Bonjour et tout d’abord merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, une petite question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ?
J’aime qu’on m’appelle Monsieur Poitevin et qu’on me vouvoie tout en me flattant. Mais pour vous je vais faire une exception.
Merci bien Monsieur Poitevin ^^…
Peux-tu nous parler de toi en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans?)
Ha… Heu… 42 ans. J’ai commencé pour un master de Playboy millionnaire ou j’ai lamentablement échoué. Donc comme beaucoup j’ai dû aller dans cette voie de garage appelé Bande dessinée.
Enfant, quel lecteur étais-tu? Quels étaient alors tes auteurs de chevet et quels sont-ils aujourd’hui?
Lecteur acharné, Sartre, Ronsard… Puis la révélation à 4 ans a été Tintin puis Lucky Luke dont j’ai honteusement pompé les planches. J’ai même eu la prétention de reprendre Lucky Luke à 10 ans. Le premier opus devant être Lucky Luke contre Rocky 4.
Actuellement mes lectures de chevet sont restées les mêmes… Sont venus s’ajouter Blutch, Blain, Goossens, le génialissime Alain Dodier et Hermann.
Devenir auteur de BD, étais-ce un rêve de gosse?
Je dois bien avouer que oui. Cosmonaute, ça aurait eu plus de gueule, non ?
Devenir dessinateur de BD a-t-il relevé du parcours du combattant?
Il est loin d’être fini ce combat. Le but ultime étant d’en vivre décemment.
Quelles sont les grandes joies du métier?
Les rencontres indubitablement. Que ce soit les lecteurs ou les camarades auteurs.
Et les grandes difficultés ?
La difficulté est de se dégager un salaire et d’essayer d’exister au milieu de la production foisonnante.
Les Spectaculaires viennent de paraître sur les étals. Pour cette nouvelle série, tu retrouves Régis Hautière avec qui tu as déjà signé la Croisière Jaune. Comment vous êtes-vous rencontrés?
Par hasard, fut un temps Régis réceptionnait au festival de St Malo les dossiers pour un éditeur (dont il préféra certainement que je taise le nom)
Il s‘avère que sur la dernière page de mon book (ca fait prétentieux non ?) j’avais des dessins de bagnole de la croisière et Régis me sort texto : « mais c’est dingue, j’en ai parlé cette semaine avec mon reupe. Truc de ouf !!! »
Il est comme ça Régis quand il est content…
De ce fait ayant la même envie d’histoire on est parti tous les deux sur cette histoire sans se connaitre.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans le scénario des Spectaculaire?
Les personnages. Dès que ça touche au burlesque ça m’éclate… Surtout après avoir fait une histoire réaliste.
Tu veux sans doute parler des Confessions d’un Canard Sex-toy ? ^^
Tout à fait. J’aime faire un long travail de recherche et surtout d’investigation.
Les Spectaculaires ont beau être une série burlesque et joyeusement déjantée, le contexte n’en reste pas moins celui de la belle époque… Comment as-tu abordé la mise en image de cette jubilatoire aventure qui s’inscrit dans la veine des romans feuilletons du XIXème?
Dès le début de l’histoire Paris me semblait devoir être traité comme un personnage. C’est le 12eme homme au foot. J’ai tenu surtout à mettre en avant l’art nouveau. Un style qui n’a vécu qu’une dizaine d’années et qui a été immédiatement ringardisé. Ça a été un réel plaisir de dessin.
Comment s’est élaborée l’apparence des personnages? A partir de quelle matière as-tu travaillé? Lequel t’a donné le plus de fil à retordre?
Lorsqu’on a réfléchi au sujet, Régis m’a demandé de lui envoyer des dessins en vrac de supers héro. Parmi ceux-là, un seul a survécu au choix du Maître.
Ensuite Régis a commencé à réfléchir à son scenario et une liste de personnages est sortie.
Du coup je me suis laissé bercé et j’ai un peu honte mais ils sont sortis tous du premier coup sauf un.
Felix le lycanthrope, le personnage est vite sorti mais c’est son costume de super-héros qui a été galère. Fallait garder ce côté animal sans qu’il fasse nounours…
Ce qui est drôle, c’est que c’est celui qu’on me demande le moins en dédicace. Les gens doivent ressentir qu’il n’a pas été une évidence.
Comment s’est organisé ton travail avec Régis Hautière sur cet album? Du synopsis à la planche finalisée, quelles furent les différentes étapes de réalisation d’une planche?
Régis m’envoie tout d’abord un synopsis qu’on relit ensemble. Ensuite il est aussi décortiqué par Rue de Sèvres (Charlotte, Nadia, Maryline et Agathe… nos super-héroïnes a nous) a qui ont doit le découverte du petit défaut de mémoire de Pipolet. Une simple réflexion logique en rapport au scenario a donné cette idée géniale à Régis. Je suis jaloux, j’aurai aimé la trouver.
Ensuite Régis commence à scénariser page par page. Moi je lui envoie le story-board sur lequel on discute : soit de mes choix de cadrages soit du choix des dialogues par exemple. Puis crayonnés et encrages. Du très classique en somme. Et pour finir, cerise sur le gâteau avec la mise en couleur magistral de Christophe Bouchard.
Quelle étape te procure le plus de plaisir?
Le story-board, c’est la partie la plus créative. Le reste après est beaucoup plus rébarbatif. L’encrage a été particulièrement plaisant sur cette série.
A quand le second tome? Combien de tomes sont prévus pour cette série qu’on aimerait très longue?
Probablement premier semestre 2017. Il n’y a aucun nombre d’albums de prédé-fini. Chaque tome étant une histoire complète, si le succès est au rendez-vous, on continuera tant qu’on s’amuse.
As-tu d’autres projets sur le grill ?
Oui je termine actuellement le tome 1 d’une nouvelle série chez Bamboo. Je reprends donc mon costume de Milly Chantilly avec Mickael Roux. Cette fois –ci un nouveau comparse rejoint l’équipé sauvage. Le thème étant la moto, nous avons recruté le meilleur dessinateur spécialisé, la crème de la crème, en la personne de Philippe Gürel. Ca s’appellera
Miss Harley.
Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Bien trop feignant pour chercher ca…
Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Si tu étais…
un personnage de BD: Le Capitaine Haddock
un personnage de roman: Athos
un personnage de cinéma: James Bond (mais juste pour tenir de belles actrices dans mes bras)
une chanson: Highway to hell
un instrument de musique: un triangle
un jeu de société: le trouduc
une découverte scientifique: le citrat de betaïne
une recette culinaire: la blanquette de veau
une pâtisserie: un paris-brest
une boisson: une bière belge
une ville: Saint-Malo
une qualité: je les ai toutes
un défaut: pareil
un monument: la tour Eiffel parce que j’aime porter de la dentelle
un proverbe: et mon cul c’est du poulet? …
Un dernier mot pour la postérité ?
Heu… « Prout » ou « Nichon »… j’hésite
Un grand merci pour le temps que tu nous a accordé…