Chapitre 16 : Dupuy & Berberian (2)
30 ans d’édition, par Sébastien Gnaedig
1998 fut surement l’une de mes plus belles années éditoriales, une année exceptionnelle à bien des égards, qui commence il est vrai avec la naissance de ma première fille, Sidonie! Cela dit, une semaine après sa naissance, je suis à Angoulême pour présenter le programme des Humanos en tant que… directeur éditorial.
J’y présente «Vivons heureux sans en avoir l’air» (tout un programme là aussi), le 4e tome de «Monsieur Jean» de Dupuy & Berberian dont je suis devenu l’éditeur.
Ce titre est un tournant dans la série. C’est la première fois qu’une histoire de «Monsieur Jean» se déroule le temps d’un récit complet (et non en récits courts) et les auteurs, en entrelaçant le passé à Montparnasse et le présent du personnage, réussissent à mon sens l’un de leur plus beaux livres. Le public et la critique ne s’y trompent pas et la série prend son envol. C’est peut être le livre où j’ai eu le plus la sensation qu’il était parfaitement dans l’air du temps (pas à la mode, hein, qu’il reflétait son époque). Un an plus tard, le livre rafle l’Alph’Art du meilleur album à Angoulême (que j’ai en garde depuis:)… le seul Prix du meilleur album que j’ai eu de ma carrière (heureusement, je me suis rattrapé sur les grands Prix !).
J’ai la chance de continuer depuis à les éditer, même lorsque, à l’instar des Beatles, ils continuèrent leur carrière solo tels John Lennon et Paul Mac Cartney !
Il faut lire le dernier livre de Philippe Dupuy, «J’aurais voulu faire de la bande dessinée» qui raconte sa passion de la bande dessinée dans un dialogue ludique avec les musiciens Stephen Oliva et Dominique A et qui parle, mieux que je ne saurai le faire dans ces chroniques, de l’art et la création…
Charles Berberian revisite, pour les quinze ans de la collection de bande dessinée co-éditée avec le musée Louvre en fin d’année, l’épopée de Gilgamesh : c’est drôle et érudit à la fois.
Travailler dans la durée avec des auteurs, c’est la meilleure façon de faire de bons livres… la relation de confiance est là, on se connaît par cœur et comme dirait l’autre, on regarde dans la même direction !
par Sébastien Gnaedig