








Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ? Si non, je me ferai violence
Non, pas de problème avec le tutoiement.
Merci à toi…
Peux-tu en quelques mots nous parler de toi? (études, passions, numéro de carte bleue…)
Je suis passé par une année aux Beaux-Arts d’Angoulême, puis 4 années aux arts décoratifs de Strasbourg, section illustration. Sorti en 93, j’ai travaillé dans la publicité, puis les manuels scolaires chez Nathan, les illustrations de romans jeunesse aux éditions du Bastberg et enfin, ce que je recherchais... la bande dessinée.
Mes passions... la nature, les voyages et surtout le cinéma. Surtout le cinéma classique. Celui de John Ford par exemple.
Enfant, quel lecteur étais-tu ? La BD occupait-elle déjà une place de choix ?
Enfant je lisais et relisais beaucoup de BD. Je n’avais pas beaucoup d’argent pour en acheter et nous étions bien loin d’une librairie. C’est au collège que j’ai pu découvrir d’autre BD, en parcourant les librairies d’occasion.
Quels étaient tes albums de chevet ? Un auteur en particulier a-t-il fait naître ta vocation ?
Mes auteurs de chevet... Pratt, Loisel, Bourgeons, Walters, André Geerts ( que j’avais pour ami ), Gibrat, Guido Buzzelli.

Devenir auteur de BD a-t-il relevé du parcours du combattant ?
Oui, le parcours à été très difficile... et le reste. À la sortie des Arts déco il m’a fallu 6 ans pour m’imposer dans la BD, surtout en tant que scénariste. Mais après 4 tomes de
Mirabelle, chez Glénat, tout était à refaire. Près de 3 ans sans aucun projet accepté. Du coup, un changement radical. Je pars sur un dessin réaliste et la couleur directe à l’aquarelle.
Ondine d’abord, qui devait sortir aux éditions du Batsberg, mais qui fait faillite à ce moment. Et
Nuage qui débute très bien aux éditions Milan, avec de nombreux prix. Malheureusement, je ne suis pas chanceux. Fermeture de Milan BD, je passe alors chez Physalis... fermeture de Physalis. Donc depuis cette période, tous mes livres sont dans ma propre maison d’éditions La Fille de la Lune. Et me voilà de retour chez un éditeur Mosquito, pour
les Insurgés...
Quelles sont pour toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier d’auteur de BD ?
Mes plus grandes joies du métier, c’est de voir un personnage vraiment exister, par son caractère et son physique. De lui voir adopter des gestes bien à lui. Exister vraiment.
Les difficultés... les jours ou rien ne marche. Il y en a.
Quel conseil donnerais-tu à un dessinateur désirant dire carrière dans le neuvième art ?
Le conseil pour un débutant c’est la persévérance. Je ne connais que cela
Tu t’es fait connaître pour tes couleurs délicates et somptueuses qui illuminent chacune de tes planches. Quels sont tes maîtres, références et inspirations en la matière ?
La couleur, dès les Beaux-Arts, était mon point fort. Avec la couleur directe, c’est peut-être plus évident. Pas d’influence particulière, même si on me parle souvent de Lepage et Gibrat, qui sont de merveilleux aquarelliste que j’apprécie. Mes voyages m’ont permis de fixer les couleurs dans ma mémoire.

Qu’est-ce qui t’a décidé à te lancer dans le financement participatif pour ton nouveau projet, les Insurgés, qui nous entraîne dans une Irlande déchirée par la guerre civile ?
Le financement participatif, j’en avais entendu parler depuis pas mal de temps, mais je me disais que ce n’était pas fait pour moi. Trop d’ordi. C’est avec les confinements que cela est devenu indispensable pour ne pas mettre la clef sous la porte.
Plus de salons et festivals... Plus d’animations scolaires... donc plus de rentrées financières. J’ai essayé avec Ulule pour mon projet
Lune Bleue et je suis rentré dans mes frais à peine l’album sorti. Du coup, vu l’absence d’avance sur droit sur
Les Insurgés, je récidive.
Les Insurgés est un projet de 25 ans... qui a été profondément amélioré durant toute ces années. Et surtout j’y ai fait entrer un scénariste, Patrick Schnekenburger, qui est parti de toutes mes recherches et certains de mes personnages d’origine, comme Nuala.

Peux-tu en quelques mots nous présenter le pitch de l’album ?
C’est l’histoire d’un homme qui échappe à la mort durant la guerre des Dardanelles. Une grosse boucherie de la première guerre mondiale. En rentrant au pays il se marie et a deux enfants. Il aspire à une vie paisible. Mais la guerre le rattrape. Son frère est tué par des soldats Anglais, les Tans, des mercenaires de Churchill envoyés en Irlande pour mater la rébellion. La veuve de son frère, la belle Nuala ( et ancien amour de jeunesse ) le pousse à rejoindre l’IRA, pour se venger de ce meurtre. S’il n'est pas décidé à reprendre les armes, son passé militaire va bien vite l’amener à diriger la section des rebelles dans la région de Killarney.
Comment s’est réparti le travail entre Patrick Schnekenburger et toi pour l’écriture de l’album ?
J’ai commencé par lui donner des piles de livres que j’ai accumulé comme documentation sur le sujet et lui ai parlé de certains personnages que je verrai bien dans cette histoire. Puis, Patrick est parti sur un début d’histoire écrite comme un roman. Nous en avons discuté et nous avons décider vaguement de la suite, mais plus particulièrement de la relation entre Sean et Nuala. Patrick a écrit le scénario entier. Cela me semblait bien. Par la suite, en dessinant les planches, je suis revenu sur certains dialogues ou scène pour les retravailler à deux.

Du synopsis à la planche finalisée, quelles furent les grandes étapes de la réalisation de l’album ?
Après le scénario vient la création des personnages, puis une esquisse rapide. Je poursuis avec un crayonné. Je reproduis par table lumineuse le crayonné en apportant des améliorations, sur un papier plus fort pour la couleur. Et enfin, je réalise sur ce crayonné la couleur à l’aquarelle.
Quelle étape te procure le plus de plaisir ?
Le scénario et la création des personnages sont le plus passionnant.
Lors de la phase d’écriture, as-tu déjà en tête l’apparence de tes différents personnages ? La travailles-tu en amont pour alimenter l’histoire leur donnes-tu leur apparence définitive en fin d’écriture ?
Oui, je commance par créer les personnages dès qu’ils sont apparus dans le scénario. Sauf parfois pour des personnages très secondaires qui peuvent être créés seulement lorsqu’ils apparaissent dans la planche. Exceptionnellement Nuala et le capitaine Mc Gregor ont été créés avant le scénario. Je les ai proposés avec d’autres à Patrick, qui les a retenus. Ce sont les seuls survivants de ma galerie de portrait, proposés au départ.

Quelles furent tes principales sources documentaires pour écrire les Insurgés? Aurais-tu un ouvrage à conseiller à un lecteur désireux d’en savoir plus sur les prémisses de la guerre d’Irlande ?
J’ai cherché pendant des années des livres sur le sujet, lu des romans et vu quelques rares films. J’ai même rechercher des livres en Angleterre et en Irlande. Patrick et moi sommes allé aussi en Irlande... séparément... à deux époques différentes. Moi au moment même de l’attentat d’Omagh, j’entrais en Irlande du Nord, dans une atmosphère bien étrange.
Les anglais étaient regroupés dans des forts aux murs impressionnants. Bref, nous avons pu apporté nos visuels lors de ces voyages... mais le miens été bien réduit car mes photos ont été voilées au développement. Donc mes images du Kerry étaient surtout dans ma mémoire. Patrick a fait aussi ses propres recherches de son côté et à eu la bonne idée de débuter l’histoire pendant la guerre des Dardanelles, là où anglais et irlandais été encore côte à côte. Un bon livre est DUBLIN 1904-1924 éditions Autrement.
Comment as-tu élaboré la couverture de l’album ? As-tu travaillé sur plusieurs versions avant d’arrêter ton choix sur celle-ci ?
Pour cette couverture, je n’ai pas trop cherché. Je l’avais à peu près en tête. J’ai seulement bougé un peu les choses sur différentes esquisses pour trouver la meilleure mise en scène.
Peux-tu en quelques mots nous parler de tes projets présents et à venir ?
Le prochain projet est un nouveau tome de ma série NUAGE. Et il se passera dans une île.
Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
Mon dernier coup de cœur est le dernier film de Scorsese Killer of the Flower Moon.... Mais j’attends beaucoup du dernier Dupontel !
Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Si tu étais…

un personnage de BD : Corto
un personnage mythologique : Jason
un personnage de roman : Lord Jim de Conrad
une chanson : une chanson de Brassens
un instrument de musique : la guitare
un jeu de société : le Tarot
une découverte scientifique : La roue, pour voyager
une recette culinaire : le couscous
une pâtisserie : un éclair au café
une ville : Venise ou Sienne
une qualité : fidèle en amitié
un défaut : peu ouvert aux technologies
un monument : Angkor pour être couvert de racines.
une boisson : le jus de bissap
un proverbe : « N’ai jamais peur de partir vers l’aventure... jamais tu ne le regretteras. »
Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !