Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…

Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ? Si oui, je me ferais violence mais je sais qu’un « tu » risque tôt ou tard de partir tout seul pendant que je nettoierai mon clavier…
Le « tu » m'ira très bien

Tu m’en vois ravi 😉…
Peux-tu nous parler de toi en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans ?)
Je suis autrice jeunesse depuis maintenant 14 ans. Dans une autre vie, j'ai été journaliste pendant 15 ans et après les histoires des autres j'ai choisi d'écrire les miennes ! J'adore lire (quel scoop!), le cinéma, voyager... (mais pas encore aux îles Caïmans).

Enfant, quelle lectrice étais-tu et quels étaient tes livres de chevet ? La BD a-t-elle toujours occupé une place de choix ? Un auteur en particulier a-t-il fait naître ta vocation ?
J'ai dévoré dès que j'ai su lire. Des romans bien sûr, mais aussi énormément de BD. J'avais un père bédéphile, abonné entre autres au magazine A suivre. Disons que tous les auteurs que j'ai découverts et aimés m'ont incitée à me lancer. Mais pour en citer quelques-uns on peut dire que j'étais fan de Frankin et donc de Spirou et Fantasio, Gaston Lagaffe ; des Dingosdossiers de Goscinny ; des Yoko Tsuno de Roger Leloup... puis Les passagers du vent de François Bourgeon ; mais aussi les BD de Gibrat, Berthet, Giardino, Yslaire...

Devenir autrice de BD, était-ce un rêve de gosse ?
Non pas vraiment. Je n'imaginais pas qu'un jour je puisse passer de l'autre côté du miroir.

Quelles sont selon toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier ?
Les joies sont multiples : créer un monde, faire vivre ou grandir un personnage, imaginer des péripéties. Voir ses idées prendre forme grâce au talent d'un dessinateur ou d'une dessinatrice. Participer à l'élaboration du storyboard, être là à toutes les étapes, corriger un détail, revenir sur un rebondissement, affiner une pensée, revoir un dialogue, être émue par le résultat, découvrir l'objet-livre, le tenir entre ses mains, lire les premiers retours, dédicacer sa BD !

Les difficultés sont également nombreuses car à chacune des précédentes étapes il y a le doute et l'inquiétude d'être juste, de retenir l'attention du lecteur, de ne pas perdre le fil du récit, de savoir si ça va plaire, si le rendu sera aussi beau que prévu, de savoir si on va arriver au bout...

Comment est née Ilenter, série de fantasy mettant en scène une jeune femme qui tente de s’émanciper de la tutelle patriarcale et sociétale ?
C'est une histoire qui provient d'illustrations. De loups et de jeune femme emmitouflée dans un paysage glacé. Je me suis appuyée sur les dessins pour faire naître une situation de départ et ensuite construire un scénario...

Comment as-tu croisé la route de Moon Li qui en signe les magnifiques dessins ?
A Montreuil ! Elle dédicaçait au SLPJ sur le stand des éditions Jungle. C'est notre éditrice qui nous a présentées et nous avons tout de suite sympathisé. Moon Li connaissait mes livres précédents et moi j'ai immédiatement aimé son univers graphique.

Parmi les différents personnages de l’histoire, lequel ou laquelle as-tu pris le plus de plaisir à mettre en scène ?
Je pense que c'est Ilia ! L'héroïne de cette histoire qui va profondément évoluer au fil du récit. D'une jeune fille un peu naïve et amoureuse, elle va passer à une jeune adulte volontaire et éclairée. Ses yeux vont s'ouvrir sur une société bien différente de ce qu'elle avait toujours cru, sur un amoureux soumis à son père, sur un secret de famille terrifiant. Elle est tellement courageuse, émouvante, forte et décidée que j'ai adoré lui donner vie à travers les pages d'Ilenter.

A partir de quels éléments Moon Li a-t-elle créé l’apparence d’Ilia et la société dans laquelle elle vit ?
Elle a fait énormément de recherches sur l'apparence des animaux, sur les habitations et sur les paysages. Pour moi, cela devait avoir des ressemblances avec l'Islande, un pays magnifique que j'ai eu la chance de visiter. Nous avons beaucoup échangé pour trouver le décor le plus approprié, les habits des personnages, leur apparence... pour être au plus près de ce que nous avions en tête.

Comment s’est organisé le travail à six mains sur l’album ? Du découpage à la planche finalisée, quelles furent les différentes étapes de l’élaboration de l’album ?
Plusieurs années ont été nécessaires pour arriver à destination ! De l'apparition de l'idée, à l'écriture du scénario, au découpage, au storyboard, aux illustrations, à la couleur nous avons énormément travaillé je pense qu'il a bien dû s'écouler trois ans ! Et quand Claudia Razzoli nous a rejointes pour offrir ses talents de coloriste, c'est comme si la BD prenait vie !

Dans quelle ambiance sonore travailles-tu ? Silence monacal ? Musique de circonstance ?
Alors, j'aime beaucoup écrire en musique ou en chansons. Pour Ilenter, mon ambiance musicale a été très musiques de films. Comme Le Seigneur des Anneaux ou encore Narnia par exemple !

Avec quel dessinateur ou dessinatrice rêverais-tu de travailler ?
Dans l'absolu d'un monde idéal j'adorerais travailler avec Tardi.

Peux-tu en quelques mots nous parler de tes projets présents et à venir ?
Alors j'ai de nouvelles publications qui viennent tout juste d'éclore en plus d'Ilenter : Trois fois Elle, un roman ado/young adult aux éditions Slalom ; un album jeunesse Jeanne Barret, l'intrépide, illustré par Claire Gaudriot aux éditions A pas de Loups. A venir, une série romans juniors Sœurs de C(h)oeur chez Casterman et un album Auprès de mon herbe chez Glénat, illustré par Albert Arrayas... et encore d'autres projets dont une BD encore dans les limbes !

Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
Le roman Vindicte, de Gildas Guyot aux éditions Faction, sélectionné au prix Vendredi qui m'a vraiment renversée. Et aussi La dernière fois que je t'ai aimé de Marie Boulic chez Sarbacane, un très beau et poétique roman d'amour. En adulte, le superbe Les sept maisons d'Anna Freud, de Isabelle Pandazopoulos. Je viens aussi de finir Badjens de Delphine Minoui au Seuil, cri en vers libres d'une Iranienne pour #femmevieliberté. Magnifique. Et j'ai très hâte de lire la dernière BD de Riad Sattouf, Moi, Fadi, le frère volé.

Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Non, je ne vois pas ! C'était parfait

Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…

Si tu étais…

un personnage de BD : Yoko Tsuno
un personnage de roman : Fifi Brindacier
un animal : un chat
une chanson : The River
un instrument de musique : une guitare
un jeu de société : les échecs
une découverte scientifique : Un vaccin contre la dépression
une recette culinaire : le couscous
une pâtisserie : le tiramisu
une ville : Paris
une qualité : la curiosité
un défaut : la gourmandise
un monument : le Taj Mahal
une boisson : le champagne
un proverbe : Il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent jamais

Un dernier mot pour la postérité ?
Merci et Lisons !

Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !