Chapitre 42 : Les collectifs - Troisième partie
30 ans d’édition, par Sébastien Gnaedig
La dame à la licorne
J’ai l’habitude de dire que je fais la sortie des écoles… comprendre que je suis régulièrement juré des diplômes de fin de cycle dans des écoles d’art graphiques comme l’école Saint-Luc à Bruxelles.
Mais c’est à l’école Estienne que je me rends le plus volontiers, au point que j’ai mon rond de serviette à la cantine. Douze d’élèves par an sont retenus pour sa section illustration sur plu-sieurs centaines de candidats. Et leur niveau est impressionnant : non seulement ils dessinent bien, ils écrivent bien mais ils savent parler de leurs travaux (mes respects à toute l’équipe en-seignante, notamment à Stéphane Soularue et Jeff Pourquié). Nous les rencontrons en février pour la présentation de leur projet de diplôme. À ce stade, il s’agit de voir si leur projet tient la route et de les conseiller éventuellement.
En juin, leur projet doit être terminé et édité. J’ai vu certains élèves se lancer sur une bd de 120 pages ! Je publierai d’ailleurs deux diplômes, celui de Zéphir (Le grand combat) et celui de Camille Royer (Mon premier rêve en Japonais).
Lorsque l’équipe du musée de Cluny vient nous trouver, Fabrice Douar et moi, pour nous pro-poser de collaborer ensemble, me vient l’idée de confronter l’univers de ce musée, spécialisé dans l’art médiéval, avec ces artistes en herbe le temps d’une histoire. Nous choisissons une œuvre emblématique du musée, La dame à la licorne, série de 6 tapisseries tissées en 1500 re-présentant les 5 sens ainsi qu’un mystérieux 6e intitulé Mon seul désir.
Je me lance dans un projet assez chronophage. Je choisis 10 étudiants sur les deux années écoulées où j’ai été juré. Puis, je propose à l’école que cet exercice soit au programme l’année suivante : tous les étudiants, après une visite guidée par la directrice, Élisabeth Taburet-Delahaye, travailleront sur le sujet le temps d’un workshop d’une semaine. À la fin de l’exercice, les meilleures histoires seront retenues par un jury constitué de l’équipe du musée, Fabrice Douar, moi et Emile Bravo, juré cette année-là et parrain du livre. Le résultat est dé-coiffant ! À tel point que leurs travaux seront exposés pendant plusieurs mois.
par Sébastien Gnaedig