







Bonjour Roger Seiter et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions… Quelles sont tes références en matière de western ?
Bonjour. Mon goût pour le western remonte à mon enfance. Mes premiers souvenirs nous ramènent à « La Captive aux Yeux Clairs », Alamo ou Rio Grande. Mais depuis, le western a beaucoup évolué. Le western hollywoodien a été progressivement remplacé par le western italien de Sergio Leone et les westerns plus réalistes comme « Le Soldat Bleu », « Little Big Man » ou « Danse avec les Loups ».
Mais mes sources d’inspirations actuelles sont encore plus récentes. Je citerais entre autre la série Deadwood et des films comme «The Homesman » de Tommy Lee Jones et «Les Frères Sisters » de Jacques Audiard.
Peux-tu nous parler de Lawmen, ton prochain album qui sera, comme le somptueux Ghost Ship, dessiné par l’impressionnant Fabrice Le Hénanff.
Le sujet de « The Lawmen » est assez proche de « The Homesman ». Nous sommes quelques années après la guerre de Sécession et la conquête de l’ouest bat son plein. Tous les jours, des milliers de colons partent de la côte est pour un périple de plusieurs mois vers l’ouest et la promesse d’une vie meilleure. Mais ce voyage est souvent une véritable loterie qui souvent finit mal.
L’ouest est une zone de non droit particulièrement difficile pour les femmes. Il n’y a pas vraiment de justice dans l’ouest sauvage. La loi du plus fort règne partout. Pour essayer de rétablir un semblant d’ordre, le président Ulysses Grant décide d’envoyer dans les nouveaux territoires de l’ouest deux de ses représentants. Le juge fédéral Amos T. Cameron et le marshal fédéral Juste Derval. En tant qu’envoyés directs de Grant, Amos et Derval disposent d’une autorité absolue sur les juges et les shérifs locaux. Même l’armée est dans l’obligation de leur porter assistance en cas de besoin. Mais ce ne sont que des hommes et ils ne sont que deux. Deux hommes qui comme les autres sont vulnérables aux balles des centaines d’outlaws qui écument le pays.
Comment as-tu rencontré cet artiste au style inimitable ? Qu’est-ce qui t’a séduit dans son travail ?
Je connais le travail de Fabrice depuis longtemps. Depuis HHH Holmes. J’ai depuis acheté beaucoup de ses albums, justement parce que son travail est très différents du graphisme habituel des dessinateurs de BD. Fabrice habite Quimperlé et il y a trois ans, comme j’étais en vacances en Bretagne, nous sommes allés prendre une bière ensemble. Il venait de sortir Capitaine Blight que j’avais beaucoup aimé.
J’ai découvert un garçon charmant et très intéressant. Nous avons tout de suite accroché et dès que nous avons pu monter un projet ensemble nous l’avons fait. Le résultat a été Ghost Ship qui a paru chez Les Sculpteurs de Bulles. C’est également cet éditeur qui va publier The Lawmen.
Comment s’est organisé le travail à quatre mains sur l’album ? As-tu travaillé de la même façon avec Fabrice Le Hénanff qu’avec les nombreux autres dessinateurs avec lesquels tu as collaboré ?
Oui, exactement pareil. J’ai d’abord écrit un scénario qu’il a validé, puis j’ai fait le découpage. Il a commencé son travail avec le découpage complet de l’album. Ensuite, il réalise les planches comme il l’entend. Fabrice a cette particularité de dessiner chaque case à part pour ensuite coller les vignettes sur un canson pour former les planches. Du coup, il peut parfaitement travailler à la fois sur des cases de la planche 5 et de la planche 18. En plus, Fabrice, contrairement à ce que je peux lire parfois, n’utilises pas l’outil informatique pour son travail. Pour tout dire, il n’a même pas d’ordi dans son atelier et n’est pas équipé pour scanner ses planches.

Quel effet cela te fait-il de découvrir ses planches au fur et à mesure de leur réalisation ?
C’est presque plus un peintre hyperréaliste qu’un dessinateur. Dans ces conditions il est très difficile de suivre la progression de l’album. Mais Fabrice est un auteur complet et talentueux en qui j’ai entièrement confiance. Je découvre donc les planches terminées et c’est toujours une très bonne surprise. Fabrice est un dessinateur surdoué et généreux. C’est toujours magnifique.
Ton dernier album en date, Le Bouclier d'Achille, vient de paraître sur les étals… Quel effet cela te fait-il de mettre en scène l’un des héros qui a bercé ton enfance ?
Oui mon premier Alix vient de sortir il y a deux jours. Même si j’ai déjà fait six Lefranc, je dois bien avouer que c’est une sortie qui génère une certaine émotion. Alix est un personnage tellement emblématique. Je remercie d’ailleurs Marc Jailloux et Florence Fantini qui m’accompagnent dans cette aventure. Ils ont fait un travail formidable. En plus l’accueil de l’album semble très positif. Que du bonheur.
Comment écrit-on l’histoire d’un héros aussi emblématique qu’Alix ?
L’univers d’Alix est très complexe. Très différent aussi de celui de Lefranc. C’est en discutant avec Marc que j’ai décidé de proposer ce scénario à Casterman. Ils ne m’avaient rien demandé. J’y suis allé au culot. Avant de l’écrire, j’ai lu ou relu les 40 albums déjà parus. Pour me replonger dans la série et bien comprendre les personnages.
Dans Alix, Jacques Martin tente de partager son amour de l’histoire et de l’antiquité avec ses lecteurs. Il s’est toujours énormément documenté sur les sujets qu’il abordait. Il se trouve que pour ma maitrise d’histoire je m’étais plus particulièrement intéressé à l’antiquité grecque et romaine. J’avais également eu l’occasion de faire un voyage en Grèce il y a quelques années pour visiter les principaux sites archéologiques. Ce sont donc des sujets que je maîtrise. Avec Marc, nous souhaitions également revenir à un Alix plus classique. Visiblement nos choix plaisent aux lecteurs.
Peux-tu nous parler de tes projets présents et à venir ?
Il y en a plein. Un nouveau Lefranc sort en mars 2024 et je viens de terminer le découpage du suivant. Marc Jailloux a commencé un second Alix et je viens d’envoyer un troisième projet à Casterman. Sinon, la Lionne Sanglante avec Fred Bier au dessin va sortir chez Grand Angle en 2024.
Toujours avec Fred Blier, on va ensuite enchaîner chez Grand Angle avec un autre projet. Un proto-western avec l’histoire d’une implantation viking en Amérique du Nord. Toujours chez Grand Angle, je vais commencer un autre western avec Chris Regnault au dessin. Un magnifique et ambitieux projet que j’ai hâte de voir prendre forme.
Et nous avons déjà parlé de The Lawmen dont le premier one-shot devrait sortir au printemps 2024. Je suis d’ailleurs en train d’écrire une seconde aventure avec les mêmes personnages. Après, il y a également d’autres projets en gestation, mais qui sont moins avancés pour le moment.
Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
Actuellement je suis plutôt séries. Je viens de terminer
Yellowstone avec Kevin Cosner que j’ai beaucoup apprécié.
Merci pour le temps que tu nous as accordé…
Merci à toi pour ces questions …

Bonjour Fabrice et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ? Si oui, je me ferais violence mais je sais qu’un « tu » risque tôt ou tard de partir tout seul pendant que je nettoierai mon clavier…
Bonjour, non je ne suis pas opposé au tutoiement.
Merci, à toi 
Peux-tu nous parler de toi en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans ?)
Alors ,j'ai 51 ans, je suis né en Bretagne ,j' ai obtenu mon bac A3 (arts plastiques) en 1991 à Quimper. Je suis parti à Rennes l'année suivante pour rejoindre la fac d'arts plastiques de Rennes 2 ou j'ai obtenu mon DEUG et ma licence. Pendant ma maitrise je me suis intéressé à la bande dessinée. J'ai proposé mon premier projet en 2001 et il a été publié il y a 20 ans.

Enfant, quel lecteur étais-tu et quels étaient tes livres de chevet ? La BD a-t-elle toujours occupé une place de choix ?
Je lisais pas mal : livres, revues de kiosque : Pif, Journal de Mickey puis plus tard la découverte des comics avec les éditions Lug : Strange ,Nova ,Titan etc....
Devenir auteur de BD, était-ce un rêve de gosse ?
Non.
Quels sont tes maîtres ou tout au moins tes références dans le neuvième art ?
Frank Miller, John Byrne, John Buscema , Alan Moore ,Giraud ,Hermann ...
Quelles sont selon toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier ?
Les joies : La première publication, tenir enfin son travail entre les mains. La première dédicace, la première critique (bonne ou mauvaise ), etc...
Les grandes difficultés : être toujours là après 20 ans. Rechercher du boulot chaque année, bosser gratuitement en faisant des planches d'essais après 20ans et la solitude du métier.

Comment ta route a-t-elle croisée celle de Roger Seiter avec qui tu as signé l’impressionnant Ghost Ship ?
Cela à commencé par un Message de Roger sur Facebook me félicitant pour l'album « Capitaine Bligh » réalisé chez Robinson en 2020.
Quelles étaient tes références en matière de western, tous médias confondus ?
C'est vaste, les
Mystères de l'Ouest quand j'étais gamin puis ensuite les westerns spaghettis.
Qu’est-ce qui t’a séduit dans son Lawmen, actuellement en financement participatif sur ?
C'est un album violent avec quatre personnages principaux vraiment intéressants.
Tu as un style graphique vraiment singulier… Avec quels outils créés-tu tes planches ou tes illustrations ?
Depuis mes débuts je travaille en couleurs directes : encres de couleurs, posca, crayons aquarelles, je ne réalise pas d'encrage seulement un crayonné fort.
Concrètement, du synopsis à la planche finalisée, quelles sont les différentes étapes de votre travail à quatre mains sur l’album ?
Avec Roger j'ai la chance d'avoir le scénario en entier (découpé ) dès le début ,j'ai la chance qu'il me donne entièrement carte blanche sur l'album ,je gère le découpage à ma guise,je peux lui faire également des propositions.
Lawmen, planche de l’album


Serait-il possible de visualiser ces différentes étapes pour une planches donnée ?
Pour l'instant je n'ai pas de crayonné, je suis sur la et les planches en ma possession sont terminées.

Quelle étape te procure le plus de plaisir ?
La couleur bien sûr !
Peux-tu nous parler de tes projets présents et à venir ?
Actuellement je travaille sur un autre western de Roger Seiter qui à pour titre donc « Lawmen » c'est un one shot de 62 pages en couleurs directes .On espère en faire une série. Le crowfunding sur se termine la semaine prochaine . J'ai également travaillé sur un documentaire pour la télévision Suisse et France 3 : Le mystère Lucie. Peut-être sera-t-il adapté en bd.
Y-a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Non je ne vois pas.
Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
Oh la la ,des séries :
Deadloch (série australienne) ,
MR Inbetweeen ,
CB Strike,
the chemistry of death...
Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé…