Bonjour et tout d’abord merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien.
Peux-tu me parler de vous en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux îles Caïmans?)
C’était tentant pour un financier, mais pas de compte dissimulé en Suisse ou aux îles Caïmans.
Âgé de 44 ans, je vis à Taverny dans le Val d’Oise. Après des études à l’université plutôt axées sur les mathématiques et l’économie, j’ai rejoint le monde de la finance. J’exerce aujourd’hui la fonction de négociateur/trader au sein d’une filiale de Natixis Asset Management. C’est un métier passionnant, exigeant, mais qui ne laisse pas vraiment de place à l’imagination. C’est là où la passion de l’écriture intervient. Ma principale qualité est vraisemblablement la persévérance. Sans elle, je n’aurais certainement pas pu achever l’écriture de ce roman, plutôt épais (590 pages)
.
Enfant, quel lecteur étais-tu? Quels étaient alors tes auteurs de chevet et quels sont-ils aujourd’hui?
Jeune, je passais du temps sur les classiques de la littérature française. Dans ce registre, mes préférences allaient plutôt vers Jules Verne « L’île mystérieuse », Alexandre Dumas « Les Trois Mousquetaires ». Ces livres me donnaient vraiment la possibilité de m’évader. Un peu plus tard, je me suis penché vers la SF et l'Heroic Fantasy. J’ai lu avec plaisir la saga d’Elric de Michael Moorcock. Sa relation avec l’épée Stormbringer me fascinait. Plus récemment, on peut citer David Gemmel « Légende » ou Terry Goodking et sa saga « L’épée de Vérité ». J’ai aussi décidé de me remettre à la lecture des classiques. « Guerre et Paix » de Tolstoï est actuellement sur ma table de chevet. C’est un roman parfois difficile à lire, mais qui regorge de belles expressions.
Devenir romancier, était-ce un rêve de gosse? Cela a-t-il relevé du parcours du combattant?
Non, même si j’ai toujours aimé lire, le passage de l’autre côté du miroir ne me semblait pas aisé. Cette passion s’est révélée sur le tard. Un parcours semé de doutes. À de multiples reprises, j’ai failli abandonner l’écriture du roman. Il ne me semblait pas assez abouti. Puis grâce au soutien de ma famille et des amis, « le masque du Voyageur » a pu naître. Ensuite, Vérone éditions, un éditeur parisien m’a accompagné tout au long du processus d’édition. Un soutien sans failles. C’est un modèle où l’auteur contribue, mais il n’y a jamais eu de quiproquo sur ce sujet.
Mon petit doigt m’a dit que tu avais pratiqué le JdR dans ta folle jeunesse… Si tu devais expliquer en quelques mots à ma grand-mère ce qu’est cet étrange jeu, que lui dirais-tu?
Effectivement, ma jeunesse était bercée par les jeux de rôles (Donjons et Dragons, Stormbringer).
Dans ce type de jeu, les participants (ou plutôt leur avatar) évoluent dans un monde imaginaire régi selon certaines règles. Ensemble, ils devront finaliser la mission élaborée par celui que l’on nomme « le maître du jeu ». Chaque personnage étant censé disposer d’aptitudes différentes. Dans Stormbringer, par exemple, dont l’univers s’apparente à du médiéval fantastique, il existe différentes classes : guerrier, marchand, assassin... Ainsi le guerrier sera plus habile pour se battre tandis que le marchand sera plus avisé dans les négociations.
Voilà pour les grandes lignes
. C’était surtout un moment de partage entre amis/amies. Toujours animé, avec parfois des dérives, qui se soldaient souvent par des crises de fou-rire. Pas nécessairement anticipées par le maître du jeu.
Quelle différence existe-t-il pour toi entre l’écriture d’un scénario de JdR et un roman?
Il existe certaines similitudes. Les deux nécessitent beaucoup d’imagination. Cependant, lorsque je rédigeais des scénarios de JdR, je me donnais toujours beaucoup de latitude. On définissait les grandes lignes, mais on avait toujours la possibilité d’improviser. Dans la rédaction d’un bouquin, il faut guider le lecteur, garder une certaine cohérence dans le récit. Il est impératif de le captiver jusqu’au bout, en le lançant parfois sur de fausses pistes. Contrairement à un maître du jeu, on ne peut pas s’aider de la parole, des gestes pour garder en haleine ceux qui nous lisent. Le rythme doit être présent dans l’écriture. C’est ce que j’ai essayé de faire dans mon roman. Les lecteurs jugeront
.
Quelles sont selon toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier de romancier?
Les grandes joies : d’abord lorsque j’ai reçu la lettre d’acceptation de Vérone Éditions. Il y avait aussi un commentaire associé qui m’avait fait très plaisir. Je savais qu’il restait beaucoup de travail à accomplir, mais une première étape avait été franchie. L’autre moment phare : lorsque le livre se matérialise sous format papier. Tout devient concret.
Les grandes difficultés : après avoir trouvé un éditeur, la relecture de l’ouvrage afin de traquer les incohérences, les coquilles. Mieux vaut se faire aider par une personne extérieure sur cette partie, plutôt critique. L’écrivain connaît tellement bien son ouvrage, qu’il peut avoir tendance à user de raccourcis. Enfin, certainement la phase la plus difficile, quand on est « jeune écrivain » : trouver des vecteurs pour promouvoir son livre.
Peux-tu, au débotté, évaluer le temps que t’a pris la maturation et l’écriture du roman ?
L’idée du roman a émergé à Venise. En déambulant au hasard dans les ruelles de cette somptueuse ville, j’ai découvert un masque au rictus inquiétant. Je l’ai ramené sur Paris et décidé de construire une histoire fantastique autour. "Le masque du Voyageur" était né. L’écriture a duré 5 ans. Cela n’a pas été un processus linéaire. Il ya eu quelques passages par des phases de doute. J’imagine que c’est l’apanage des « jeunes écrivains ». Sinon, il a fallu s’organiser, mais je ne voulais pas d’un processus forcé. Après tout, c’est une passion. J’attendais d’avoir de l’inspiration puis j’écrivais le soir et/ou le Week-end. En effet, j’exerce une activité plutôt prenante à côté.
Ton premier roman, le Masque du Voyageur, vient de paraître chez Vérone Editions … Peux-tu nous faire le pitch de ton roman en quelques mots?
« L’histoire commence sur Terre, à Venise précisément. Thomas et sa compagne Cassandra visitent la ville, comme deux touristes ordinaires. Thomas est un informaticien, plutôt quelconque, qui a une vie bien rangée. Mais cela ne va pas durer ! Il va franchir la porte d’une boutique qui va changer sa vie et tomber sur un masque, a priori tout aussi ordinaire que lui. Pourtant, il s’agit du « masque du Voyageur », un puissant artefact qui permet de voyager entre les mondes. Lorsqu’il posera le masque sur son visage, tout va déraper. Il se retrouvera plongé dans un autre monde bien loin de la planète Terre. Adieu Cassandra.
Ce monde « les Contrées » , lieu où la magie est reine, est malmené par un puissant sorcier Madragore. Thomas, dérouté, devra survivre et faire face à des ennemis dont le pouvoir dépasse l’entendement. Démons, dragons, pour ne citer qu’eux, ne sont jamais bien loin. Heureusement, il ne sera pas seul. Il croisera sur sa route un puissant mage et d’autres alliés extraordinaires... Le mal frappera aussi à sa porte pour éprouver sa foi. »
Concrètement, comment as-tu organisé ton travail de création : as-tu commencé par définir les principaux personnages du récit ou as-tu d’abord créé l’univers dans lequel se déroulerait l’histoire?
J’ai effectivement commencé par définir les principaux personnages. Ils sont au nombre de cinq. Leur nom et leurs caractéristiques. J’avais aussi la trame principale : Venise s’imposait naturellement comme le point de départ. Puis, il devait y avoir un personnage, plutôt ordinaire, qui se retrouve, malgré lui, dans la peau du héros. Par la suite, Le monde s’est brodé au gré des phases d’inspiration.
Le Masque du Voyageur appelle-t-il à une suite ou est-ce un one-shot?
Je compte écrire au moins 3 tomes. La fin du premier dévoile quelques éléments importants, mais j’ai encore beaucoup d’idées qui trottent dans ma tête. Je pense que le tome 2 sera encore plus surprenant que le premier…
Comme tout écrivain, sans doute as-tu mille et un projets en chantier dans ta tête… Travailles-tu déjà à un second roman que beaucoup d’auteurs disent plus difficile que le premier?
Outre la rédaction du second tome du « masque du Voyageur » , j’ai deux projets en cours. Le premier concerne la rédaction d’un pur livre de science-fiction qui se passe dans le monde contemporain. Il devrait laisser une grande place à la psychologie humaine. Le deuxième est un roman d’anticipation. Partant d’un constat de société, je souhaite écrire une histoire qui décrira un futur possible, en poussant l’analyse à l’extrême. Cela n’a rien à voir avec le réchauffement climatique mais c’est un thème qui me paraît presque aussi important… Dans l’immédiat, ma priorité reste l’écriture du second tome. Je ne rencontre pas de difficultés particulières. Lors de l’écriture du premier, j’avais déjà défini quelques axes pour la suite. J’espère même écrire ce nouveau tome dans un laps de temps plus court.
Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur?
Ce sont des livres. En ce moment, je dévore Asimov (
Cycle de Fondation). Ce roman de Science Fiction, qui date un peu, est captivant. Il tourne autour du concept de psychohistoire qui en est la clé de voûte. Qui n’a pas rêvé de prévoir le futur à partir d’équations mathématiques... Pour tout dire, certains de mes amis étaient surpris que je ne l’aie pas lu.
Mon autre lecture du moment est
Guerre et Paix de Léon Tolstoï. Cette fresque utilise comme toile de fond les guerres napoléoniennes. Même si j’apprécie le côté historique, parfois tranchant, parfois romantique, ce n’est pas ce qui m’attire le plus dans ce livre. Je suis particulièrement fasciné par la psychologie complexe des personnages. Notamment, celle du prince André, éternel malheureux…
Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Non, c’est plutôt un entretien très complet
Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Si tu étais…
un personnage de BD: Lucky Luke. Je n’aime pas les armes, mais j’aurais aimé dégainer aussi vite.
un personnage de roman: Cyrus Smith (L’Île mystérieuse/ Jules Verne). L’ingéniosité en toutes circonstances.
un personnage de cinéma: Blondin (Le Bon, la Brute et le Truand / Sergio Leone). Un bon pas vraiment bon .
un personnage de JdR: Elric (Stormbringer) et son épée si possible.
une chanson: La resa dei conti /Ennio Morricone. Elle accompagne un magnifique duel…
un instrument de musique: piano (dans ma jeunesse ,on m’a fait comprendre que je n’étais pas doué. Du coup, j’ai abandonné…).
un outil de dessinateur: sa main droite s’il est droitier
un jeu de société: Blanc-manger coco (à prendre au second degré si tu ne veux pas perdre tes amis).
une découverte scientifique: la téléportation. Pas encore inventée. Cela nous éviterait de prendre du temps dans les transports en commun…
une recette culinaire: pas trop mon domaine. Soupe aux choux en regardant le film du même nom.
une pâtisserie: tarte au citron (non meringué s’il vous plaît)
une boisson: vin (avec pas trop de sulfite).Mon préféré du moment : Canon La Gaffelière (Saint Emilion). À boire avec parcimonie, mais la qualité se paye.
une ville: Bordeaux (for ever).
une qualité: persévérant.
un défaut: un peu trop solitaire
un monument: Cathédrale Sainte-Cécile d'Albi
un proverbe:/ citation: « L’homme est un loup pour l’homme » (Hobbes)
Un dernier mot pour la postérité ?
Le doute est permis, mais pas l’abandon. Il faut toujours aller au bout de ses projets.
Un grand merci pour cet entretien.
Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé!