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Entretien avec Jean-Louis Thouard
Interview accordé aux SdI en mars 2023


Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ? Si oui, je me ferais violence mais je sais qu’un « tu » risque tôt ou tard de partir tout seul pendant que je nettoierai mon clavier…

Le « vous » me turlupine, donc vas pour le « tu ».

Merci…
Peux-tu nous parler de toi en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans ?)

Après un bac littéraire passé à Dole dans le Jura j’ai fait l’Ecole des Arts Décos de Strasbourg (Hear à présent) ainsi qu’une licence en fac d’arts plastique dans la même ville.
Je vis et travaille actuellement à Dijon.
J’enseigne également en école de design numérique le storyboard et les techniques de narration dessinées.

Par l'encre et le sang: Une histoire de la police scientifique française, Bertillon © AFITT / Jean-Louis ThouardEnfant, quel lecteur étais-tu et quels étaient tes livres de chevet ? La BD a-t-elle toujours occupé une place de choix ?
J’étais très attiré par les histoires étranges et fantastiques.
Je me rappelle avoir dévoré à pleines dents les récits de vampire de Bram Stoker et Sheridan Le Fanu.
La bande-dessinée était aussi une grande source d’imaginaire. J’adorais tous les genres de Pif à Mickey en passant par le « Vagabond des Limbes », Gotlib et Margerin.
Puis avec des copains également passionnés de BD, on a découvert, Bilal, Druillet, Moebius, Liberatore.
La claque.

Devenir auteur de BD, était-ce un rêve de gosse ? Un auteur en particulier a-t-il fait naître ta vocation ?
Je ne sais pas si c’était un rêve. Mais j’aimais beaucoup l’étonnante capacité de pouvoir exprimer mon imaginaire, avec un crayon et du papier, en quelques traits.
C’est fascinant et ça me fascine toujours.
La manière dont le dessin devient une écriture sensible du réel et de l’imagination.
La capacité d’un trait à exprimer un sentiment, une émotion.
Dossier Thanatos, work in progress
Dossier Thanatos, work in progress © Robinson / Thouard / Seiter Dossier Thanatos, work in progress © Robinson / Thouard / Seiter Dossier Thanatos, work in progress © Robinson / Thouard / Seiter

Quelles sont selon toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier ?
La grande joie c’est cette ouverture sans limite de l’expression imaginative.
Cette capacité que donne le dessin de pouvoir entrer dans tous les univers du plus intime au plus lointain ( je pense aux récits d’anticipation, ou bien à la science-fiction par exemple).
Ce qui est moins drôle c’est la solitude parfois pesante inhérente au métier d’auteur de BD.
Il est à la fois nécessaire de s’isoler pour créer, et parfois cet isolement peut être lourd.
En tout cas il faut toujours penser à montrer son travail afin d’avoir un regard extérieur.

Dossier Thanatos © Robinson / Thouard / SeiterEn Septembre 2022 sortait Le dossier Thanatos, un polar victorien aux accents féministes signé Roger Seiter qui nous immergeait dans les milieux du spiritisme… L’album a été distingué lors du festival du précédent Illzach en recevant le prix « Album de l'année »… Quel effet cela fait-il de voir ton travail ainsi récompensé ?
Ça fait plaisir et c’est encourageant !
C’est toujours bien pour l’album d’avoir un prix.
Cela donne un coup de projecteur sur le travail réalisé.
Sur sa singularité.
Car un album comme celui-ci m’a pris presque 2 ans de travail.
Et c’est toujours bien que les retours soient positifs, enthousiastes.

Ce 17 février est paru sur les étals Par l’encre et le sang. Ecrit par Amos Frappa, le livre raconte l’histoire de la police scientifique française… Comment as-tu été associé à ce projet dont tu signes les superbes illustrations ?
C’est l’éditeur Nicolas Delestre qui m’a contacté pour ce travail.
Il a apprécié mon travail sur « Le Dossier Thanatos » je crois.
De plus nous avons un ami commun, l’écrivain Benoit-Marie Lecoin qui vient de publier un superbe roman noir intitulé « Wonderland Babe » chez Afitt éditions.

Par l'encre et le sang: Une histoire de la police scientifique française, les Brigades du Tigre © AFITT / Jean-Louis Thouard Quelles furent tes principales sources documentaires pour réaliser tes dessins ? Aurais-tu un ouvrage en particulier à conseiller à nos lecteurs qui désirent en apprendre plus sur l’histoire de la police scientifique ?
Mes sources ont été des documents historiques afin d’être juste et cohérent avec les personnages et les inventions marquantes de l’histoire policière en France.
Je ne suis pas un grand spécialiste mais cet ouvrage me semble une excellente source pour les lecteurs avides d’en savoir plus.

Une invention particulière t’a-t-elle particulièrement impressionné ?
Les appareils de photographie métrique d’Alphonse Bertillon sont assez étonnants. J’aime bien dessiner des machines étranges.

Quelle illustration as-tu pris le plus de plaisir à réaliser pour cet ouvrage ?
J’ai bien aimé réaliser celle des « Apaches » et l’illustration des « brigades du Tigre ».

Comment en as-tu composé la couverture ?
L’idée était de faire un lien visuel entre passé / présent des techniques scientifiques.
J’ai pensé intéressant de faire un clin d’œil à la fiction holmésienne qui a tellement marqué le monde des détectives.
Puis j’ai fait pas mal d’essais pour les couleurs et je suis tombé sur ce contraste de bleu et de rouge qui m’a semblé assez efficace visuellement et intrigant.
couverture, work in progress
Par l'encre et le sang: Une histoire de la police scientifique française, couverture : work in progress © AFITT / Jean-Louis Thouard Par l'encre et le sang: Une histoire de la police scientifique française, couverture : work in progress © AFITT / Jean-Louis Thouard Par l'encre et le sang: Une histoire de la police scientifique française, couverture : work in progress © AFITT / Jean-Louis Thouard

Dans quelle ambiance sonore as-tu travaillé sur ce livre ? Silence monacal ? radio ? podcast ? musique de circonstance ?
Ça oscille entre le chant des petits oiseaux, la musique electro, la radio et les podcasts.

Par l'encre et le sang: Une histoire de la police scientifique française, bertillonage © AFITT / Jean-Louis Thouard Peux-tu en quelques mots nous parler de tes projets présents et à venir ?
Actuellement je termine une commande BD d’une histoire en 12 planches.
J’ai très envie de reprendre un projet d’album, d’aller vers des récits plus personnels, plus intimes et profonds.

Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
En film j’ai adoré « Nope » et « Les Banshees d’Inisherin »
En musique electro les albums de Janek Schaefer et de Moderat.
En BD j’ai bien aimé le recueil d’histoires courtes de Junji Ito chez Mangetsu
Et en roman le sombre et sauvage « Wonderland Babe » de Benoit-Marie Lecoin,

Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…

Si tu étais…


Jean-Louis Thouard, atelier d'artiste
un personnage de BD : Le Major Grubert
un personnage mythologique : Ulysse
un personnage de roman : Van Helsing
une chanson : Be bop a Lula
un instrument de musique : une flute de pan
un jeu de société : le Puissance 4
une découverte scientifique : une pile
une recette culinaire : Poulet au vin jaune et morilles
une pâtisserie : forêt noire
une ville : Istanbul
une qualité : la persévérance
un défaut : l’impatience
une boisson : Savagnin
un proverbe : « que sera sera »

Un dernier mot pour la postérité ?
Hasta la vista

Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !
Merci à toi !
Par l'encre et le sang: Une histoire de la police scientifique française, Eugène-François Vidocq © AFITT / Jean-Louis Thouard
Le Korrigan