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Entretien avec Serena Blasco
Interview accordée aux SdI en Septembre 2015


Bonjour et merci de te prêter au petit jeu de l’entretien…
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposée au tutoiement ?

Absolument pas!

Merci bien smiley
Peux-tu vous présenter en quelques mots? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans?)

Après le collège je savais que je voulais faire un métier en rapport avec l’art, donc je me suis dirigée en bac StI Arts Appliqués, à Aix en Provence. J’ai adoré ces études et j’ai beaucoup appris en technique de dessin. Puis je suis partie en BTS de Graphisme et pub, où je pensais qu’on dessinerait encore. Mais non, mauvaise pioche. Du coup, lors de mon stage en entreprise, ne voulant pas me retrouver coincée pendant deux mois dans une boite d’édition ou de graphisme, j’ai cherché un atelier de bande dessinée. Et je suis tombée sur le Gottferdom Studio qui gère aussi le Lanfeust mag. Ça reste un stage en édition aux yeux du BTS, mais pour moi, c’est deux mois à ne faire que du dessin et en apprendre un peu plus sur la bande dessinée. Les deux mois ce sont transformés en quatre, et ça fait maintenant presque 8 ans que j’y suis.
À côté de ça je travaille aléatoirement dans des magasins, parce que j’ai deux chats, et qu’il faut les nourrir!

Les Enquêtes d'Enola Holmes, rough de l'album © Serena BlascoEnfant, quel lectrice étais-tu ? Quels étaient tes auteurs de chevet ?
Enfant, je n’aimais pas trop lire. Les mots c’est compliqués! Même pour les bd, je ne regardais que les images. J’ai donc beaucoup regardé Mélusine et Papyrus en essayant de redessiner les personnages dans mes cahiers d’écoles.
Mon seul livre de chevet était un gros recueil de Pierre Dubois sur des contes de sorcières et d’ogresses. Que j’ai lu et relu!
En grandissant j’ai commencé à apprécier les nouvelles type Maupassant, Zola, ou Edgar Poe. Puis je suis tombée dans les Harry Potter.
Maintenant, pour rattraper, je lis un peu tout ce qui me passe par la main, du polar au fantastique, en passant par des essais ou des biographies diverses et variées.

Et en matière de BD ?
Alors, je ne suis pas une grande lectrice de bande dessinée. J’aime bien certains albums de jeunesse, type carnet de Cerise, ou Merci. En gros dans ma bibliothèque BD, j’ai les Freaks Squeeles, Blacksad, Lune d’argent sur Providence, La colère de Fantomas, et un peu tout ce que font Pédrosa et Barbucci.
Pour le reste c’est surtout des one-shot, albums illustrés jeunesse, ou des romans graphiques.

Devenir auteur de BD, étais-ce un rêve de gosse ?
Devenir auteur de Bd n’était pas vraiment un rêve d’enfance. J’ai voulu être styliste, ou joaillière…
J’aimais bien écrire des histoires, mais comme je suis nulle en français, ça me désespérait!
Mais je suis récemment tombée sur un de mes cahiers de dessins de primaire, où j’avais dessinée le début d’une bd sur une sorcière, puis annoté à la fin « Projet validé par l’éditeur, un an pour le dessiner! ».
Donc ça devait être latent quelque part…

Les Enquêtes d'Enola Holmes, work in progress étape 1/3  © Serena BlascoQuelles sont les grandes difficultés et les grandes joies du métier ?
Auteur de bande dessinée, c’est un chouette boulot. On organise ses journées à son rythme et on est plutôt tranquille.
Mais à côté de ça, on va dire que ce n’est pas une très bonne source de revenu. Surtout que je débute, et que j’ai mis pas mal d’années à faire valider un projet. Du coup je travaille régulièrement dans des boutiques. Thé, fringues, livres… Je varie les sujets de ventes. Mais ça a le mérite d’apporter de l’inspiration, et de voir du monde!

Comment as-tu rencontré Enola Holmes ? Qu’est-ce qui t’a donné envie d’adapter ses enquêtes en BD ?
C’est en travaillant en librairie à la FNAC d’Aix que j’ai connu Enola Holmes. À force de ranger les livres, on finit par les lire. Quand j’ai vu Enola Holmes, j’ai d’abord été surprise de voir qu’on lui avait aussi inventé une petite soeur! Mais la curiosité l’a emporté, et j’ai dévoré le 5eme tome… Oui j’ai commencé par le 5eme, parce que c’est le seul qu’on avait en magasin…
J’ai donc repris la série du début et j’ai adoré. Je les ai tous commandés en boutique et je les vendais à tous les parents qui cherchaient un roman d’aventure pour leurs enfants. Je pense que la Fnac d’Aix doit avoir les meilleurs relevés de vente d’Enola Holmes!
Et l’envie de l’adaptation est venue tellement naturellement, que je ne saurais vous dire précisément quand l’idée m’est venue.

Les Enquêtes d'Enola Holmes, work in progress étape 2/3 © Serena BlascoA-t-il été facile d’obtenir les droits d’adaptation du roman de Nancy Springer en BD ?
J’avais d’abord contacté les éditions Nathan, pour savoir si l’adaptation été possible. Ils ont été assez emballés par le projet, et m’ont envoyé chercher un éditeur. Ayant déjà travaillé chez Jungle sur Lili Chantilly, j’ai monté le dossier de proposition et ils ont beaucoup aimé. Ils se sont occupés des droits.

A quels écueils t’es-tu heurté en travaillant sur l’adaptation de ce roman?
Le nombre de pages! Ça reste des romans de 250 pages jeunesse, donc il a fallu couper et réaménager certaines scènes. Et il y a aussi beaucoup de messages codés à déchiffrer tout le long du roman. Ne pouvant pas systématiquement les insérer dans la bd (car ça aurait cassé le rythme), j’ai préféré faire le carnet d’Enola à la fin de l’album, afin de les caler là. Et puis le carnet ça fait un petit plus.

Comment as-tu construit l’apparence d’Enola? Et celle du célèbre détective ?
Pour l’apparence je me suis basée essentiellement sur la description du livre. Enola se décrit elle-même comme assez quelconque, avec un visage allongé, et des cheveux assez ternes. Et ressemblant assez à Sherlock, ce qui ne lui semble pas être à son avantage!
Et puis dans les Conan Doyle, on parle beaucoup du profil et du nez de Sherlock Holmes, donc je souhaitais qu’Enola ait aussi un profil bien reconnaissable. Et la première chose dont on me parle sur le physique d’Enola, c’est son petit nez en trompette, donc je pense que c’est réussi!

Les Enquêtes d'Enola Holmes, work in progress étape 3/3 © Serena BlascoCe premier album solo est déjà doté d’une forte personnalité. Peux-tu nous en dire plus sur ta façon de travailler sur les planches de cette première enquête d’Enola?
En fait juste avant j’avais travaillé sur Lili Chantilly, dont la charte graphique et les personnages étaient imposés. Bien que j’ai pu être assez libre que la narration, je me sentais un peu limitée question création. Et l’ordinateur a fini par me sortir par les yeux! (l’album est entièrement en vectoriel)
Donc je crois que j’ai voulu faire comme Enola, prendre mon envole et casser avec le numérique.
J’ai storyboardé les pages en lisant le livre, puis crayonnés les planches, et couleurs à l’aquarelle directe. Je remonte juste les saturations au scan, et mon contact avec l’ordinateur se limite au lettrage, et regarder des séries télés. En ça ne me prend pas plus de temps!

Atelier d'artiste (Serena Blasco)L’adaptation d’une autre enquête d’Enola Holmes est-elle d’ores et déjà sur les rails ?
J’espère que se sera vite le cas! J’ai commencé de mon côté à lire le tome 2 et commencé la découpe.

Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
Niveau série télé j’ai récemment découvert Doctor Who et j’ai adoré. Et question livre, ce sont les Black Out de Connie Willis. Et la biographie de Renoir par son fils.

Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Je ne crois pas!

Un grand merci pour le temps que tu nous as accord !
Merci.
Le Korrigan