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Entretien avec Gwenaël Marcé
interview accordée aux SdI en août 2020


Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ? Si oui, je me ferais violence mais je sais qu’un « tu » risque tôt ou tard de partir tout seul pendant que je nettoierai mon clavier…

Non, non, aucune opposition farouche sur ce sujet là. smiley

Merci à vous, enfin à toi… je transforme les questions dès lors…
Peux-tu nous parler de vous en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans ?)

Je suis Gwenaël Marcé (quelques fois ‘‘connu’’ sous le pseudonyme de Weissengel), scénariste et dessinateur de Bande-Dessinées.

Je ne suis plus jeune, mais pas encore tout à fait vieux.

Presque autodidacte jusqu’à mon Bac (dès le lycée, j’ai rejoint un atelier dessin/bande-dessinée dans le cadre des activités para-scolaires du mercredi, atelier que fréquentaient, au moins, deux autres personnes qui, aujourd’hui encore, sévissent dans le milieu du neuvième art).

Le Bac en poche, je suis parti loin dans le nord afin d’intégrer l’Académie Royale des Beaux-Arts de Tournai (plus communément nommé l’Aca par ses anciens élèves), en Belgique, dans la section Bande-Dessinée/Illustration que dirigeait de main de maître Antonio Cossu.

Cinq ans plus tard, les études achevées, ce fût démarchage des éditeurs pendant quelques années pour finir par signer mon premier contrat dans un album collectif sur Higelin aux éditions Petit à Petit.

Passions : bande-dessinée, livres, bande-dessinée, jeux de rôles, bande-dessinée, cinéma, bande-dessinée, jeux vidéos, bande-dessinée, Histoire, bande-dessinée, comics et mangas.

Qualités : beaucoup, malheureusement contrebalancées par un nombre à peu près égal de défauts.

Sinon, mais ça reste entre nous, on m’a plutôt conseillé le Liechtenstein et le Luxembourg, plus sûrs et plus discrets question comptes bancaires par les temps qui courent. smiley

Le serment de l'acier, Aelis © Ferrari / MarceTu sembles aimer la BD smiley
Juste un peu. :)

A lire ton album, je me disais bien que tu avais du tâter du JdR… Quels furent (ou quels sont) tes jeux de rôle de chevet ?
Je vais rester sur des souvenirs de jeunesse, car cela fait bien longtemps que je n’ai eu l’occasion de jouer autour d’une table (et bien que j’attende avec impatience des projets reportés par la pandémie : commencer une campagne de l’Anneau Unique avec des amis et la livraison des livres de Gods.)

En vrac : L’œil noir (ce fût mon premier, la suite logique des livres dont vous êtes le héros), JRTM, Warhammer, Hawkmoon, Vampire, Stormbringer, l’appel de Cthulhu...

Si tu devais expliquer ce qu’est le JdR à ma grand-mère, que lui dirais-tu ?
Qu’il faut aimer se glisser dans la peau d’un ou d’une autre, partir pour des horizons lointains, vivres des aventures trépidantes pendant des heures, entouré des potes et autour d’une table avec pour seuls outils son imagination, des crayons et de quelques dés bizarres.

C’est bon ? Elle est convaincue ?

Le serment de l'acier, Estèla © Ferrari / MarceElle est assise à table avec des dés, une feuille, un crayon, des pizzas froides et du coca… elle doit être convaincue smiley

Quels sont ton meilleur et ton pire souvenir de JdR ?

Des soirées et des nuits à arpenter la Terre du milieu ou à affronter les légions de Grandbretonnes de Méliadus de Kroiden pour les meilleures…

Deux hécatombes pour les pires : Une fusillade digne de Heat en plein Paris lors d’une partie de James Bond où nos personnages ont fini sous les balles. Et la visite d’une maison hantée qui a, à peu près, eu le même résultat dans l’appel de Cthulhu…

Quelle idée aussi d’aller explorer en pleine nuit un site connu comme maléfique (avec le recul, je me dis qu’on devait jouer comme des bourrins). smiley

Que celui qui n’a jamais joué comme un bourrin te jette la première pierre smiley

Le serment de l'acier, Peuple Romani © Ferrari / MarceEnfant, quel lecteur étais-tu et quels étaient tes livres de chevet ? La BD a-t-elle toujours occupée une place de choix ?

Je n’ai pas souvenir d’avoir eu quelque difficulté que ce soit à me plonger dans la lecture, au contraire, j’ai toujours aimé ça.

Mes lectures marquantes d’enfant étaient déjà tournées vers l’imaginaire : « La fameuse invasion de la Sicile par les ours » de Dino Buzzati, « Charlie et la chocolaterie » de Roald Dahl ou, dans la fameuse Bibliothèque Verte, les séries « Les conquérants de l’impossible » et « Les évadés du temps » de Philippe Ébly, qui m’ont enchanté.
Puis, à l’adolescence sont arrivés Tolkien, Howard, Lovecraft, Herbert, Mc Caffrey…

Concernant la BD, s’il n’y en avait pas dans la bibliothèque de mes parents, chez mes grands-parents, par contre, se trouvait des Tintin et des Astérix, laissés là par un de mes oncles et qu’on ne se lassait jamais de feuilleter avec mes frères.

As-tu vu le film d’animation de Lorenzo Mattotti, somptueuse adaptation de La fameuse invasion de la Sicile par les ours ? Qu’en as-tu pensé ?
Oui, j’ai beaucoup aimé.

C’est fidèle au roman avec la beauté graphique de Mattotti en plus.

Le serment de l'acier, Peuple Lacustre © Ferrari / MarceJ’avoue que je ne connaissais pas l’œuvre mais les images du film m’ont subjugué !

A quel moment l’idée de devenir auteur de BD a-t-elle germée ? Un auteur en particulier a-t-il suscité ta vocation ? Cela a-t-il relevé du parcours du combattant ?

Vers 13, 14 ans, ça s’est imposé à moi comme une évidence, c’était ce que je voulais faire.
Les graines étaient cependant semées bien avant, puisque je crois avoir toujours tenté de raconter des histoires en dessinant ou d’en écrire pour d’autres (il y avait des cases, des phylactères, mais de là a appeler ça de la Bande-Dessinée…)

Difficile de ne citer qu’un seul auteur. Adolescent, tout mon argent de poche passait dans la BD : le journal de Tintin, de Spirou, Spécial Strange, Titans, Conan et mes premiers albums.

En vrac, je citerais Rosinski et Van Hamme avec Thorgal et le Grand pouvoir du Chninkel, Mezières et Christin avec Valérian, Andreas avec Rork, Claremont, Romita Jr et Silvestri sur les X-men (je n’ai découvert la période Byrne que plus tard), Rick Leonardi sur quelques épisodes des Nouveaux mutants ou des X-men, Michetz avec Kogaratsu…
Sans oublier Otomo et son Akira, bien sûr.


Un parcours semé d’embûches ? Oui, d’une certaine façon, il y a eu pas mal de monde à convaincre, à commencer par les proches, les enseignants, mais la passion permet de surmonter bien des obstacles. smiley

Après, force est de reconnaître qu’il s’agit d’un métier où l’on doit constamment parvenir à convaincre, que ce soit les gens avec lesquels on travaille, les éditeurs, puis les lecteurs...tout en essayant de surmonter ses propres doutes.

Le serment de l'acier, Peuple Lithis © Ferrari / MarceQuelles sont pour vous les grandes joies et les grandes difficultés du métier ? Comment définiriez-vous le métier de scénariste ?
Pouvoir raconter des histoires, faire vivre des personnages, inventer des mondes, construire des intrigues et les voir s’épanouir en images, ça c’est un bonheur intense.

À l’inverse, l’incertitude constante, ne jamais savoir de quoi demain sera fait, comment son travail sera reçu, même si on donne le meilleur de nous même.
Le type d’angoisse commune à tous les métiers d’art.
Mais la difficulté majeure reste la précarité du métier, aucun statut, aucun filet social, des organismes ubuesques censés s’occuper de nos intérêts...
L’uberisation de la société, les auteurs la connaissent depuis bien longtemps, la lutte est permanente.

Pour une définition, je vais reprendre ce que j’ai évoqué plus haut :
La motivation première, c’est de raconter des histoires.
La bande-dessinée est un formidable outil pour cela.

Pourquoi avoir changé de nom de plume pour signer cet album ?
Il s’agit d’une suggestion de l’équipe commerciale de chez Bamboo, mon pseudonyme précédent ayant du mal à m’identifier en tant qu’auteur (ce en quoi ils ont raison, vu que j’ai fait des trucs assez hétéroclites, du dessin, des scénarios jeunesse, entre autres), c’était plus simple de partir sur autre chose.

J’ai donc choisi de signer avec mon prénom (ceci dit, Weissengel n’en est qu’une déclinaison).

Le serment de l'acier, Peuple Onarque © Ferrari / Marce / Gonzalbo
Comment est né le Serment de l’Acier et comment avez-vous rencontré Élisa Ferrari qui en signe les dessins ?
Les toutes premières lignes du synopsis doivent dater d’il y a six ou sept ans. J’avais envie de développer un univers de Fantasy réaliste mâtiné d’influences historiques (certainement sous l’impulsion de mes lectures des livres de Guy Gavriel Kay), notamment les conflits européens (celui de l’ex-Yougoslavie en particulier) et de m’interroger plus globalement sur ce qui nous lie ou divise en tant qu’européens à une époque où le repli sur soi, sur ses frontières, ses identités, est de plus en plus prégnant.

En parallèle s’est greffé au récit une intrigue de polar urbain qui s’imbriquait parfaitement (pour cette partie, j’imagine que ce sont les Salauds gentilshommes de Scott Lynch qui traînaient leurs guêtres dans mon inconscient).

J’ai écrit le Serment de l’acier à partir de ces éléments-là.

Élisa avait repris le dessin de la série jeunesse Les Elfées que je co-scénarise avec Serge Carrère chez Dargaud et on était très content de travailler avec elle.
J’avais eu l’occasion de voir certaines de ses illustrations de Fantasy, plus réalistes et que j’aimais beaucoup.

Lorsque le scénario du Serment de l’acier a été validé, j’ai demandé à Élisa si ça l’intéressait de travailler sur ce nouveau projet, tout en continuant les Elfées.

Elle a répondu par l’affirmative et elle a très bien fait ! smiley

Peux-tu en quelques mots nous présenter de l’univers dans lequel se déroule la série ?
Il était une fois le Vaste Pays…smiley

C’est un monde d’inspiration médiéval, uniquement peuplé d’humains, la magie existe, mais elle est rare.

Ce Vaste Pays était autrefois unifié, cinq nations et un peuple voyageur, aux modes de vie et aux cultures diverses parvenaient à y vivre ensemble.

Mais la mort d’un prince héritier a plongé ces terres dans une guerre civile où tous ces peuples se sont entre-tués.

L’histoire commence trois ans après la fin du conflit (qui n’a laissé ni vainqueurs, ni vaincus), uniquement des disparus, des divisions et des blessures non cicatrisées.
Peuple Onarque, architecture
Le serment de l'acier, Peuple Onarque, architecture : Torrède © Ferrari / Marce Le serment de l'acier, Peuple Onarque, architecture : Torrède © Ferrari / Marce Le serment de l'acier, Peuple Onarque, architecture : Torrède © Ferrari / Marce
Le serment de l'acier, Peuple Onarque, architecture : Torrède © Ferrari / Marce Le serment de l'acier, Peuple Onarque, architecture : Torrède © Ferrari / Marce Le serment de l'acier, Peuple Onarque, architecture : Torrède © Ferrari / Marce
Le serment de l'acier, Peuple Onarque, architecture : Torrède © Ferrari / Marce Le serment de l'acier, Peuple Onarque, architecture : Torrède © Ferrari / Marce Le serment de l'acier, Peuple Onarque, architecture : Torrède © Ferrari / Marce


L’univers du Serment de l’Acier semble être le cadre idéal pour une campagne de jeu de rôle… Le fait d’avoir pratiqué le JdR influe-t-il ta façon de construire un scénario ? D’ailleurs, y-a-t-il une base commune à la rédaction d’un scénario de JdR et celle d’un scénario de BD ?
Vaste question…

On ne construit pas un récit à partir de rien, on puise dans ce que l’on est, dans son expérience, ses lectures etc... donc forcément, le jeu de rôle a influencé, d’une manière ou d’une autre, mon envie d’écrire et ma façon de construire la narration.

Mais je ne pourrais affirmer que cela se fasse de façon consciente ou analytique, il y a pas mal d’autres influences (cinéma, romans, d’autres BD…) et aussi des éléments spécifiques au langage séquentiel à prendre en compte lors de la construction d’un scénario.

À vrai dire, j’ai assez peu écrit pour des parties de jeux de rôles (quelques liants entre des scénarios pour construire des campagnes, mais guère plus).

Il me semble que la différence réside dans la finalité de l’œuvre.

En BD, le lecteur n’a d’autre choix que de suivre l’histoire qu’on lui raconte (ou bien de fermer le livre), c’est lui qui choisit son rythme.

Dans un scénario de JDR, il faut tenir compte de l’imprévisibilité des joueurs qui peuvent totalement faire exploser un scénario (tout reposera alors sur la capacité d’improvisation du maître de jeu).

Comment as-tu construit tes deux héroïnes, de leur apparence à leur histoire en passant par leur caractère ?
-Dans les premières versions du synopsis, Aelis était la garde du corps d’un scribe.
Son caractère quelque peu rigide et militaire s’est imposé de lui-même, ça rendait d’autant plus intéressant le fait de la confronter aux contradictions/désillusions qu’elle va rencontrer.

Pour Estèla, il fallait qu’elle soit intrinsèquement liée à la cité de Torrède, un côté rate des villes, intrépide et indépendante même si elle agit « du côté de la loi ».
C’est en lui cherchant ensuite le moyen de louvoyer entre le légal et l’illégal que j’ai pensé à ses origines particulières et mystérieuses.
Le serment de l'acier, Peuple Sylvestre © Ferrari / Marce
A partir de quelle matière Élisa leur a-t-elle donné leur apparence ? Sont-elles passées par différentes étapes avant de revêtir celle que l’on sait ?
Concernant leur apparence, à part leur tranche d’âge (et le fait qu’elles soient toutes les deux du peuple Onarque), je n’avais pas d’idée précise sur là-dessus, les proposition sont venues d’Élisa.
Je lui avais envoyé de la documentation sur chaque peuple pour qu’elle puisse s’en inspirer (des costumes historiques, des exemples d’architectures, de trucs comme ça).
Elle avait aussi le synopsis sur lequel se baser.

Les deux personnages n’ont pas tant changé au fil des croquis, en tout cas pour leurs visages, seules les coupes de cheveux ont un peu bougé. Leurs costumes par contre ont bien évolué.

Quel effet cela fait-il pour un scénariste de voir son histoire prendre corps et ses personnages s’incarner sous les crayons de cette talentueuse dessinatrice ?
C’est l’étape de création la plus excitante, le moment où l’album prend corps, où les personnages s’incarnent, où le monde inventé prend forme.

Et je dois dire que j’ai été enchanté (et encore plus lorsqu’Axel Gonzalbo est venu poser ses couleurs sur les dessins).

Comment t’es venue l’idée des scribes dont les travaux réalisés à l’autre bout du monde était retranscrit dans des grimoires par le truchement de la magie ?
Il me fallait trouver une particularité à la grande Bibliothèque de Torrède. Car c’est bien beau d’envoyer des scribes aux quatre coins du Vaste Pays, mais si c’est pour qu’ils s’encombrent de tonnes de rouleaux de parchemins pendant leur voyage, ce n’est pas très pratique.
Il fallait aussi que cette particularité suscite le respect et l’admiration un peu partout, donc pourquoi ne pas proposer une ‘technologie internet’ magique et à l’utilisation réservée ?

Cela est aussi venu de mon envie de concevoir un monde aux magies rares et difficiles d’accès.

Du scénario à la l’album finalisé, quelles furent les différentes étapes de votre travail à quatre mains sur l’album ?
Le parcours classique :
Une fois le synopsis validé, je propose à Élisa un découpage écrit, planche par planche.

Elle s’attaque alors au story-board qui devient crayonné des pages après modifications si besoin.
Puis encrage, mise en couleur et lettrage (l’emplacement des bulles étant défini au story-board).
Du coup, c’est bien plus de quatre mains qui travaillent sur l’album. smiley
Work in Progress
Le serment de l'acier, Synopsis des pages 5 à 8 © Marce Le serment de l'acier, découpage de la planche 6 © Marce Le serment de l'acier, Storyboard de la planche 6 © Ferrari / Marce
Le serment de l'acier, encrage de la planche 6 © Ferrari / Marce Le serment de l'acier, mise en couleur de la planche 6 © Ferrari / Marce / Gonzalbo Le serment de l'acier, version finale de la planche 6 © Drakoo / Ferrari / Marce / Gonzalbo

La couverture s’est-elle d’emblée imposée même ou plusieurs propositions ont-elles été étudiées avant de sélectionner celle que l’on connaît ?
Le choix de la couverture est toujours un moment délicat, il y a eu plusieurs propositions, près d’une dizaine d’esquisses.

La difficulté, c’était de décrire en une illustration un récit se déroulant à deux endroits différents avec trois personnages principaux.
On était d’abord parti sur une scène urbaine avec tous les personnages, l’idée me plaisait bien, mais elle comportait peut-être trop d’éléments...

Du coup, c’est celle avec Estèla sur le toit a été validée.

Comment élabores-tu généralement tes histoires ? Après une longue maturation ou la plume à la main ?
Ça commence en général par des notes, soit dans un petit carnet, soit directement sur l’ordi.
Des notes générées par n’importe quoi, un truc entendu à la radio, lu dans un article ou un livre, vu dans une vidéo, film ou série, voir même glané dans la rue.
Ça peut-être un scène, une idée de personnage, une thématique inspirante, une période historique qui finit par me passionner, etc...
Elles peuvent s’accumuler pendant des années avant qu’un opportunité, une motivation, une rencontre, une inspiration me fasse m’y replonger pour pétrir cette glaise et tenter d’en modeler une histoire intéressante.
Donc oui, dans la majorité des cas, ce sont de longues maturations.
Le serment de l'acier, Peuple Romani © Ferrari / Marce / Gonzalbo
Dans quel environnement sonore écris-tu généralement ? Silence monacal ? Musique de circonstance ?
La plupart du temps, c’est le son de la radio allumée en permanence qui m’accompagne.
Mais ça dépend, quelques fois, je peux, au casque, m’isoler dans une ambiance musicale.
Plutôt du rock/métal (et ce qui tourne autour, du grunge à l’indus) pour y puiser de l’énergie ou, complètement à l’opposé, du Dead can dance, de la musique médiévale ou renaissante, par exemple (et pour coller à l’atmosphère du Serment de l’acier).
Sinon, j’aime beaucoup aller bosser en médiathèque, dans ce cas, je reste dans l’atmosphère sonore ambiante.

Le découpage de l’album en deux volumes est-il une contrainte pour l’écriture de l’histoire ?
Tout choix de format est une forme de contrainte pour l’écriture, mais avoir beaucoup de pages disponible ne signifie pas pour autant plus de liberté.
Il faut évaluer (à peu près) en amont la longueur du récit pour savoir ensuite comment le présenter.
Concernant le Serment de l’acier, le diptyque était le meilleur format (même si le récit est dense), un one-shot n’était pas envisageable et une trilogie pas vraiment adaptée.
Après, c’est sûr qu’il reste beaucoup de choses possible à raconter sur le Vaste Pays et les personnages qui y vivent.

Où en est le second tome ?
J’en suis aux dix premières pages de découpage et Elisa est prête à attaquer les planches.

Le serment de l'acier, Peuple Onarque, architecture : Torrède © Ferrari / Marce
Peux-tu en quelques mots nous parler de tes projets présents et à venir ?
Le serment de l’acier tome 2. J'en suis aux vingt premières pages et Elisa a entamé les premières. Les Elfées tome 12, les deux albums pour 2021. Ajoutons une participation (au dessin) sur le collectif Toulouse, tome 2 qui se profile.

J’ai bien deux ou trois autres projets en cours (dont j’espère qu’ils finiront par aboutir), mais rien de concret pour l’instant.

Comment as-tu vécu le confinement ? T’a-t-il permis de découvrir un film, une série, un jeu ou un bouquin que tu pourrais conseiller à nos lecteurs ?
Bien, à part moins sortir et voir uniquement la famille et les amis en vidéo, ça n’a pas changé grand-chose. :)

Comme je n’ai pas plus lu, visionné ou joué qu’en temps normal, mes conseils sont dans la réponse suivante.

Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
En BD : Jusqu’au dernier (de Félix et Gastine, chez Bamboo), Aldobrando (de Gipi et Critone, chez Casterman), Révolution (de Grouazel et Locard, chez Actesud/l’an 2), Les chefs-d’œuvre de Lovecraft de Gou Tanabe chez Ki-oon (pour une fois que je suis raccord, sur ces deux derniers titres, avec une partie de fauves d’Angoulême :) ).
J’ajouterais, en comics, les Black Hammer (de Lemire et Ormston), Seven to Eternity (de Remender et Opeña) ou encore trois bouquins scénarisés par Tom King (Mr Miracle, Omega Men et Sheriff of Babylon).
J’ai aussi profité de la réédition au format d’origine des Watchmen pour replonger dedans et qu’est-ce que c’est bien, quand même !

En roman : le songe de Scipion de Iain Pears (qui n’a rien de récent, mais je ne lis pas toujours les dernières nouveautés:) ), Désolation, court récit de Jean-Philippe Jaworski dans l’univers du Vieux Royaume (d’ailleurs je ne pourrais que conseiller tous les écrits de l’auteur dans ce monde là, Gagner la guerre et Janua Vera en premier lieu, bien sûr).

Musique : Le dernier Rammstein, le dernier In Flames (I, the mask) ou encore Eat The Elephant, le dernier A perfect circle en date.
Il y a aussi les découvertes de quelques grands-bretons énervés : Slaves, Idles ou Nova Twins.
Puis, dans des styles complètement différents, j’ai eu un faible pour l’électro de Jain ou la mélancolie de Pomme.

Sur le terrain des jeux vidéo , je viens de passer six mois à parcourir la Grèce antique d’Assassin’s Creed Odyssey (j’aime beaucoup la série, je reconnais, tout comme la trilogie vidéoludique du Witcher).

Puisqu’on parlait des Watchmen , je recommanderais la mini-série de HBO et quelques autres mini-séries vues dernièrement : Betty, Years and Years, Le complot contre l’Amérique, Devs.
Et d’autres séries : J’ai découvert The Kingdom (un Walking Dead mâtiné de Game of thrones dans la Corée du seizième siècle), The Expanse (meilleure série SF depuis le Battlestar Galactica de 2004), et je suis en train de regarder la troisième saison de Babylon Berlin que j’aime toujours autant.

Pour finir, les derniers films marquants : Bone Tomahawk, Les Misérables et Sympathie pour le diable.

Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Et dieu dans tout ça ?
Ben, j’espère qu’il a une bonne excuse (réponse d’un agnostique à tendance athée). :)
Le serment de l'acier, Peuple Onarque, architecture : Torrède © Ferrari / Marce
Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Si tu étais…

un personnage de BD:Capricorne
un personnage mythologique:Le minotaure
un personnage de roman:Jean de Pardaillan
une chanson:Smells like teen spirit
un instrument de musique: La flûte traversière
un jeu de société : Le Trivial Pursuit
une découverte scientifique : L’imprimerie
une recette culinaire:Tajine de poulet au citron confit et aux olives vertes
une pâtisserie:La tarte tatin
une ville:Toulouse
une qualité :L’opiniâtreté
un défaut:L’impatience
un monument:L’ancienne église de la Daurade de Toulouse (aujourd’hui disparue)
une boisson:Un Bailey’s
un proverbe : « La conviction qu’il y a une vérité seule et unique et qu’on la détient me paraît être la racine la plus profonde de tout le mal qui existe en ce monde. » Max Born.
Même si c’est une citation et non un proverbe.

Un dernier mot pour la postérité ?
Si vous aimez les Serment de l’acier, rendez-vous sur le blog pour en découvrir plus : https://lesermentdelacier.blogspot.com/

Vous pouvez aussi faire un tour sur mon blog, si ça vous dit : https://weissengel-bd.blogspot.com/

Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !
Merci à toi pour cet entretien

Le Korrigan