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Entretien avec Stéphane Anquetil
interview accordée aux SdI en septembre 2020


Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ? Si oui, je me ferais violence mais je sais qu’un « tu » risques tôt ou tard de partir tout seul pendant que je nettoierai mon clavier…

J’ai lu que les autres interviewés acceptaient de bon cœur, histoire de passer pour des gens cools, mais honnêtement, tout le temps que vous ne m’avez pas payé un coup à boire, je trouve la génuflexion et le parler à la 3ème personne très adéquat.

On fera comme cela maître smiley
Pouvez-vous nous parler de vous en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans ?)

Je suis né en 1971, alors je vous laisse faire un calcul devenu douloureux pour moi. J’ai fait un Bac littéraire (A2) puis une préparation au concours des Beaux Art et enfin 1 an et demi de Beaux Arts à Caen. Ma grande passion à l’époque était l’Amiga, l’infographie avec DPaint, surtout les interfaces graphiques (icônes, bornes interactives sous SCALA, CD-rom (on ne rigole pas!)). J’ai donc fait une carrière d’infographiste en salariat ou en freelance, avec une formation autodidacte dans les années 90, qui s’est finie par co-créer une société d’image de synthèse en 2003 avec laquelle nous avons gagné deux prix Imagina pour des films de communication industrielle sur l’aéronautique. Ce sont des compétences qui me servent encore pour mon travail d’auteur (la recherche d’images de stock, PhotoShop, tout ça). Le côté indépendant aussi, qui m’a été amené par ma copine, qui est ingénieur développeur en freelance.
Sinon j’ai bien noté la tentative de fraude à la carte bleue.

Crime Zoom, aperçu de la boîte © AuroraEnfant, quel joueur étiez-vous et quels étaient alors vos jeux de chevet et quels sont-ils aujourd’hui? N’avez-vous jamais cessé de jouer ou un jeu en particulier vous a-t-il fait irrémédiablement basculer dans le jeu de société « moderne » ?
J’étais un enfant plutôt solitaire, fils unique de commerçants jamais disponible hormis pour les repas et le dimanche après midi. J’ai donc développé un imaginaire assez riche. Évidemment de la génération des Livres dont vous êtes le héro et de l’Oeil Noir en coffret blanc Gallimard. J’ai aussi beaucoup joué sur Amstrad CPC, notamment un jeu d’aventure à parser texte comme Le Passager du Temps (ERE), ou le célèbre Manoir de Mortevielle (Lankhor).

Mais déjà je passais plus de temps à inventer, créer (dessiner au pixel) que jouer à proprement dit. J’avais dessiné les écrans de mon propre jeu d’aventure, le Faucon de Tylos, par exemple. Avec l’Amiga, je continuais le graphisme, j’écrivais bcp d’articles, d’abord dans des fanzines, et puis dans le magazine AmigaDream comme pigiste. J’étais plus passionné par ça que par le jeu.

Vers 35 ans, j’ai découvert le jeu de société moderne grâce à un ami libraire BD qui m’a invité dans son groupe de joueurs (assez hardcores). Je suis donc passé de la découverte des Aventuriers du Rail à Agricola en moins de deux semaines, ça fait un choc. Je me rappelle très bien de ma migraine à la fin de ma première partie d’Agricola, j’arrivais même plus à additionner pour calculer mon score !

Donc le jeu de la bascule, c’est Les Aventuriers du Rail, un jeu que je continue d’aimer bcp avec ses extensions.

Etes-vous plutôt ameritrash, eurogame, LIdJA ?
Ma copine préfère les eurogames, gestion sans affrontement : Agricola, L’Âge de Pierre, etc. On joue en couple, alors c’est mieux quand ça tourne bien à deux, que ça s’installe facilement et que ça dure pas des plombes (on est très lents à jouer tous les deux). Quand mes filles étaient plus petites, on jouait à Cocotaki, Dixit (le Jinx aussi) et Qwirkle. L’une adore Zooloretto et l’autre Mundo. Mais elles ne sont pas devenues très joueuses.

Après j’ai joué et acheté beaucoup de jeux quand je découvrais le milieu, et m’y investissant, notamment en animant des soirées jeux ou en participant au podcast historique Proxi-jeux. Ça dépend bcp des joueurs, de l’ambiance autour de la table, franchement. Tu prends un jeu du Droit de Perdre avec un bon verre et des inconnus dans le bon « mood », tu passes un bon moment. A l’inverse, y’a des groupes qui sont super pour jouer à des jeux plus cérébraux ou narratifs. J’ai évidemment des mega tueurs en jeu d’enquête, qui ont l’habitude de tester mes créations à des stades…embryonnaires parfois (on reste amis!).

Et en americatrash, j’ai un Demeure de l’Epouvante et un Battlestar Galacatica peints avec lequel on a passé de bonnes soirées.Il y a tellement de choix ! Je joue beaucoup moins depuis que c’est devenu mon métier. En festival notamment, j’anime ou je dédicace, du coup, j’ai plus la force pour jouer. Le soir on est vannés, on va au restau ensemble avec d’autres auteurs et éditeurs. Et puis j’ai besoin de dormir pour être de bonne humeur aux stands. Du coup, je reste pas aux soirées jeux ou proto non plus (mais quel rabat-joie!). J’ai développé une sorte d’allergie pour les règles, ça aide pas. Bref, je suis devenu un mauvais joueur et un bon auteur, c’est paradoxal.

A quel moment l’idée de travailler dans le monde du jeu germée ?
Alors je dirai avec l’excellente réception de l’enquête « Les Masques Africains » édité par Ystari en 2013 et ma mise au chômage fin 2015. Le mélange, historique et narration non-linéaire de Sherlock Holmes Détective Conseil a déclenché quelque chose. La passion de l’écriture m’a attrapé, et comme on sentait bien que les jeux d’enquête et narratifs étaient tendance, j’ai décidé de mettre le paquet. Du coup, j’ai plutôt un positionnement auteur d’écrit plutôt qu’auteur de jeu. Plutôt scénariste que game designer. D’ailleurs je cotise à l’AGESSA.

Crime Zoom,  escape book © 404 EditionsCela a-t-il été aisé ou cela a-t-il au contraire relevé du parcours de combattant ?
Entre les deux. J’avais déjà le réseau, et à l’époque c’était un milieu très abordable. Après j’ai perdu beaucoup de temps sur un projet mal géré, mal défini qui ne s’est pas fait pour x raisons, dont des énormes malentendus. Mais qui m’a bien motivé, fait travaillé de fou, ouvert des portes, et avec lequel j’ai finalement tout appris en faisant tester. J’ai pris des cours d’écriture avec Anaël Verdier dès Janvier 2016, et 404 éditions m’a commandé mon premier livre-jeu en mars 2017, l’escape book, Le Piège de Moriarty, qui s’est avéré être un best seller, vendu à plus de 10 000 ex et traduit en 5 langues (à cause du thème Sherlock et de la mode des escape bien sûr).

Après j’ai enchaîné les projets rémunérés d’escape book et box avec 404, dont certains sont traduits ou de très bonnes ventes (merci Minecraft!). En parallèle, David Cicurel est venu me chercher pour Chronicles of Crime qui est devenu le hit KS mondial que tout le monde connaît. Au départ, je devais juste écrire des enquêtes pour le jeu de base, et assez vite j’ai été chargé de toute une extension, Noir. Et on a fini par trouver la bonne formule de jeu d’enquête avec Alexis Anne en juin 2019, après plusieurs essais et idées. Tout le monde dit que 4 ans pour une reconversion dans l’écriture, c’est très rapide. Donc satisfait, oui, mais je mesure ce que j’ai dû sacrifier et l’énergie que j’y ai mis. J’ai fait tout ça très sérieusement, au détriment de mes amis, des soirées jeux et grâce au soutien de ma famille, d’amis, de mon banquier et de mon conseiller Pôle Emploi.

Quelles sont les grandes joies et les grandes difficultés du métier d’auteur ?

Les joies :
quand on trouve une idée géniale et qu’on s’excite tout seul. Il m’arrive de danser dans mon salon et de mettre de la musique à fond pendant 5 minutes.
quand c’est fini et que ça part en fabrication. C’est le moment où on est soulagé. Généralement on en peut plus, on est fatigué, on est content de passer à autre chose.
quand ça sort quelques mois après et qu’on a enfin le jeu ou le livre dans les mains. Il y a une vraie différence entre les fichiers de prod, les PDF qu’on a vus, et le produit concret. Je crois que c’est une sensation unique. L’imprimé c’est magique.
Les rencontres et dédicaces. Franchement, c’est super sympa d’avoir des retours, des critiques, des fans qui suivent ton taf, etc. Ça brise l’isolement de l’auteur. Comme je suis auteur de jeu narratifs jetables, je ne vois pas tant de monde que ça, même en tests.


Les difficultés :
Finir. Les projets longs, qui traînent et il faut tenir bon. Les aléas, les retards, etc. C’est usant mais inévitable. Parfois c’est moi qui suis à la bourre. C’est ainsi. C’est pas un métier automatique.
Les cas où on bloque, on n’avance pas. Le cerveau sait inconsciemment qu’il y a un problème grave en souffrance, et il refuse d’avancer plus. C’est un long travail sur soi et l’écriture pour reconnaître ça. Ça va du mobile qu’est trop flou, du personnage qui sert à rien mais qu’on aime bien et qu’il faut pourtant supprimer. Y’a plein de raisons, faut les identifier et régler le problème. C’est douloureux, on est seul devant son clavier. Des fois il faut sortir de l’isolement et aller raconter l’histoire à un pote scénariste, un autre auteur, etc. Tant pis pour le spoil. Raconter à quelqu’un règle le problème.
Y’a un conseil aussi qu’il faut dire aux jeunes auteurs. C’est de lâcher prise sur sa création. D’accepter la vision de l’illustrateur, d’écouter son éditeur, son distributeur, les libraires, les boutiques. De s’ouvrir aux contraintes des autres. C’est parfois un peu pénible, on aimerait créer tel truc, de telle façon. Il faut s’adapter, c’est jamais facile. Mais on a tout à y gagner, tout à apprendre. Le mythe du génie qui crée tout seul, c’est une vision à bannir. C’est nuisible. Ce romantisme de l’auteur qui a l’inspiration et attends sa consécration, c’est à gerber. C’est un métier, y’a des contraintes, point final.


Quelles étaient vos références en matière de jeu d’enquête ?
Sherlock Holmes Détective Conseil. Je l’ai découvert avec sa réédition en 2011 par Ystari. J’ai écrit 5 enquêtes (4 inédits donc) pour lui. J’adore et je connais tous les rouages de ce jeu. Après en termes d’ambiance, de puzzle, je pense qu’un jeu video comme Intérieur sur CPC, un infâme listing BASIC, m’a énormément influencé jeune. N’y jouez pas, c’est une purge ergonomique, complètement dépassée, mais ce jeu m’a marqué. Je m’en suis souvenu et j’y ai rejoué récemment sous émulateur en mesurant son influence : fouille de pièce, déchiffrage d’indice écrit, narration morcelée. C’est une petite enquête dans un appartement où on se retrouve enfermé et amnésique. C’est limite un ancêtre des escape game d’enquête.
Crime Zoom,  aux origines
Comment est né le concept de Crime Zoom dont le premier opus, Sa dernière carte, vient de paraître ?
D’un gros ras le bol ! Avril 2019. J’avais un escape book (Le Secret des Mayas) à écrire, qui était une commande sur laquelle j’avais du retard, complètement par ma faute. Et puis Lucky Duck avait sorti Noir à Cannes juste avant, après des mois et des mois de travail par tout le monde et une grosse attente, vu le succès du jeu de base. Et là Alexis d’Aurora, me tanne. On discutait édition car je lui avais déjà proposé et présenté Medium Rapids Falls, un jeu d’enquête 70’s hyper narratif, un peu comme un Sherlock++ sous amphétamine sur lequel Alt-256 m’a aidé (avant de devenir le critique d’art et Youtubeur super connu qu’il est aujourd’hui). Je m’en rappelle très bien, on était sur la terrasse chez Alexis, et là il me lance « Dis donc si t’arrivais à créer un jeu d’enquête en cartes, ce serait bien plus simple à éditer. Et là je fais la gueule (pas qu’un peu). Je proteste, je prétends que j’ai besoin de place pour écrire mes textes, que c’est impossible de raccourcir, et patati et patata. Le soir on va jouer, je tire un peu la tronche, mais l’idée fait son chemin.

Le lendemain, j’avais un début de concept mais il me fallait un départ sympa. C’est là que je repense au super zoom photo dans Blade Runner, une séquence encore plus forte que dans Les Experts! Je rentre, on était en mai, je patine dans la semoule avec mon Escape Book, et donc j’appelle « mon » mécène. Un ami qui m’a soutenu financièrement dans les moments difficiles. Et je lui explique l’idée, que je dois laisser tomber mon escape book, rembourser la moitié de l’avance et que je vais surtout pas avoir de thune pour vivre à la fin mai. Il dit banco, me file de quoi tenir un mois. Je rédige un tableau de 15 cases (la scène de crime du jeu), cherche un illustrateur dispo et je téléphone à Alexis : « Dis donc j’ai ton jeu en 55 cartes, mais il faut payer Oliver Mootoo pour le proto, ça coûte tant. Alexis réfléchit 5 minutes (même pas!) et il dit d’accord. 23 jours après je crois, le prototype était prêt, imprimé, il l’a joué, et on l’a présenté à PEL en juin. Il a eu son petit succès et il a fallu réfléchir à l’après.

Après l’été, j’ai passé le manuscrit du livre et ma doc Maya à Gauthier avec l’accord de 404. Il l’a fini à sa façon et je me suis consacré à CrimeZoom. L’enquête 2, qui se passe à Paris de nos jours, était prototypée en fin octobre. Après le premier jeu CrimeZoom est sorti juste pour le FIJ 2020 et j’ai écrit et géré les illustrations pour 2 autres scénarios « crime » qu’on sort normalement pour fin 2020/tout début 2021 et un autre un peu plus « aventures », illustré en pixel art, qui sortira plus tard.
Crime Zoom,  Festival International des Jeux de Cannes
Un chouette programme en perspective !
Comment Crime Zoom s’est il retrouvé édité par Aurora Games ?

Alexis s’était impliqué très tôt dans mes créations et dans le financement du proto, c’était normal. Je cherchais aussi un éditeur qui puisse suivre mes choix éditoriaux sans sourciller. Après Alexis n’est pas seul, on a décidé de passer par Lucky Duck pour tout l’international.

Crime Zoom, visuel © AuroraLes parties test ont-elles fait évoluer l’intrigue de Sa dernière carte ou les enquêtes à venir?
Non jamais, ce serait grave à ce stade. Sur un jeu d’enquête, les tests révèlent des multitudes de petites erreurs variées : les coquilles, petites incohérences, souci de chronologie, noms propres qui ne sont pas harmonisés, vocabulaire spécialisé mal compris par certains joueurs, etc. Ça arrive parce qu’on modifie souvent plein de trucs jusqu’au dernier moment et on en oublie toujours, comme le récit est éclaté de partout.
Ensuite, on va fluidifier. Simplifier. Généralement, en tant qu’auteur, on a peur que l’intrigue soit dévoilée trop vite, que le coupable soit « évident ». Alors on retient l’information, on la noie, on crée des fausses pistes séduisantes. Parfois, ça va trop loin et il faut rétablir l’équilibre. L’autre travers, c’est que la psychologie des personnages qui est assez claire « dans notre tête » doit passer dans le jeu pour que ce soit aussi appréhendable par le joueur. Le tout de manière subtile, évidemment. On va pas trouver un journal intime qui dit « Je déteste Jérémy depuis le CE2, il m’avait volé mon feutre préféré, là il a embrassé Anne-Cunégonde, je vais le tuer.». Tout cet aspect « psychologique », le mobile de l’assassin ou les points faibles de la victime, c’est le plus difficile à faire passer en jeu parce que ce n’est pas concret.

Quelle est la principale difficulté pour rédiger une enquête pour Crime Zoom ?
Crime Zoom a un système simple, je l’ai conçu comme ça. Il y a la contrainte des 55 cartes, qui oblige à circonscrire l’enquête dans un cercle ou un lieu restreint. La longueur des textes aussi, est courte et limitée. On ne va pas avoir un témoignage sur deux cartes par exemple, il faut aller à l’essentiel tout en laissant le personnage avoir sa voix, son caractère. Je crois que le plus difficile est de loin l’illustration, surtout les grandes scènes de crime de départ. Arriver à créer un espace cohérent dans lequel une grille découpe autant de cartes que d’indices, c’est pas simple du tout. Du coup, la difficulté est reportée sur l’illustrateur, pas moi. C’est machiavélique…
Crime Zoom, la scène de crime de l'Oiseau de Malheur © Aurora
D’autres auteurs vont-ils venir rejoindre l’aventure de Crime Zoom ?
Oui, sans doute, pour l’instant je m’amuse avec ce jeu. Ça pose d’ailleurs le problème de la diversité. Va -ton retrouver encore les mêmes auteurs du milieu? Ou est-ce que je vais aller dénicher des femmes, des racisés, etc ? Déjà, on a les nouvelles illustratrices et illustrateurs, et on continue d’expérimenter avec eux. Je cherche des illustrateurs qui ne sont pas là que pour mettre en image mes briefs mais apporter des idées, rebondir sur l’histoire pour amener des petits détails signifiants, etc. C’est un peu plus délicat, mais ça apporte de la fraîcheur. Il y a clairement des gens avec qui j’aimerai travailler, mais la gamme est encore jeune.
C’est ça qui m’importe d’ailleurs, que chaque enquête soit différente, qu’on se renouvelle. Que ce soit avec le thème, l’univers, le style graphique, la preuve de culpabilité, etc. Je suis le premier à ne pas vouloir m’ennuyer.

Pouvez-vous lever un pan du voile sur les prochain Crime Zoom ?
Oui, je vous ai préparé des images, regardez c’est beau, hein ? On a deux enquêtes contemporaines, une à Londres, l’autre à Paris : No Furs et Oiseau de Malheur. C’est de l’enquête un peu adulte, noire, avec ce petit côté critique sociale du polar. L’une d’elle est illustrée en 3D par Goliath, ça lui a pris des mois. L’autre on retrouve Julien Long aux frises et une nouvelle illustratrice vietnamienne, Leejun, qui déchire. Et « Un écrivain mortel » qui est un hommage au roman policier anglais classique à la Agatha Christie. Celle-là a 44 cartes de magnifiques scènes illustrées par Lucie Dessertine. On y explore les pièces d’un manoir, elle est plus légère et drôle, mais ce n’est pas la plus facile.

Coming Soon
Crime Zoom,  une enquête à venir... © Aurora Crime Zoom,  une enquête à venir... © Aurora Crime Zoom,  une enquête à venir... © Aurora

Avez-vous d’autres jeux en cours de développement ?
J’ai une commande de scénario pour un jeu d’enquête de Yohan Servais chez Iello. Ensuite j’ai une idée qui me trotte dans la tête depuis un bout de temps. Comment rendre ludique la longue traque d’un serial killer, et la frustration/obsession que ça peut engendrer, façon Zodiac de Fincher. Et je crois que j’ai trouvé une approche, faut que je prototype ça. Et j’ai un doc avec des douzaines d’idées de scénario/thèmes pour CrimeZoom, donc je vais piocher dedans pour les prochains.

Quel jeu conseilleriez-vous à quelqu’un désirant découvrir le jeu de société « moderne » ?
Je lui conseillerai surtout de jouer à un truc qui lui fait envie. Et de pousser la porte d’une association ou d’un bar à jeu. Il y a des gens formidables qui vous explique tout.

Tous médias confondus, quels sont vos derniers coups de cœur ?
En série policière, Bosch sur PrimeVideo, c’est impeccable. En BD, j’ai bien aimé « Le Detection Club » chez Dargaud. En livre, Survie en terres lovecraftiennes de Alain Puysségur. En jeu video… hum, je joue qu’à des jeux où je fais le con en bagnole, c’est pitoyable. C’est le grand défouloir. BeamNG.drive. Voilà, j’aurai dû faire l’intello et citer Her Story ou Return of the Obra Dinn.

Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle vous souhaiteriez néanmoins répondre ?
Plein ! Faut-il coucher pour être édité ? Non, il faut avoir conscience des contraintes des éditeurs. Par exemple, Crime Zoom c’est un jeu de poker standard. Beaucoup d’apprentis auteur gagneraient à s’intéresser aux formats d’impressions, à comment on fabrique un jeu, etc.

Pour finir et afin de mieux vous connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Deuxième tentative de phishing dans la même interview, cette fois pour deviner mes questions de vérification d’identité. Bravo ! C’est vraiment très très fort.

(Damned, nous sommes percés à jour…) Si tu étais…
Crime Zoom, l'auteur, Comiccon Paris 2019un personnage de BD:Fantasio dans Gaston : le mec gueule, mais il a bon cœur. S’il était pas là, Gaston serait dans la rue.
Un personnage mythologique:Zeus, il a jamais tort, il se métamorphose et il nique tout le temps, c’est de loin le plus pratique. Fallait répondre Dédale ou Orphée pour avoir l’air intelligent, j’ai encore tout foiré.
un personnage de roman:Un roman ? Sérieux, c’est les questions pour Femme actuelle ? Ça fait 10 ans que j’ai pas fini un roman, ça me tombe littéralement des mains. Alors un personnage de film, Blade Runner ou le personnage de Vincent dans Collatéral.
une chanson:La tactique du gendarme de Bourvil. Quand je suis bourré, j’arrive à peu près à l’imiter.
un instrument de musique: Un synthétiseur. D’ailleurs j’en ai souvent à la maison. De fait, je supporterai mal de produire toujours les mêmes sons.
un jeu de société:(penser à citer un jeu connu pour se faire bien voir du milieu)
une découverte scientifique :La fission nucléaire. On en aurait bien besoin.
une recette culinaire:Le rôti de bœuf – patates sautées de ma maman.
une pâtisserie:une religieuse au chocolat.
une ville:Ah pas facile. Heu, une ville en Normandie. Je vais pas choisir parce qu’après ça crée des problèmes entre les Calvadosiens, les Manchots et les Ornais et j’ai envie d’être invité en Festival en Normandie.
une qualité: La modestie, ça me semble évident ! Non mais sérieux, je sais pas, la loyauté ? La créativité ?
un défaut: La colère.
un monument:Ah. Oh. Un truc à la campagne pas trop visité pour avoir la paix. Le château d’Ô un truc comme ça.
une boisson:Un Pschitt citron.
un proverbe:Le mieux est l'ennemi du bien.

Un dernier mot pour la postérité ?
Esperluette. C’est le « & », j’adore ce logographe.

Un grand merci pour le temps que vous nous avez accordé !
Merci. Tout ce que j’ai dit sera recopié dans 5 ans par un journaliste peu consciencieux, un vrai bonheur !
Le Korrigan