Chapitre 12 : Nahédig
30 ans d’édition, par Sébastien Gnaedig
Pour finir ces souvenirs de ma période Delcourt (1992-1996) je finirai par un post collectif sur l’une des collections emblématiques des éditions dont j’ai vu le démarrage avec «Mémoire de sable» d’Isabelle Dethan.
Une collection dédiée aux mondes imaginaires dont l’éclectisme était réjouissant.
Il y avait les mondes «fantasy» comme «Le dernier loup d’Oz» de Lidwine. Une quête qui s’arrêta hélas au… prologue, tant l’ami Dominique papillonne, entre ses histoires et le militantisme (un beau collectif en soutien aux faucheurs d’OGM dont lequel je fis une histoire sur scénario de Laurent Galandon). Pierre Dubois y réalise deux belles séries, «Les Lutins» (dessin Stéphane Duval) et «Petrus Barbigère» avec le tout jeune Joann Sfar.
On peut y lire aussi les réjouissantes parodies de contes d’Alain Ayroles («Garulfo» avec Bruno Maiorana ou «De capes et de crocs» dessiné par Jean-Luc Masbou).
J’ai une tendresse particuliere pour le monde loufoque de «La nef des fous» de Turf (qu’il continue toujours), dont on réalisa pour la librairie Forbidden Zone un très beau tirage de tête.
Lorsque je pars des éditions pour devenir éditeur aux Humanoïdes Associés, nous allons nous fâcher avec Guy et François durant de longues années, ces derniers m’accusant de débaucher leurs auteurs… car certains, en effet, me proposeront des histoires, comme Luc Brunschwig et Laurent Hirn, Matthieu Lauffray, Vincent Bailly et quelques autres…
Plusieurs choses à dire à cela : je ne travaillais plus pour Delcourt et surtout, un auteur n’appartient pas à un éditeur. Il est libre d’aller où il veut ! Et je pense profondément qu’au-delà du contrat qui nous lie (et de ses conditions), c’est dans la relation de confiance et de respect réciproques que se créent les compagnonages les plus fructueux (bon cela dit, quand un auteur part ailleurs je râle aussi bien sur… mais j’essaie de comprendre pourquoi !).
L’ambiance délétère qui marqua mon départ les mois qui suivirent m’amena à m’éloigner de certains auteurs avec qui j’avais noué des liens fort sympathiques, ce que j’ai regretté. Fabrice Lebeault me fit un clin d’œil inattendu après mon départ, en appelant le tome 3 de sa série «Horologiom» (qui est l’un de mes autres coups de cœur) du nom d’un des personnages de l’histoire : NAHÉDIG (bon c’est un horrible bureaucrate
.
par Sébastien Gnaedig