Chapitre 31 : Empreinte(s)
30 ans d’édition, par Sébastien Gnaedig
Empreinte(s) est le chaînon manquant entre Aire Libre et repérages. Elle vient combler un vide dans le développement ado-adulte de Dupuis. Le temps n’est plus à la série longue. Je côtoie une nouvelle génération d’auteurs qui pense en récits plus courts, en cycles de 4 ou 5 tomes, le temps de déployer un récit qui ne s’appuie plus forcément sur un héros récurrent. Pour ces pro-jets, pas d’écrin pour les accueillir. Et puis je pense aux auteurs, proches des éditions, qui sont partis ailleurs car Dupuis ne pouvait alors accueillir leurs nouvelles envies : Yslaire avec «Sambre», Yann et Berthet avec «Pin up» et surtout «Le décalogue» de Frank Giroud ! Je sais bien que ces récits se seraient surement faits ailleurs car il y a eu des éditeurs pour y croire mais cela aurait ouvert la discussion !
Yann, Berthet et Giroud vont d’ailleurs répondre présents à mes sollicitations. Avec «Yoni», Yann et Berthet explorent même un genre qu’ils n’avaient pas abordés jusqu’ici, la science-fiction. Frank Giroud va nous offrir deux projets à tiroirs dont il est passé maître : «Quintett» et «Secrets», qui va particulièrement inspirer cet auteur explorateur de l’âme hu-maine puisqu’il signera 9 récits de secrets de famille, de 2 ou 3 volumes dans la collection, avant sa disparition, survenue bien trop tôt, à 62 ans.
Pour ces récits de scénariste, il faut cependant trouver des dessinateurs ! Avec «Pandora box» je vais être servi : Huit albums, pour sept dessinateurs. Chaque album associe chacun l’un des sept péchés capitaux à une technologie moderne et à un mythe grec.
L’ensemble est écrit par un tout jeune scénariste qui va faire parler de lui : Didier Alcante. C’est Thierry Tinlot, le «boss» de Spirou qui me l’envoie. Il lui a pris plusieurs histoires courtes dans le jour-nal et est bluffé par l’ambition du projet. J’avoue être impressionné par la maitrise de ce jeune auteur qui utilise cette triple contrainte pour raconter notre époque…
J’accueille aussi un scénariste aux univers baroques, Denis-Pierre Filippi que je connais des Humanos, associé à un auteur très original : Éric Liberge : Ce sera «Les corsaires d’Alcibiade». J’en profite pour récupérer un petit bijou macabre, «Monsieur Mardi-Gras Descendres», d’une belle puissance poétique (Éric est le roi incontesté du dessin de squelette !). La collection, reprise par Louis-Antoine Dujardin, sera dissoute, les projets paraissant ensuite sans marque distincte.
par Sébastien Gnaedig