Chapitre 51 : Didier Gonord
30 ans d’édition, par Sébastien Gnaedig
Je rencontre Didier Gonord aux Humanoïdes Associés en 1990, alors qu’il est l’assistant du directeur artistique, Christian Gaudin. Didier a été illustrateur, peintre et a même réalisé des histoires courtes dans (À suivre) avec son frère Gilles (le scénariste du «Soleil des loups»).
Il y conçoit entre autres des couvertures de rééditions magnifiques de Breccia, Druillet ou même Corben sans le concours des auteurs. Lorsque je reviens aux Humanos en tant qu’éditeur, il en est le directeur artistique. Lui qui vient, en tant que graphiste, d’autres do-maines que la bande dessinée, il révolutionne selon moi la manière de penser la couverture. À l’époque, la plupart des bd se déclinent en série. Il faut le titre en haut pour les retrouver dans les bacs. Pour lui, une couverture n’a d’utilité qu’ en vitrine ou sur table et donc, il faut la con-cevoir comme une affiche, les typos pouvant se mélanger aux dessins… ce qui n’est alors pas du tout une habitude… les titres venant généralement dans des «ciels» ou des cartouches pré-vus à cet effet.
Pour lui, son rôle est d’amener le lecteur à ouvrir un livre, le reste, c’est du ressort de l’auteur.
Mais son talent va au-delà de la conception des typographies des couvertures : ce pur visuel propose souvent les images de couvertures, repérant en feuilletant les pages l’image qui pour-rait symboliser le propos. Il envoie alors une «barbouille» aux auteurs pour leur proposer ses pistes… quelques exemples parmi d’autres, ci-joints, de couverture conçues par lui. C’est lui qui a trouvé l’idée de «Profession du père». Nous allons travailler main dans la main aux Hu-manos, chez Dupuis puis chez Futuropolis où il va avoir un rôle plus essentiel encore. En-semble, nous convenons qu’il n’y aura pas de maquettes types, pour mieux mettre en avant le propos et l’univers graphique de chaque auteur. À lui de faire en sorte que la maison soit re-connaissable à chaque parution. Cela va passer par un travail sur la forme même des livres, dans leur format, leur papier et leur reliure. Didier proposera ainsi de revenir au cartonné pour les romans graphiques, d’avoir un dos rond qui tranche avec les dos carrés habituels et qui s’ouvre mieux, rajoutant même un petit tranchefile pour tenir les pages (regardez dans l’épaisseur des livres).
Je reste épaté par sa capacité à trouver, livre après livre, des présentations originales, qui ont été souvent copiées !
par Sébastien Gnaedig