Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’interview…
De rien
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposés au tutoiement ?
Je suis plutôt pacifiste par essence donc je ne souhaite pas que tu ne me tues, toi ! Sinon pas de problème pour que tu uses de la 2ème personne du singulier lorsque nous échangeons. Il m’arrivera de parler à la première personne du pluriel plutôt qu’à la première personne du singulier car je représente une entité morale, Grumpy Dwarf’s, et donc de facto tous ceux qui ont participé ou participent à son développement. Pour ce qui de la 3ème personne du singulier, je laisse ça à Alain Delon.
Merci bien… Peux-tu en quelques mots nous parler de toi? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans?)
Je m’appelle Pierre Fricaux, j’ai suivi des études d’informatique et j’ai 35 ans. Dès ma prime jeunesse, j’ai développé une passion pour la création d’univers. J’aime toute la richesse d’élément qu’on peut apporter lorsqu’on développe de nouveaux mondes : des personnages ambivalents, des technologies imaginaires, des paysages de rêves ou de cauchemar, des drames poignants, des parcours épiques et douloureux, des créatures incroyables etc… Le jeu de rôle auquel je me suis initié dès mon entrée au collège (Club Jeu de rôle), a été l’un des catalyseurs de tous ces rêves que je faisais. J’ai maitrisé très longtemps l’Appel de Chtulhu qui est le JDR que j’affectionne le plus. Mais j’ai aussi beaucoup joué à In nomine, JRTM, Star Wars pour ne citer que les plus classiques. Aujourd’hui la création d’univers est dans l’ADN de Grumpy Dwarf’s.
Pour répondre à la question des comptes bancaires, hélas, je ne suis pas encore assez riche pour posséder un compte aux Iles Caïmans. De toute façon si j’avais beaucoup d’argent, je réinvestirais tout dans la société pour développer son activité. Tellement de chose à faire …
Si tu devais en quelques mots expliquer le JdR à ma grand-mère, que lui dirais-tu ?
Le jeu de rôle c’est un jeu dans lequel chaque joueur va vivre une aventure en incarnant un personnage. L’univers dans lequel se déroule l’aventure peut être moderne, antique, fantastique, futuriste, déjanté etc… L’aventure peut être une succession de quêtes, une enquête, un jeu d’intrigues. Bref, le jeu de rôle est un mélange de jeu, de théâtre, d’improvisation qui demande un travail d’imagination très stimulant.
Quels est ton pire et ton meilleur souvenir de JdR ?
Je n’ai pas vraiment de pire souvenir car j’imagine qu’avec le temps on ne garde que le bon. Après mes meilleurs souvenirs restent d’une manière générale les actions saugrenues parfois réalisées par les joueurs afin d’atteindre leur objectif. Certains joueurs sont même tellement dans leur rôle qu’ils en oublient parfois l’intrigue principale. Un espion avec un accent à couper au couteau avait une blanchisserie comme couverture. Ça lui tenait tellement à cœur qu’il s’était renseigné sur toutes les techniques de blanchiment. Crises de fous rires garantis. Mais pas évident de conserver une cohésion de groupe lorsqu’un joueur passe autant de temps à retourner dans sa blanchisserie …
Enfant, quel joueur étais-tu? N’as-tu jamais cessé de jouer ou un jeu en particulier t’a-t-il fait basculer dans le jeu de société moderne?
Enfant, je n’étais pas un gros joueur de jeu de société. D’ailleurs personne dans la famille ne jouaient (En dehors des classiques monopoly, mille bornes, petit chevaux, etc… ). En dehors de ces classiques, j’ai surtout joué aux Legos et à partir de 8 ans aux jeux vidéos sur mon premier ordinateur, l’Amstrad CPC 464 (pour ceux qui connaissent ça ne nous rajeunit pas). Le jeu qui m’a vraiment fait basculer dans le jeu de société moderne a été Magic. Je trouvais et je trouve encore (même si j’ai arrêté) que ce jeu possède une très grande richesse. Par contre, en tant que joueur, l’investissement nécessaire pour rester compétitif est important.
Quels sont aujourd’hui tes jeux de chevet ?
Paradoxalement, depuis que j’ai fondé la société d’édition, en dehors des protos que nous testons, et les jeux que nous développons, je n’ai plus beaucoup le temps pour jouer (un comble !!). Mais j’essaye de me préserver du temps pour découvrir les jeux qui sortent chez nos concurrents.
Comment est née l’idée de faire de ta passion un métier en fondant une société d’édition ?
L’idée de fonder une société d’édition est venue de ma passion pour la création d’univers. Au sein de Grumpy Dwarf’s, nous souhaitons faire vivre les jeux, qu’ils racontent une histoire, qu’ils apportent une émotion, que l’habillage graphique et le background ne soient pas uniquement des prétextes à une belle mécanique. A moyen et longs termes, nous aimerions pouvoir développer du JDR, permettre des cross-overs entre certains jeux. Mais cela dépendra essentiellement de l’intérêt que les joueurs porteront ou non à nos jeux et des communautés qui se créeront autour. On n’oublie pas que le joueur doit rester au centre du jeu.
D’où vient le nom de « Grumpy Dwarf’s » ?
Ce nom a plusieurs explications et origines :
1) D’abord le joueur moyen est un joueur qui est mis face à la frustration, la défaite, la malchance. Donc il peste, il râle contre lui-même (suite à un mauvais choix), contre le jeu (s’il fait preuve de malchance) ou contre un autre joueur (si ce dernier le prend systématiquement comme cible). Le joueur moyen est donc un peu grumpy.
2) Un bon français est un français râleur (c’est notre réputation). Comme on est une société d’édition française, c’est une manière aussi de nous rattacher à cette culture populaire qui fait probablement de nous les plus grands râleurs du monde.
3) Qu’y a-t-il dans l’imaginaire collectif fantastique de plus râleur et festoyeur qu’un nain ? En prenant comme mascotte un nain, on marque le côté festif et frustrant du jeu (L’un n’allant pas sans l’autre, sinon le jeu devient ennuyeux).
Quels furent les grandes joies et les grandes difficultés de la création de votre société?
Les grandes joies quand on est éditeur, c’est la naissance des jeux. On est comme des parents, on les a conçus, parfois attendus, et une fois sortis, il faut les présenter, les bichonner, les accompagner. Pour ce qui est des difficultés, c’est le grand classique : L’administratif pénible au possible et la mise en place d’un circuit de distribution/promotion, fastidieux lorsqu’on démarre.
Pouvez-vous en quelques mots nous parler de la ligne éditoriale de Grumpy Dwarf’s?
Notre développons deux gammes de jeux :
1) Une gamme familiale qui va proposer des jeux simples, amusants, interactifs permettant à un large public de pouvoir jouer. Nous développons des jeux très graphiques mais qui ne donneront pas forcément lieux à des franchises ou à des univers étendus. Nous apportons malgré tout une attention non négligeable à ce que les mécaniques aient un rapport fort avec le thème.
2) Une gamme expert proposant des challenges plus relevés à destination des amoureux du jeu et des univers cohérents. Dans cette gamme, nous allons également produire des jeux très graphiques mais surtout développer à moyen/long terme les univers au travers de site web, de biopics, nouvelles, BD, JDR, Anim, vidéos etc...
Nous sortons cette année un jeu appartenant à cette gamme qui s'appellera Aldan Chronicles et qui sera un jeu de SF.
Pouvez-vous nous parler de Totem!, premier jeu édité par Grumpy Dwarf's – Industrie ?
Totem! est un jeu d’ambiance/Tactique qui peut se jouer à partir de 8 ans, de 2 à 6 joueurs en chacun pour soi ou en équipe. Une manche dure en moyenne 10 minutes. Le nombre de manches est à la discrétion des joueurs qui peuvent donc décider de leur temps de jeu total.
Dans Totem ! Vous incarnez un chef Indien. Toute votre tribu compte sur vous pour trouver une solution à la sécheresse qui s’est abattue sur la région. Seule solution, faire appel aux esprits ?? Mais tout serait trop simple si ces dieux, à la limite du sadisme, n’avaient pas décidé d’honorer uniquement la tribu qui leur construirait le plus haut Totem !
Totem ! est un jeu accessible et taquin dans lequel vous allez devoir essayer de construire votre totem tandis que les autres joueurs vont tout faire pour vous en empêcher. Le jeu propose nativement deux modes de jeu. Deux nouveaux modes de jeu vont bientôt être officiellement annoncés. Deux autres sont en cours de test.
Comment as-tu rencontré Romain Gaschet qui signe les illustrations de Totem! ? Est-ce lui qui signe votre logo?
Nous avons rencontré Romain Gaschet après avoir vu son travail dans des books sur le net. Le travail avec Romain a été très facile. On avait préparé une liste extrêmement précise de ce qu’on voulait voir sur les cartes et comment ils devaient être disposés. A partir de là, il nous a fait des crayonnés et ça a été quasiment bon dès le départ. Ce n’est pas lui qui signe notre logo mais Jean-Marie Lagadec un ami qui nous a aidé au démarrage de la société.
Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
Je suis passionné de sciences et d’histoire de la science. Tout ce qui touche aux découvertes scientifiques me passionnent. C’est d’autant plus vrai lorsque ça touche à l’espace. Je ne sais plus qui a dit ça mais ça traduit ce que je pense de l’avenir de l’humanité : « La terre est le berceau de l’humanité, mais qui reste pendant toute sa vie dans son berceau ? »
Je pense que l’homme va se cybernétiser pendant que la machine va s’humaniser. Nous allons créer une nouvelle espèce mi-biologique/mi-robot. Aujourd’hui ça fait encore peur mais ce sera probablement le seul moyen de se sauver de l’extinction que nous semblons si prompts à vouloir provoquer.
Du coup mes coups de cœurs sont souvent des magazines, des émissions, des films qui ont un rapport avec les machines, la science ou les découvertes scientifiques, l’espace et les formes de vie extra-terrestres.
Peut-on en savoir un peu plus sur vos prochains jeux et sur Aldan Chronicles en particulier ?
Qu’est-ce que Aldan Chronicles ?
Aldan Chronicles c’est une franchise SF qui retrace l’épopée des Semeurs, une race extraterrestre spécialisée dans la manipulation génétique, à travers les yeux d’Aldan, un de ses principaux protagonistes.
Lorsque les Semeurs ont acquis la capacité de voyager dans l’Espace, ils se sont mis à essaimer la vie sur de nouvelles planètes : colonisant, terraformant, manipulant les formes de vie naissantes afin de créer des Edens de vie. Toutefois, le pouvoir attisant l’envie et la jalousie, ils ont rapidement été gagnés par la gangrène de la corruption. Une secte, pratiquant des mutations sauvages, l’Obscura Mutatio, a étendu son influence souillant les principes de vie et d’harmonie qui avaient guidé jusqu’à présent les Semeurs. Avant même que le gouvernement central ne puisse éradiquer ces pratiques anarchiques sauvages, menées dans l'ombre, des formes de vie dégénérées extrêmement agressives, les Xénarques, ont émergé. Menaçant tout autre forme de vie, cette espèce métamorphe était l'incarnation même de la corruption de ses géniteurs. Afin d’enrayer leur évolution dévastatrice, les semeurs ont gelé la planète. Malheureusement, les Xénarques ont survécu, prospéré et évolué dans la haine des Semeurs. Maintenant intelligents et capables de traverser le vide qui sépare les mondes, ils se déplacent de planète en planète, pleins de rage, dans l’espoir d'asservir ceux qui ont essayé de les anéantir.
Aldan Chronicles – Exodus
Exodus est le premier chapitre des chroniques d’Aldan. Cet épisode retrace l’évacuation massive de colonies de semeurs suite à des attaques répétées de Xenarques de plus en plus difficiles à repousser. Afin d’augmenter les chances de survie de l’espèce, de grandes arches doivent être construites et les populations évacuées.
Le jeu
Vous jouez le rôle d’un officier général du gouvernement colonial, en charge de l’exploitation d’une de ces colonies. Vous avez ordre de concevoir au plus vite une arche géante pour évacuer la population au plus vite. Battez-vous contre les autres joueurs pour construire l’arche la plus prestigieuse, sauvez la population et votre carrière.
Description du jeu : Aldan Chronicles – Exodus est un jeu de stratégie/Tactique mêlant draft/Positionnement/Majorité/Combinaisons qui propose un challenge d’environ 60 minutes pour 2-4 joueurs à partir de 12 ans.
Editeur: Grumpy Dwarf's - Auteur : Serge Macasdar - Illustrateur: Gaël Lannurien.
Date de sortie : Courant octobre pour le festival d’Essen (Français, Anglais et peut être Allemand).
Extensions prévues : Oui
Y-a-t-il une question que je ne t’ai posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Non.
Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Si tu étais…
un personnage de BD: Leonard (dans la bande dessinée Eponyme)
un personnage mythologique: Ulysse (car face à l’immense défi que lui ont lancé les dieux il a su faire preuve de jugement, persévérer et vaincre)
un personnage de roman: Gandalf le blanc (car j’aimerais bien avoir des pouvoirs magiques moi aussi)
une chanson: Bd of Broken Dreams
un instrument de musique: Piano (je suis pianiste)
un jeu de société: Le jeu de rôle (pour le mélange jeu/théatre/improvisation dans un monde imaginaire)
une découverte scientifique : Mécanique quantique (car ça a ouvert des portes sur le monde d’aujourd’hui et de demain : Je pense notamment à l’intrication quantique que je trouve passionnante)
une recette culinaire: Coq au vin (ma spécialité)
une pâtisserie: Tarte au citron (ça ne s’explique pas)
une ville: Le Havre (mes origines et la mer)
une qualité : Persévérance
un défaut: Pointilleux (un certain rédacteur RG du tric-trac magazine a su capter ce trait de caractère apparemment )
un monument: Le pont de Normandie
une boisson: Bénédictine (J’adore)
un proverbe : Pourquoi faire simple quand on peut faire très compliqué.
Un dernier mot pour la postérité ?
Vive le jeu de société et vive les joueurs. Un grand merci à ma femme, Laureline, pour son soutien dans cette aventure parfois éprouvante. Et si vous souhaitez nous soutenir, ou nous suivre, n’hésitez pas à venir liker notre page Facebook :
Et sinon comme l’aurait dit le grand Apollon et philosophe académicien Giscard d’Estaing lors d’un grand moment d’inspiration : « Au revoir ».
Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé…