Après «Mes voisins sont formidables», nous décidons, avec Philippe Thirault, d’explorer le monde de l’entreprise. À l’époque, Philippe a réuni de nombreuses anecdotes dans son entourage proche… L’histoire de «Vider la corbeille» se passe dans une petite entreprise de cheminées artificielles décorées, La Bucha… avec un héros très discret, Stanislas Réveillère (oui, Philippe aime le foot) qui va se révéler être une taupe de la direction… Les situations me font rire en les dessinant, c’est noir, assez cruel, j’adore !
Nous proposons le projet à Guy Vidal qui, à ma grande surprise, l’accepte pour Poisson pilote qui vient tout juste de démarrer. Nous allons même chez Dargaud négocier le contrat. Un essai couleur est réalisé. Mais le projet doit passer par le comité de lecture…Trois semaines plus tard, Guy me dira qu’il vaut mieux qu’un projet soit accepté par toute une mai-son pour réussir… Qu’un éditeur de son envergure ne puisse décider pour sa collection de prédilection me désole un peu.
Ce sera finalement Alain David qui prendra «Vider la corbeille» chez Rackham.
À sa sortie, en 2003, Claude Gendrot me dit qu’il aurait édité cette histoire si je n’avais pas été chez Dupuis. Qu’à cela ne tienne… Quand, un an plus tard nous attaquons la suite, où Stanislas Réveillère est devenu un DRH impitoyable chez le leader européen du gras, Sweet fat, je viens de quitter Dupuis. Corinne Bertrand et Claude acceptent «Une épaisse couche de sentiments» pour la collection Expresso ! Et c’est la talentueuse Ruby qui fera les couleurs, chic !
À sa sortie, nous rencontrerons en dédicace des DRH qui viendront nous raconter leurs diffi-cultés… Pourtant, si nos histoires semblent parfois invraisemblables, elles se basent sur des anecdotes véridiques. Nous sommes même bien en-dessous des pratiques qui sont en cours dans le monde du travail, ce que racontent parfaitement Arnaud Delalande, Hubert Prolon-geau et Grégory Mardon dans «Le travail m’a tué».
Je caresse le projet de réunir ces deux chapitres, agrémentés d’un épilogue dans une inté-grale… peut être un jour, Philippe ?
Pour l’anecdote, c’est Thierry Robin qui dessinera le logo du monde inhumain des ressources humaines sur la couverture…
par Sébastien Gnaedig