Bonjour et merci de te (re)prêter au petit jeu de l’entretien !
Bonjour à toi et merci à nouveau de m'accueillir sur les sentiers.
Merci à toi surtout !
Pour ceux qui ne te connaissent pas encore et qui n’ont pas lu le premier entretien que tu nous as accordé (en 2011, ça ne nous rajeunis pas !), peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis un auteur de jeux niçois qui sévit dans le milieu depuis une dizaine d'années avec 2 livres de Jeu de Rôles et 9 jeux de société édités au compteur. J'ai 45 ans et je crois bien avoir toujours été joueur : des jeux classiques aux jeux de rôles, des jeux vidéos aux jeux de société ... j'ai joué à quasiment tout, tout le temps (ma seule restriction étant les jeux d'argents, ça ne m'amuse pas ...).
Es-tu plutôt ameritrash, eurogame, LIdJA ?
Ça dépend vraiment des envies du moment et des joueurs autour de la table, je n'ai pas particulièrement de préférences il suffit juste que le jeu me plaise ; peu importe sa complexité ou sa durée.
Quels sont actuellement tes jeux de chevet ?
Paradoxalement le confinement fait que je joue moins qu'en temps normal, pas de soirées jeux, plus de choses à faire à la maison... Je joue essentiellement à des protos sur lesquels je travaille.
Mais si je devais en citer quelques-uns qui m'ont plu et auquel je joue de temps en temps avec mes enfants, je citeras
Salade de Points,
Hadara et je me tâte pour les initier aux Jeux de Rôles, j'ai d'ailleurs ressorti mes manuels de
Donjon et Dragon 3.5 .
Quels sont te dernières découvertes en matière de jeu de rôle ?
Malheureusement je n'ai pas le temps d'y jouer, ça fait partie de ces choses dont on se dit, ce serait tellement bien il faut absolument y jouer et puis ... Du coup, je suis totalement déconnecté de l'actualité rôlistique. Ma dernière partie doit remonter à 7 ou 8 ans, c'est bien trop long ...
Quelles sont pour toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier de créateur de jeu?
Créer un jeu est un jeu en soi, on essaie, cherche des solutions et on est aux anges quand ça marche. On remet le couvert et on essaie d'améliorer 'son score' en faisant encore mieux.
Cet aspect est vraiment très sympa, le second qui fait plaisir c'est quand on voit un de ses jeux qui sort en boutique. On espère que les joueurs vont pouvoir prendre autant de plaisir avec qu'on en a eu à le créer.
Au rang des difficultés : on ne trouve pas toujours de solution et par conséquent, on a généralement beaucoup plus de projet qui sont abandonnés que de projets qui aboutissent.
D'un point de vue éditorial il y a aussi bien une saturation au niveau des éditeurs qui sont abreuvés de propositions de prototypes qu'une saturation du marché avec trop de jeux qui sortent (et le confinement ne va pas arranger les choses ...).
Magnum Opus vient de paraître sur les étals… Une idée en particulier est-elle à l’origine de ce jeu alliant avec élégance draft, combos et majorité ?
En fait, je voulais faire un jeu relativement rapide aux règles simples, avec une forte interaction, et beaucoup de profondeur qui amène une vraie tension chez les joueurs. L'alchimie des mécaniques s'est faite de manière logique, un problème appelant une solution et les pièces du puzzle se sont assemblées naturellement.
Combien de temps s’est écoulé entre le premier proto et l’édition du jeu ?
Le jeu a une histoire un peu particulière puisqu'il est passé entre les mains de deux éditeurs.
Le premier prototype date de 2015, le jeu aurait dû sortir avec un autre thème pour Essen 2017 chez In Ludo Veritas, qui a arrêté son activité d'édition durant l'été 2017 alors que nous étions en cours de finalisation du projet...
Ayant récupéré les droits, je l'ai proposé à Bragelonne Games qui était en train naître et c'est sous leur bannière qu'il est édité aujourd'hui.
Les mécanismes ont-ils beaucoup évolué durant cette période ?
Les mécanismes principaux n'ont pas bougé depuis le début, mais il y a eu des ajustements et des améliorations. Les ingrédients à collecter, les 2 marchés différents, les financements en cas d'égalités, les ingrédients à la mode, les cartes Magnum Opus ... sont apparus au fil des tests pour amener moins de frustrations chez les joueurs et plus de contrôle.
Dans quel jeu as-tu découvert ce mécanisme génial qu’est le draft ? Qu’est-ce que t’a donné envie de l’utiliser comme rouage principal de Magnum Opus ?
Comme beaucoup de joueurs je suppose :
7 wonders a été le jeu qui a mis le draft sous le feu des projecteurs.
Pour Magnum opus, l'un des critères que je m'étais fixé était que la partie soit rapide et fluide, le draft permettait d'obtenir cela tout en créant une interaction forte. Le fait qu'on y ajoute de la majorité m'a par contre contraint à trouver une solution pour éviter les situations d'égalité qui auraient empêché le jeu de fonctionner. Là encore, la réponse a été assez logique, un deck supplémentaire qui servirait de temporisation au draft solutionnerait les choses, non seulement ça a fonctionné mais ça en plus enrichi l'aspect stratégique du jeu.
L’équilibrage entre les faveurs accordées par les différents personnages t’a-t-il donné du fil à retordre ?
Là encore j'aimerais me faire mousser en disant que ça a été un casse-tête, mais même pas, les faveurs répondent à une logique qui fait qu'il était très difficile d'en trouver d'autres et que leur ordre de résolution s'est quasiment imposé de lui-même.
A quel comment la thématique alchimique s’est-elle imposée ?
En fait comme je l'ai dit plus haut à la base le jeu est essentiellement mécanique, la question du thème a été peut-être le plus long travail.
Chez le premier éditeur après de très nombreux échanges, nous étions partis sur un thème de chasseur cueilleur illustré par Maud Chalmel.
Lorsque j'ai présenté le jeu à Bragelonne Games avec les illustrations quasi finies, ils ne sont pas reconnus dans cet univers et nous avons dû retravailler un nouveau thème. C'est à Essen 2018 que le thème de l'alchimie à Prague a été validé et que Sébastien Célerin m'annonçait qu'Arnaud Demaegd se chargerait des illustrations. Et très franchement je me trouve particulièrement gâté par le résultat final. Lorsque tu me demandais plus haut quelles étaient les grandes joies du métier d'auteur de jeu et bien voir un jeu édité de la sorte est un sacré cadeau !
Tu m’étonnes, le matériel est vraiment somptueux et donne furieusement envie de devenir alchimiste ! Sans doute est-ce Sébastien, auteur phare de Nephilim, qui a soufflé l’idée de la thématique… D’autres thèmes avaient-ils été envisagés ?
De mémoire, je crois que Sébastien m'a présenté le nouveau thème lors du salon d'Essen 2018 et que tout de suite on a senti que ça pouvait vraiment bien le faire.
Ensuite aussi bien l'équipe de Bragelonne qu'Arnaud on fait un travail vraiment remarquable pour nourrir le thème et lui donner une vraie cohérence historique. Hermès Malavici est par exemple l'un des pseudonymes de Michael Maier célèbre alchimiste allemand.
Pourquoi ne pas avoir nommé les différentes composantes alchimiques pour renforcer la thématique comme cela a été fait avec la courte biographie de chacun des personnages ?
Je pense que cela répondait à une contrainte éditoriale de tout faire rentrer dans le livret de règles en garder une présentation aérée. Autant la présentation des personnages aident à leurs donner corps et aussi à connaître leurs effets, autant les ingrédients c'était moins important d'un point de vue mécanique.
Mais effectivement on aurait pu les nommer ... d'ailleurs bien souvent sur les parties auxquelles j'ai assisté, certains ingrédients se voient appelés : 'la tête de mort', 'la plume de phénix', 'les fleurs' ...
Comment te sens-tu généralement lorsqu’un de tes jeux parait sur les étals ?
C'est bien souvent un mélange de satisfaction et d'anxiété. Satisfait car le jeu est arrivé au bout du chemin et va pouvoir être joué à large échelle, anxieux car on ne sait pas quel accueil va lui être réservé, est-ce que le public sera au rendez-vous ?
Pourrais-tu en quelques mots nous parler de tes projets présents et à venir ?
Et bien j'ai normalement 2 jeux dans les tuyaux :
Mon Royaume pour un Conte un autre jeu de draft créé avec Jérémie Caplanne qui devrait paraitre cette année chez Sweet Games et
Manhunt mon premier coopératif ou l'on doit traquer un serial killer qui devrait paraitre chez les XII Singes / Bragelonne Games.
J'ai également des protos en tests à divers niveaux d'avancement chez des éditeurs, mais pour l'instant rien de concret.
En cette étrange période de confinement, aurais-tu des bd, romans, jeux, séries, films ou jeux vidéo à conseiller à nos lecteurs confinés ?
Je suis désolé mais je ne suis vraiment pas BD, les romans j'en ai lu beaucoup à une certaine époque, mais je dois dire avec un peu de honte que ça fait bien longtemps que je ne suis plus plongé dans l'un d'entre eux.
Au niveau des séries, je ne vais pas forcément me faire d'amis mais je conseillerais à ceux qui sont passés à côté de
the Witcher de lui redonner sa chance, j'ai regardé la première saison 2 fois et c'est vraiment très sympa même si pas simple d'accès vu les choix scénaristiques qui ont été faits. Sinon en ce moment je regarde
Viking, au moment de sa sortie, je n'avais pas accroché, mais finalement ça fait le job pour le confinement
.
Au niveau des jeux vidéos,
Hearthstone réussit à se renouveler avec brio et c'est toujours un plaisir d'y jouer même en faisant cela en dilettante, une vraie réussite si on aime ce genre de jeu.
Y a-t-il un jeu dont tu attends tout particulièrement la sortie? (si on se déconfine un jour )
Je n'achète en définitive que peu de jeux (enfin trop selon ma femme, mais je dois en être à une quinzaine par an au grand maximum) et il n'y en a pas forcément qui me font envie en ce moment ...
Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu aimerais néanmoins répondre ?
Magnum Opus est l'un de mes rares jeux dont je peux enchainer les parties après sa sortie en prenant toujours autant de plaisir même après des centaines de parties au compteur.
Un dernier mot pour la postérité ?
Restez chez vous et jouez
Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !
Merci à toi