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Entretien avec Guillaume Singelin
Interview accordé aux SdI en avril 2019


Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ?

Parfait, car j’ai du mal aussi avec le « vous » hehe.

Ouf… me voici soulagé smiley
Peux-tu nous parler de toi en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans ?)


J’ai 32 ans, j’ai grandi en Bretagne et depuis je vis à Paris après y avoir fait mes études en école de graphisme. J’ai globalement toujours été fasciné par tout ce qui est visuel et narratif, que ce soit la bd, le cinéma, les jeux vidéos . Ça me semble être des passions assez classiques pour un dessinateur.

Enfant, quel lecteur étais-tu et quels étaient tes livres de chevet ? La BD a-t-elle toujours occupée une place de choix ?

J’ai toujours lu de la bd, mes parents avaient déjà une collection assez classique franco-belge ainsi que beaucoup d’intégral du journal de Tintin, Picsou ou encore Pilote. Ce qui donne déjà une certaine variété. Et ensuite avec mon grand frère on a découvert les mangas, ce qui reste jusqu’à aujourd’hui ce que je lis de plus. J’ai néanmoins une culture assez pauvre en comics (mise à par Frank Miller ou Mike Mignola).

J’aurai du mal à dire pour mes bds de chevet, j’ai lu beaucoup, et j’ai souvent des accroches sur des petits détail d’une bd et c’est plus l’ensemble qui m’influence.
Mais des BD comme Akira, Dragon Ball, Appleseed, Hellboy, Scott Pilgrim, peuvent faire partie des bouquins qui me plaisent.

Mais je pense être malgré tout plus attiré par le cinéma (j’en consomme plus en tout cas).
PTSD, dans les coulisses de l'album © Ankama / Singelin PTSD, dans les coulisses de l'album © Ankama / Singelin PTSD, dans les coulisses de l'album © Ankama / Singelin

A quel moment l’idée de devenir auteur de BD a-t-elle germée ? Un auteur ou un dessinateur en particulier a-t-il suscité votre vocation ? Cela a-t-il relevé du parcours du combattant ?
Quand on lit tous les jours des bds, je crois que l’envie viens naturellement. Et j’en faisait étant enfant et ado, mais pour m’amuser, c’est un peu la suite logique des jouets, on se créer une histoire. Mais je n’avais pas pensé à en faire mon métier.

Mais durant mes études, j’ai été mis en contact via Antoine Carrion (un auteur de bd) avec Antoine Ozanam et Casterman, qui m’a permis de faire ma première bd. Ça m’est tombé un peu tombé dessus par hasard, mais un heureux hasard.
PTSD, dans les coulisses de l'album © Ankama / Singelin PTSD, dans les coulisses de l'album © Ankama / Singelin PTSD, dans les coulisses de l'album © Ankama / Singelin

Quelles sont pour vous les grandes joies et les grandes difficultés du métier ?
Tout simplement faire une activité qui me passionne et en vivre. Un des grands plaisirs est de développer des univers, des histoires et de faire vivre des personnages. Et quand on a de la chance de travailler avec d’autres dessinateurs ou scénaristes, c’est super enrichissant culturellement.

Les difficultés sont plus pragmatiques, il y a un aspect précaire et un niveau de vie qui ne semble pas toujours en correspondance avec le temps passer à travailler.

Comment est née l’idée de PTSD et ce personnage principal particulièrement bouleversant ? Pourquoi était-il important qu’il soit une femme ?
C’est dur à dire, cet archétype de personnage existe depuis longtemps dans mes carnets de croquis, que j’ai fait grandir et évoluer au fil des année. J’ai cherché dans mes références ce qui me plaisait vraiment, jusqu’à épurer mes recherches pour trouver le thème de PTSD, car il me permet d’intégrer tous les éléments narratif et graphique qui me plaisait.
Pour le fait que le personnage principal soit une femme, ça n’a pas d’importance, son design est venu naturellement, mais j’ai écrit ce personnage sans que son sexe ne soit important. Ça pourrait être un homme ou une femme.
PTSD, dans les coulisses de l'album © Ankama / Singelin PTSD, dans les coulisses de l'album © Ankama / Singelin PTSD, dans les coulisses de l'album © Ankama / Singelin

Comment t’es-tu organisé en amont de l’écriture du scénario ? As-tu lu de nombreux ouvrages consacrés au stress post-traumatique ? Aurais-tu un bouquin ou un documentaire à conseiller au lecteur désireux d’en apprendre plus sur le sujet ?
J’aurai du mal à conseiller un livre ou un documentaire en particulier. Pour ce sujet je suis parti d’abord de fiction (essentiellement série et film), et ensuite j’ai affiné mes recherches via des petits articles trouvés pioché un peu partout. Le but était plus de capter des témoignages, du ressenti que de chercher une vision histoire et sociétale du PTSD.
Le sujet est très grand et large, du coup je trouvais plus judicieux pour moi de viser surtout le ressenti. C’est pourquoi j’ai décidé de baser l’histoire dans un univers fictif.


As-tu d’emblée trouvé l’apparence de Jun ou est-elle passée par différents stades avant de revêtir celle qu’on lui connaît ?
Si on remonte loin, on peut dire que Jun existe depuis plus de 10 ans. C’est un peu mon perso fétiche que j’ai fait évoluer en terme de design, d’univers, ou de caractère. Elle est passé d’un personnage dans un univers post Apo, à une gameuse, à une chasseuse de prime, etc. Donc c’est plus un travail sur le long terme, mais pas forcément conscient, c’est plus une avancée naturelle.
PTSD, dans les coulisses de l'album © Ankama / Singelin PTSD, dans les coulisses de l'album © Ankama / Singelin PTSD, dans les coulisses de l'album © Ankama / Singelin

Peux-tu nous en dire plus sur ta façon de travailler ? Du synopsis à la planches finalisée, quelles sont les différentes étapes de ton travail ?
Les étapes sont assez classiques, j’ai passé beaucoup de temps sur l’écriture, à faire le script total. Mais à ce moment je me suis laissé une liberté sur les dialogues et la mise en scène.
Après ça j’ai divisé le récit en scène, que j’ai storyboardé (des petits dessins rapides des planche pour poser la mise en scène). Et ensuite le classique crayonnés, encrage des pages et mise en couleur. Enfin j’ai reposé les dialogues que j’ajuste en fonction des pages, parfois j’en rajoute pour mieux explicité, parfois au contraire j’en supprime quand le dessin est plus parlant, et je modifie ou enrichie certains passages. Sur un long projet on cogite tout le temps, du coup entre le script de base et la fin du projet nos idées évoluent aussi.

Quelle étape te procure le plus de plaisir ?
Ça serait les recherches initiales. Toute l’étape de création des personnages, du lieu, de la recherche documentaire, et aussi le début du script quand on commence à vraiment donner vie aux personnages. Et plus pragmatique l’encrage, car on donne une des étapes finales mais tout en étant un peu en pilote automatique. C’est une phase assez agréable.
PTSD, dans les coulisses de l'album © Ankama / Singelin PTSD, dans les coulisses de l'album © Ankama / Singelin

Dans quel environnement sonore travailles-tu habituellement ? silence monacal ? musique de circonstance ? Radio ?
Ça dépend de l’étape, les parties très réflexion, écriture et story board c’est le silence pour être bien concentré. Ensuite pour les étapes plus tranquille (encrage et couleurs), c’est soit de la musique, pas forcement en lien avec ce que je dessine c’est plus là pour me motiver, ou alors beaucoup de podcast ou documentaire divers et variés.
PTSD, rough de la planche 4 © Ankama / SingelinPTSD, encrage de la planche 4 © Ankama / Singelin

Peux-tu nous dire quelques mots sur tes projets présents et à venir et plus particulièrement sur ton prochain album?
Mon prochain projet se fera avec Run (auteur de Mutafukaz) au scénario, j'y travaille depuis un certain moment, mais je ne peux rien vraiment dire de plus.

Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur?
J'ai mis un peu de temps à m'y mettre mais le manga Yotsuba de Kiyohiko Azuma est une merveille, et au cinéma Vice de Adam McKay.
PTSD, rough de la planche 5 © Ankama / SingelinPTSD, encrage de la planche 5 © Ankama / Singelin

Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Haha je ne pense pas.

Un dernier mot pour la postérité?
Hehe c'est encore trop tôt pour léguer quelque chose à la postérité.

Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé…
PTSD, rough de la planche 6 © Ankama / SingelinPTSD, encrage de la planche 6 © Ankama / Singelin
Le Korrigan