Chapitre 30 : Jean-C. Denis
30 ans d’édition, par Sébastien Gnaedig
Ah ! la petite musique de Jean-Claude ! Que ce soit dans sa seule série, «Luc Leroi» (qui fête ses 40 ans cette année !) ou dans ses autres récits, on la retrouve immanquablement.
Qu’il anime son double de papier ou des personnages féminins, le ton est là, juste, sans une once de caricature.
Depuis plus de 40 ans, Jean-C. Denis défriche une bande dessinée quotidienne, drôle, souvent poétique, jamais vulgaire. Dans un monde de plus en plus tonitruant, ça fait du bien ! Sans vouloir minimiser son talent, il faut reconnaître qu’il ne va pas chercher très loin ses person-nages tant ils empruntent à sa personnalité.
Jean-C. Denis observe le monde comme il va, avec une sorte de détachement amusé. Et pour-tant, quand on le connait, on s’aperçoit qu’il n’en est rien. Jean-Claude est en fait particulière-ment attentif aux autres. Rien ne lui échappe. C’est pourquoi il est si prévenant avec ses amis. Il va souvent d’ailleurs anticiper nos réactions. Quand on travaille avec lui il convient d’être très attentif aussi à la manière dont il présente les choses. Rien n’est jamais appuyé mais les questions sont posées et demandent des réponses précises !
Les récits de Jean-Claude semblent couler de source. Car c’est aussi un grand technicien qui cherche avant tout à cacher les «ficelles», pour faire surgir les émotions. Dans «La beauté à domicile», une voix-off court tout le long de la première moitié du récit, venant en contrepoint de l’action qui se déroule. Elle semble être la voix intérieure du personnage que l’on suit avant que l’on comprenne qu’il s’agit de celle de l’autre protagoniste qui apparaît alors à ce stade du récit.
Le premier livre que je publie est «Quelques mois à l’Amélie». Un écrivain en panne d’inspiration qui part à la recherche d’un auteur qui l’a inspiré, l’intention de départ semble rebattue et pourtant il devient l’un de ses plus grands succès. Il faut dire qu’il y a Marianne, l’une de ces femmes inoubliables dont Cosey dit à juste titre que l’on tombe immanquable-ment amoureux et qu’on est certain de finir le récit le cœur brisé de la quitter !
Jean-Claude est fidèle. Il fut l’un des premiers auteurs à accepter de me suivre chez Futuropo-lis. Lui qui avait débuté avec Étienne Robial bien des années auparavant avec «Cours tout nu» (quel titre pour un premier livre !) n’a pas hésité à mettre sa réputation au service de cette re-prise… Jean-Claude sait qu’il peut compter sur la mienne (de fidélité) tant le plaisir de l’accompagner est un privilège !
par Sébastien Gnaedig