Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ? Si oui, je me ferais violence mais je sais qu’un « tu » risque tôt ou tard de partir tout seul pendant que je nettoierai mon clavier…
Pas de souci pour le tutoiement
Merci bien…
Peux-tu nous parler de toi en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans ?)
À 11 ans, je tombe sur mon premier comics qui appartenait à mon père. Je découvre le mensuel Strange avec ses histoires de Spider-man ou bien encore d'Iron Man et des Vengeurs au petit bureau de tabac de mon village. Mon rêve de faire de la BD ne cesse de grandir mais reste inaccessible.
Puis en 2004, j’entre à l'École Pivaut à Nantes. J’arrête mes études en cours, mais, en 2008, je rencontre Thierry Gloris via Jean-Paul Bordier. De cette rencontre naîtra Missi Dominici (Vents d'Ouest), ma première série et mes premiers pas dans le monde de la bande dessinée. Suivront plusieurs collaborations chez Delcourt (L'Homme de l'année, tomes 5 et 9, Ligne de Front, tomes 2, 6 et 10) et Soleil (Le Cinquième Évangile, tome 4). Puis l'appel des colts et des haches s'est fait sentir avec d'un côté le western Sonora, avec Jean-Pierre Pécau (Delcourt) et de l'autre une épopée viking, Serpent Dieu, avec Jérôme LeGris (Glénat).
D’autres séries sont en cours avec Jérôme LeGris aux éditions Glénat mais ce sera pour plus tard
Enfant, quel lecteur étais-tu et quels étaient tes livres de chevet ? La BD a-t-elle toujours occupée une place de choix ?
J’étais beaucoup plus comics, je le suis d’ailleurs toujours. Je suis arrivé tardivement à la BD, hors Astérix , Tintin et tous les classiques. J’ai alors découvert des séries tel que Le troisième Testament, Prophet avec des auteurs tels qu’Alex Alice, Mathieu Lauffray, Benoit Springer, Robin Recht.
A quel moment l’idée de devenir auteur de BD a-t-elle germée ? Un auteur en particulier a-t-il suscité ta vocation ? Cela a-t-il relevé du parcours du combattant ?
Je crois que c’est depuis tout petit que l’envie est là. Le plus dur a été de se dire « putain faut y aller bordel »
Au final, ton métier est-il conforme à votre rêve d’enfant ?
Je ne sais pas vraiment si c’est le cas, par contre je m’éclate alors tout va bien. On en apprend tous les jours sur le métier, que ce soit sur notre façon de travailler ou sur les relations avec les éditeurs.
Quelles sont pour toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier ?
Ma grande joie : savoir que des lecteurs arrivent à s’évader dans les histoires que je leur propose.
Les grandes difficultés : arriver à se dire : « cet album est terminé, n’y revient pas dessus, ne reprend pas des pages »
En janvier sortira le premier tome de Nottingham, sur un scénario de Vincent Brugeas et Emmanuel Herzet… Comment vous êtes-vous rencontré ?
C’est pas l’intermédiaire de notre éditeur au Lombard: Mathias Vincent. Il a pris contact avec moi via Facebook après avoir lu le tome 2 de Serpent Dieu, afin de savoir si j’étais disponible pour travailler sur un scénario qui selon lui conviendrait parfaitement à mon trait.
Bref, dès que j’ai reçu le synopsis et le titre Nottingham, j’ai su que je serais de la partie
Avant de te lancer dans ce récit, qu’évoquait pour toi Robin des Bois ?
L’enfance au coin du feu avec des tartines grillées
Le synopsis de l’album est pour le moins intrigant… Qu’est-ce qui t’a séduit dans ce récit écrit à quatre mains ?
Tout simplement que Robin des bois et le shérif de Nottingham soient la même personne.
Captivant et surtout alléchant.
C’est le moins qu’on puisse dire !
Votre Robin est-il passé par de nombreuses étapes avant de revêtir l’apparence qui est la sienne dans l’album ou s’est-il rapidement imposé ?
Au tout début, nous souhaitions qu’il ait un masque. Après plusieurs essais qui n’ont convaincu aucun de nous, nous sommes revenus à la capuche classique.
Graphiquement, comment aborde-t-on un tel récit, écartelé entre histoire et légende ?
J’ai visionné pas mal de films que j’avais déjà vu, beaucoup de recherches documentaires et graphiques, et on fait le grand saut, tout en gardant une latitude car nous sommes certes dans l’histoire mais c’est aussi une fiction!
Si tu avais un bouquin ou un film à conseiller mettant en scène ce personnage emblématique du récit d’aventure, quel serait-il ?
J’ai beaucoup apprécié Robin Hood de Ridley Scott. La musique en premier, elle t’immerge totalement.
Comment s’est organisé votre travail sur l’album ? Du synopsis à la planche finalisée, quelles furent les différentes étapes de votre travail ? Quels outils utilisez-vous ?
Pour optimiser le travail, j’ai besoin du script total. De là, je réalise un board/crayonné de tout l’album. C’est à dire les visages et posing des personnages sont travaillés et les décors posés. Cela me permet de passer directement à l’encrage dès que tout le monde est ok sur les planches. J’utilise un mélange de numérique et de traditionnel. Les boards sont réalisés sous Cintiq et par la suite j’imprime en grand pour passer à l’encrage encre de chine/pinceau.
Quelle étape te procure le plus de plaisir ?
J’aime beaucoup l’encrage, ça bouge, c’est vivant. Vu que je “saute” l’étape crayonné, c’est à ce moment que je mets toutes mes intentions.
Serait-il, pour une planche donnée, de visualiser ces différentes étapes ?
Oui je te rajoute cela dans le mail
Comment as-tu construit la (magnifique) couverture de l’album ? S’est-elle rapidement proposée ou d’autres versions ont longtemps tenu la corde ? En quel format a-t-elle été réalisée ?
La couverture a demandé un peu plus de temps
La version finale fait partie des deux premiers essais que j’ai fait. Mais elle était plus dezoomée, il y avait plus de forêt, le personnage était moins présent. Bref, elle avait fait son petit effet mais nous souhaitions explorer d’autres pistes. Et là l’aventure commence
Après une dizaine d’autres essais, on arrive à quelqu'un chose qui satisfait tout le monde. Cependant, je suis sur la réserve et me remet devant les yeux toutes les recherches. Je bidouille un peu avec l’aide des conseils neufs de mon galeriste et, je refais une proposition du premier jet. En expliquant mon point de vue, Mathias représente le nouveau rough et celui-ci fait l’unanimité.
Pour information, la couverture a été réalisée en acrylique sur bois avec un format de 70x50 cm.
Wahou… une véritable planche alors
Quel personnage as-tu pris le plus de plaisir à mettre en scène ?
J’aime beaucoup Marianne et Robin, mais De Morville aussi arrrghhhh
Dans quelle ambiance sonore travailles-tu généralement ? Silence monacal ? radio ? musique de circonstance ?
Souvent des bandes sons de films. Ou des séries TV. Ou des films
Bref jamais le silence!
En combien d’album la série est-elle prévue ?
Cette aventure est prévue en trois tomes. Après les idées sont là pour la suite, seul le lecteur décidera
Dans quel état d’esprit es-tu à quelques jours de la sortie de l’album ?
Dans une attente un peu stressante, on ne va pas se mentir. C’est le travail de long mois qui va être découvert !
Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
Tenet de Nolan.
Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
On a fait le tour je pense
Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Si tu étais…
un personnage de BD: Spiderman
un personnage mythologique: Zeus
un personnage de roman: Alan Grant
une chanson: Journey to the cave / The killing of Dumbledore : Nicholas Hooper
un instrument de musique: Violon
un jeu de société: le Monopoly
une découverte scientifique : le Doliprane
une recette culinaire: le Gratin d’Aubergine
une pâtisserie:les Crêpes
une ville: Toulouse
une qualité: Perfectionniste
un défaut: Perfectionniste
un monument: la muraille de Chine
une boisson: le thé
un proverbe: personne ne le fera à ta place
Un dernier mot pour la postérité ?
Que Nottingham résonne dans le temps
Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !
Merci à toi et hâte d’avoir les retours lecteurs