Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…

Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ? Si oui, je me ferais violence mais je sais qu’un « tu » risque tôt ou tard de partir tout seul pendant que je nettoierai mon clavier…
Bien sûr on peut se tutoyer.
J'en profite pur m'excuser pour mon français hésitant. Je cherche à utiliser le moins possible le traducteur pour m'exercer.

Merci à toi… et pour ce qui est du français, tu t’en sorts plus qu’honorablement !

Peux-tu nous parler de toi en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans ?)
Après le degré à l'école d'art, j'ai étudié 3 ans à l'école international de BD en Rome. La période à Rome, au delà des études, m'a permis de faire la connaissance d’auteurs de BD qui m'ont aidé à alimenter ma passion pour le dessin, et donc me pousser à obtenir les premiers résultats.
Actuellement à 28 ans j'habite dans les Pouilles, à Barletta, ma ville natale, dans laquelle je passe la plupart du mon temps à dessiner (évidemment).

Enfant, quel lecteur étiez-vous et quels étaient vos livres de chevet ? La BD a-t-elle toujours occupé une place de choix ?
Je n'ai jamais été un grand lecteur (ni roman, ni BD) mais me souviens d’une série que j'aimais totu particulièrement : Naruto.
J'ai toujours aimé le simple acte de dessiner.
Quand j'ai décidé que je voulais devenir dessinateur de bandes dessinées j'ai commencé à lire plus bd, surtout américaine, mais franchement mon rapport avec la lecture a toujours eut pour finalité de m'améliorer en tant que dessinateur, pas en tant que fervent lecteur.

Devenir auteur de BD, était-ce un rêve de gosse ? Un auteur en particulier a-t-il fait naître ta vocation ?
Devenir auteur de BD était un rêve d’adolescent. Enfant, je voulais être un Air Marshal comme mon père. Mon envie de devenir dessinateur de BD est grandi graduellement, en partant d’une vocation originale au dessin. J'aimais dessiner surtout les personnages de Dragon Ball et des Simpson. Puis, quand j'ai découvert le monde de la BD j'ai compris où je pouvais canaliser tout mon envie de dessiner.

Ce n'est pas la BD qui m'a choisi, mais moi qui l'ai choisi.

Quelles sont selon toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier de dessinateur ?
Bien sûr la plus grande joie d'être un bédéiste est faire de votre passion votre métier, quelque chose qui n'est pas partagé par beaucoup de gens de nos jours.
Mais pour moi ç'est aussi la difficulté car le rythme du travail, ses implications, les besoins économiques, tout ça peut aller contre l'essence de la passion.

Comment as-tu rencontré Cédric Mayen qui signe le scénario de Pax Elfica, un album d’heroic-fantasy iconoclaste où les elfes endossent le mauvais rôle ? Qu’est-ce qui vous a séduit dans le scénario ?
J'étais déterminé à entrer dans le marché franco-belge et mon agent m'a fourni l'opportunité de travailler sur ce nouveau projet du Lombard. J'aime la fantasy, mais quand j'ai vu l'univers derrière l'œuvre de Claude Guéant, j'ai compris que je m’impliquais dans un projet d’envergure.

Et puis Cédric parfois est tellement fou dans le scénario, je ne m'ennuie jamais. Et, surtout je m'amuse à lire les répliques du tac au tac entre Bvorn et Morrigan ! J'apprends toujours de nouvelles expressions idiomatiques en français. Il sait aussi être épique hein.

La série est tiré d’un jeu de rôle éponyme publié par les XII Singes. Es-tu toi-même rôliste ?
Je n'ai jamais été rôliste, mais après tout, les dessinateurs sont déjà des sorciers...

Ah, ah, pas faux ! Sorcier ET démiurges…

A partir de quels éléments as-tu créé l’apparence des différents personnages de l’histoire ? Se sont-ils rapidement imposés ou sont-ils passés par différents stades avant de prendre l’apparence qu’on leur connaît ?
L'apparence des quelques personnages était déjà établie dans le manuel du joueur de Pax Elfica, par exemple Ulrich, Morrigan, Bvorn, Tano, Rosa. Pour autres j'ai dû faire travailler un peu plus d'imagination car il n'y a pas de description complète de leur apparence dans le manuel.

Ainulaurie a été le personnage dont j'avais modifié les caractéristiques malgré une première représentation dans le manuel. J'ai pensé lui donner une apparence de dame d’inspiration médiévale/renaissance car je j’aimais cette fusion entre un élément fantastique (l'elfe) t un élément historique, justifié par l'ambiance qui baigne la narration.

Tano lui-même a subi des changements au cours de la production, la physionomie du visage en particulier. En effet je le concevais initialement avec une morphologie peu adaptée à un demi-elfe. Ainsi, en collaboration avec l'éditeur, il a été décidé de prendre comme base l'acteur Timothée Chalamet.

Lequel as-tu pris le plus de plaisir à mettre en scène ?
J'aime dessiner tout le monde, mais mes préférés sont peut-être Tano, Bvorn et Ulrich.
Tano parce que c'est lui le héros, et Bvorn et Ulrich parce qu'ils ont tous les deux des physionomies extrêmes : l'un plus musclé, l'autre très fin, donc je peux jouer davantage sur leurs formes.

Comment s’est organisé votre travail sur l’album ? Du synopsis à la planche finalisée, quelles furent les différentes étapes de sa réalisation ?
Je commence à lire la page du scénario et à me créer la séquence dans la tête, comme si c'était un film.

Après ça je fais un petit storyboard dans lequel je couch sur papier ce que j’ai imaginé, en cherchant à mettre en scène les plans clé pour faire bien comprendre que se passe en chaque case, afin que le récit soit fluide. C'est ici que je établi la quantité des cases.

Pour le coup, je suis un peu naïf, et, généralement, je suis le seul à le comprendre ce qui a été esquissé

Ensuite je fais un autre storyboard de la même page au format A4, plus détaillé cette fois (pas trop) : c'est l'étape où place les différents éléments ainsi que la bulle, le langage non verbal des personnages et je définis les plans.

Cela fait, généralement le lendemain, je revois la planche et s’il y a des choses qui ne me convainquent pas, je les modifie : des plans répétés ou peu clairs, j’ajoute parfois des cases pour rendre la narration plus fluide encore.

Si tout va bien, on peut commencer à travailler sur le crayonné : je mets le storyboard (agrandi) sur la table lumineuse, un papier au-dessus, et je commence à dessiner, en m’appuyant sur ce que j'ai fait sur le storyboard.

C'est à cette étape que les personnages, les ambiances et le récit prennent sa vie.

Finalement on s'arrive à l'encrage.

Mon organisation du travail prévoit que je fasse les encres seulement après avoir fini tous les crayonnés. Ça me permet de revoir tout le boulot fait dans son ensemble et, éventuellement, apporter des modifications.

En fait j'encre sur un nouveau papier sur la table lumineuse : ça me permet de vivre l'encrage pas comme un traçage du dessin, mais comme l'opportunité d’élaborer à nouveau les volumes et la masses des personnage et des ambiance.

Ainsi, peu à peu je finis les encres, j’envoie les planches au coloriste, l’excellent Axel Gonzalbo.

Voilà le processus créatif de l’élaboration de l’album.

Quelle étape te procure le plus de plaisir ?
Mon étape préférée est certainement le crayonné : c'est là où je peux exprimer au mieux ma créativité.

Aurais-tu une anecdote à nous raconter relative la création de cet album ?
Rien qui saute aux yeux. La vie est ainsi ordinaire parfois.


Avec quel scénariste rêverais-tu de travailler ?
Mon rêve est et sera de travailler sur projet que j'aime… Mais le nom du scénariste c'est relativement important !


Peux-tu en quelques mots nous parler de tes projets présents et à venir ?
Actuellement je suis au travail sur le tome 2 de Pax Elfica, et ensuite m'attendront le tome 3 et 4. Le voyage est long !



Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
En tante qu’amoureux de la mythologie et de l'épique, mon dernier coup de cœur concernant la première est la Bibliothèque de Pseudo-Apollodore, et pour le seconde, dans le cadre du fantasy, Les Enfants de Húrin de Tolkien.

Pour la BD je dirai Ténébreuse de Hubert/Mallié, mais je dois encore finìr de lire le dernier tome !

Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Non, j'aime me faire surprendre !

Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…

Si tu étais…
un personnage de BD : Dylan Dog
un personnage de roman : Tom Bombadil
un animal : Monticole merle-bleu
une chanson : Rundtgåing av Den Transcendentale Egenhetens Støtte- Burzum
un instrument de musique : Lyre
un jeu de société : les Échecs
une découverte scientifique : le réfrigérateur
une recette culinaire : Pasta e fagioli
une pâtisserie : un beignet
une ville : Viterbe
une qualité : Empathie
un défaut : Paralysie d'analyse
un monument : Un ancien temple grec
une boisson : Vin rouge
un proverbe : Je sais que je ne sais rien

Un dernier mot pour la postérité ?
Ne réfléchis pas trop.

Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !
Merci à toi, pour ton intérêt et à tous ceux qui passeront leur temps à me lire. A très vite !