Chapitre 10 : Le pouvoir des innocents
30 ans d’édition, par Sébastien Gnaedig
Alors que j’arrive chez Delcourt, le premier tome du «Pouvoir des innocents» vient de paraître. De prime abord, cette série me semble un thriller classique aux rebondissements prévisibles… et pourtant : rarement une série m’aura antant surpris. Car Luc Brunschwig est passé maître, dès son premier livre, d’emmener le lecteur là où il ne l’attend pas ! Le travail de Laurent Hirn est complètement au service du récit et contribue grandement à faire du «Pouvoir des innocents» un grand «page turner»…
Mais l’essentiel n’est pas là et c’est la raison pour laquelle je deviendrai l’éditeur de cette série - la plus longue de ma carrière - en reprenant dix ans après la fin du premier cycle la publication du Pouvoir : S’il est un habile constructeur de récit, Luc brunschwig est littéralement habité par ses personnages dont les faits et gestes mènent l’histoire. On fait corps avec eux. Joshua Logan, Jessica Ruppert ou Steven Providence deviennent des proches, dont on veut prendre des nouvelles.
Luc Brunschwig est en ce sens un précurseur de ce qui sera à l’œuvre dans les séries télévisuelles plus tard : «Six feet Under», «Breaking bad», «Les Spranos», «The Shield», ne font pas autre chose en s’appuyant sur des personnages mémorables.
Car il y a un autre point important dans les récits de Luc Brunschwig : ils sont engagés et révoltés contre le modèle de société ultra libéral qui domine le monde… alors, avec parfois de la naïveté, un rien de complotisme (enfin beaucoup dans «Le pouvoir des innocents»
, il ose proposer un autre modèle. J’aime ses récits au premier degré, aux personnages touchants, souvent enfantins, qui traversent ses séries : «Urban», «Holmes», «La mémoire dans les poches» (surement son récit le plus intimiste)…
Je veux croire que cette longue saga se terminera avec le cinquième tome du cycle 3, «Les enfants de Jessica», en juin 2022 pour les 30 ans de publication de la série
par Sébastien Gnaedig