson: Un verre de Chinon
un proverbe : à toute chose , malheur est bon

Un dernier mot pour la postérité ?
La postérité , j’y dis merde, et remerde, elle est bien eue , la postérité , elle qui attendait son ptit poème… ( C’est pas de moi , c’est de Raymond Queneau )

Un grand merci pour le temps que tu nous avez accordé!
Le Korrigan