Bonjour et tout d’abord merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien.
Bien le bonjour et merci de m'avoir proposé cet entretien !
Avant d’entrer dans le vif du sujet, une petite question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ?
Au contraire, je suis bien plus à l'aise avec le tutoiement.
Merci bien… Peux-tu nous parler de toi en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans?)
Après mon Bac j'ai étudié 1 an aux beaux-arts d'Annecy, cela ne m'a pas correspondu je suis donc parti étudier 3 ans à l'ENAAI, à Chambéry, école qui forme aux métiers de la B.D, de l'illustration, du graphisme et du cinéma d'animation. Après l'obtention de mon diplôme je me suis lancé (non sans difficultés) dans le graphisme freelance.
Quelques années plus tard, sentant que je m'éloignais de ma passion de base qu'est le dessin/peinture, je me suis lancé dans l'illustration de jeux de plateaux.
Pour ce qui est des comptes bancaires tous mes deniers sont partis avec Bernard Madoff...
Enfant, quel lecteur étais-tu? Quel étaient alors tes auteurs de chevet et quels sont-ils aujourd’hui?
Je lisais déjà beaucoup plus qu'aujourd'hui! La bande-dessinée m'a énormément marquée : Les méta-barons, les chroniques de la lune noire, les ouvrages de Philippe Druillet, Blacksad, Moebius et j'en passe.. Mais je n'ai pas laissé les livres de côté non-plus avec des nouvelles S.F de Brussolo, L'arrache cœur de Boris Vian, Le hobbit, les Princes d'Ambre, les métamorphoses d'Ovide...
Comment est née ta passion du dessin? Quand a germé en toi l’idée d’en faire votre métier ?
Et bien d'aussi loin que je puisse me souvenir j'ai toujours voulu faire de la bande-dessinée. C'est un rêve de gosse qui doit dater de la maternelle, CP. J'ai toujours gribouillé. Finalement je fais de l'illustration.
Quelles sont selon toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier d’illustrateur?
Je pense qu'il est assez facile de s'imaginer que dessiner, créer des univers et peindre toute la journée sans aucun patron pour vous molester peut représenter un job de rêve. Cependant être « bon » dessinateur ne fait pas tout. Il faut savoir se tailler un chemin et créer des contacts importants dans l'édition, passer par des moments ou l'on a trois propositions de projets pharaoniques à la fois pour hier et des moments de traversée du désert éprouvants. Il faut aussi savoir négocier des prix, être à même d'estimer son travail sans se surestimer ni se déprécier. Parfois même au début on se brade quelque peu pour avoir certains contrats. Il faut savoir accepter la critique même si personnellement ça ne me dérange pas vraiment, il faut aussi accepter l'avis et les demandes de corrections potentielles de l'éditeur.
Tu viens d’illustrer Kids Of London, un sympathique jeu d’Antonin Boccara sorti chez les éditions Haute Roche… Es-tu toi-même joueur?
Bien sur que je suis joueur ! C'est en parti ce qui a décidé le choix de me spécialiser dans l'illustration de jeux. Être joueur me permet aussi d'avoir un minimum de culture générale du jeu pour savoir ce qui se fait, et proposer quelques concepts adaptés.
N’as-tu jamais cessé de jouer ou un jeu en particulier t’a-t-il fait basculer dans le jeu de société « moderne » ?
Je pense avoir toujours joué. Ça a commencé par les jeux de rôle, Warhammer, mais je crois que la grosse révélation fut 7 Wonders.
Comment as-tu été associé à ce sympathique projet éditorial?
Pour Kids of London j'ai provoqué la chance.
Je suis allé au salon international des jeux de Cannes, un book sous le bras et une petite boule au ventre (sinon c'est pas marrant). J'ai fait le tours de tous les stands en cherchant des éditeurs auxquels je pourrais montrer mon book. La toute première fois ça peut être impressionnant mais je me suis très vite rendu compte que le milieu est plutôt chaleureux, ce sont des passionnés, très très peu d'éditeurs m'ont envoyé promener. La très grande majorité a jeté un œil pro sur mon portfolio.
C'est comme ça que je suis tombé sur Dominique Granger, éditeur et chef de projet très sympathique chez la Haute Roche éditions. Mon coup de patte lui a plu et quelques mois plus tard on travaillait ensemble. C'était très agréable car j'avais carte blanche sur le projet, mis à part bien sûr au début quelques aiguillages sur l'ambiance attendue.
Justement, quel était le cahier des charges? Quelles furent tes principales sources d’inspiration pour composer cet univers à la fois sombres et enfantin?
Il fallait des enfants malicieux, en guenille et un poil crasseux et je savais combien de cartes j'avais à faire. Les univers d'Oliver twist et Sherlock Holmes ont naturellement été les principales sources d'inspiration. Étant donné que j'avais carte blanche pour les illustrations je savais que je pouvais orienter l'ambiance comme je le désirais. J'ai tout de suite eu cette image des rues de Londres plongées dans la nuit, à des heures idéales pour le larcin.
Quelles techniques as-tu utilisé pour mettre ce jeu en image? De l’idée à sa finalisation, quelles furent les grandes étapes de ton travail?
Toutes les illustrations ont été réalisés sur palette graphique et sur photoshop ,je travaille sur une cintiq 13HD, un écran sur lequel on peut dessiner avec un stylet. J'ai commencé par dessiner le fond des cartes qu'elles ont toute en commun. L'ambiance de nuit me paraissait tout à fait appropriée il n'y avait même pas à réfléchir. Ensuite tous les crayonnés des personnages que j'ai présenté à Dominique. Il m'a simplement répondu « vas-y contiune ! ». Alors s'en est suivi la mise en couleur en essayant de garder une ambiance commune pour tous les personnages. Une fois terminée il ne restait plus qu'à faire un mashup des enfants et tous les disposer sur la couverture. J'ai terminé par le fond de la couverture, qui représente une devanture d'un appartement chic du Londre du XIXeme.
Quelle étape te procure le plus de plaisir?
Je commence toujours par les tons moyens et les ombres, du coup je crois que c'est le moment ou je commence à mettre les lumières. Ce que je préfère c'est l'instant où quelques coups de pinceaux bien placés donnent vraiment de la « vie » aux illustrations et les reflets, les brillances, les lumières y jouent pour beaucoup.
Dans quelle ambiance sonore travailles-tu généralement? Silence monacal, radio ou musique de circonstance?
Ça dépend, ça peut évoluer en partant d'une musique plutôt chill hip-hop ou du Erik Satie et dériver sur un bon brutal-death-métal bien motivant ! Mais la plupart du temps je reste sur des musiques d'ambiances propices à l'évasion, genre Bonobo ou encore Blockhead. Parfois la playlist Youtube dérive toute seule et moi avec.
Peux-tu nous en dire plus sur tes projets en cours ou à venir?
Actuellement je travaille sur un livre jeunesse qui illustre les chansons d'un CD audio « Théo et le livre aux pages blanches ».
Mais je pense que d'autres jeux vont bientôt suivre…
Quel jeu déjà existant aurais-tu adoré illustré ?
Bunny Kingdom, Abyss ou encore Mystérium
Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur? (BD, jeux, ciné, zique)
Hmm j'ai beaucoup accroché sur « Premier contact » un film qui pose la question de la communication avec une race Alien et surtout souligne les réactions humaines et de leurs propres difficultés à communiquer entre eux.
« Stranger things » une série très réussie avec des enfants qui recherchent leur ami disparu et doivent combattre une chose, un peu à la manière de « Ça ». Les personnages principaux sont très attachant on rentre très vite dans l'histoire et la fin de chaque épisode on veut en savoir plus !
- Tooth and tails, un très bon petit jeu indépendant de stratégie en temps réel sur PC. Les illustrations 2D sont fabuleuses !
- Livre... arg je prends plus le temps de lire...
Et pour ce qui est des jeux de société ?
- Unlock, pour le concept ! C'est un escape-game en format de cartes à jouer.
Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Hmm non je ne crois pas.
Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Si tu étais…
un personnage de BD: Sans nom ( des Méta-barons )
un personnage de roman: Elric
un personnage de cinéma: Dr.Manhattan
une chanson: Feather ( de Nujabes )
un instrument de musique: une guitare électrique
un jeu de société: Seven wonders
une découverte scientifique: La théorie de la relativité
une recette culinaire: Le lapin à la moutarde
une pâtisserie: Une forêt noire
une boisson: Une kwak
une ville: Paris
une qualité: Persévérence
un défaut: la colère
un monument: Les pyramides de Kehops
un proverbe: Pleure et tu pleureras seul, ris et tu riras avec le monde entier.
Un dernier mot pour la postérité ?
Rosebud
Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé!