Entretien avec Jérôme Ropert et Tom Graffin
Interview accordé aux SdI en juin 2025









Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…
Peux-tu nous parler de toi en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans ?)
Jérôme Ropert: J’ai fait des études scientifiques, et suis devenu professeur de sciences physiques… mais enfant j’adorais le dessin et rêvais d’être dessinateur de BD. La vie est parfois étonnante.
Enfant, quel lecteur étais-tu et quels étaient tes livres de chevet ? La BD a-t-elle toujours occupé une place de choix ?
J.R : Oui la BD a occupé une place de choix, notamment Tintin. Mes livres de chevet étaient par ailleurs ceux de Tolkien et Lovecraft.

Devenir auteur de BD, était-ce un rêve de gosse ?
J.R : Oui, mais aussi en tant que dessinateur. Je n’ai juste pas su quelles études faire pour y parvenir, et comme j’étais doué en science et n’ai pas été aiguillé du tout, ça ne s’est pas fait comme ça. s
Quelles sont selon toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier ?
J.R : Une des grandes joies est le travail en lui-même. Les recherches (car la réalité m’inspire énormément), la conception des histoires avec Tom, puis évidemment, quand un scénario plait à l’éditeur et au dessinateur, la plus grande joie qui vient ensuite est de le voir mis en images.
Avant de travailler sur le scénario d’Ange Leca avec Tom Graffin, série dessinée par le talentueux Victor Lepointe, vous avez signé des enquêtes pour le fascinant jeu Quand avez-vous croisé ce jeu fascinant de Gary Grady, Suzanne Goldberg et Raymond Edwards qui a déboulé en France dans les années 1980 et qui a été superbement remis au goût du jour par Ystari puis par les Space Cowboys ?
J.R : Ce jeu a été une passion. J’avais commencé avec les livres dont vous êtes le héros. J’ai découvert Sherlock Holmes Détective Conseil peu après, à sa sortie en France, à l’âge de treize ans environ. J’ai joué les enquêtes seul, de manière compulsive, puis j’ai recommencé 15 ans plus tard, après les avoir un peu oubliées. Puis, je me suis passionné pour l’histoire de Jack l’Éventreur (j’aime les mystères ; il y en a d’ailleurs en sciences, la vérité n’est pas accessible de manière triviale, je crois que c’est le point commun entre mon métier et cette seconde passion). Je me suis décidé à fusionner les deux : Sherlock (la fiction et le jeu) et jack (la réalité du premier serial killer moderne). Ça m’a pris sept ans pour écrire cette enquête. À la fin je me suis dit que je pourrais essayer de la proposer aux éditeurs du jeu, et ai tenté de trouver qui avait les droits...
Et selon toi, qui est Jack ?
J.R : Pour moi aucun des suspects traditionnels n’est crédible, sauf peut-être un. En tout cas la théorie romanesque du médecin de la reine, Sir William Gull, et du complot royal de From Hell (que j’aime néanmoins beaucoup), est impossible (Sir William Gull avait à l’époque plus de 70 ans et était handicapé, alors que tous ceux qui ont vu Jack décrivent un homme vigoureux d’une trentaine d’années tout au plus). Le seul suspect identifié possible est pour moi Charles Lechmere, qui était sur les lieux du crime de Mary Ann Nichols. Mais, il est probable selon moi que Jack soit un docker qui n’ait jamais été suspecté… Une sorte de Guy Georges, à une époque où la police ne disposait pas des analyses ADN...

Si tu devais expliquer en quelques mots Sherlock Holmes Detective Conseil à ma grand-mère, que lui dirais-tu ?
J.R : C’est un jeu de piste où l’on doit trouver soi-même les chapitres à lire en lisant les journaux d’époque où en rendant visite à des habitants qu’on localise souvent grâce à l’annuaire de Londres ou la carte de la ville. Ensuite, il faut échafauder une théorie, comme le ferait un véritable détective.

Quels sont les points communs et les grandes différences entre l’écriture d’un scénario de jeu d’enquête coopératif et un récit de de bande-dessinée ?
J.R : Le héros. Dans un jeu d’enquête coopératif le héros est impersonnel puisque c’est le joueur lui-même.
Comment est née ta passion pour l’Epoque victorienne et la Belle Epoque ? Si tu devais conseiller un ouvrage à des lecteurs désireux d’en apprendre plus sur l’époque, quel serait-il ?
J.R : Je me suis passionné pour cette époque en faisant des recherches historiques sur le véritable Jack l’Éventreur. J’ai énormément appris en lisant les journaux de l’époque, mais c’est assez fastidieux. Je n’ai pas vraiment de livre référence à conseiller.
Tous médias confondus, quelles sont tes références en matière d’enquête se déroulant durant la Belle Epoque ?
J.R : Aucune. Que le réel. Jack, Landru, la Bande à Bonnot, etc...
Cette passion vous a-t-elle entraîné à vous essayer au jeu de rôle, le XIXe siècle y occupant une place de choix avec des jeux tels que Cthulhu by Gaslight, Crimes ou Maléfices ?
J.R : Cette question me fait sourire. Ça fait plus de quarante que je joue aux jeux de rôle ! Cthulhu, Donjons et Dragons, Stormbringer...
Et pas Maléfices ou Crimes ?
J.R : Maléfices une fois, il y a bien longtemps, et Crimes jamais.
Comment vous êtes-vous rencontrés et comment est née l’envie de travailler ensemble ?
J.R : C’est improbable. Je fais aussi de la boxe depuis trente ans, dans le même club à Clichy. En 2017, Tom est arrivé pour essayer. On a sympathisé en se tapant dessus (gentiment) et je lui ai parlé de mes enquêtes de Sherlock, et lui de son roman. Il me l’a passé et je l’ai lu, et moi je lui ai donné à résoudre 2 de mes enquêtes (j’en ai écrit plus d’une vingtaine qui n’ont pas été publiées). Il s’est pris au jeu, et m’a dit qu’avec un héros, qui aurait une histoire, etc. ça pourrait faire une intrigue pour un scénario de BD. Alors, ensemble, on s’est mis au boulot.
Tom Graffin : J’ai commencé par écrire des mémoires, en 2005. J’écoutais et refondais le récit de personnes généralement touchées par la guerre. En 2012, j’ai commencé l’écriture d’un premier roman, Jukebox Motel, paru en 2016 (JC Lattès). En 2018, Maxime Delauney, mon ancien agent, l’a proposé à Bamboo Édition pour une adaptation. Hervé Richez a accepté et a proposé le projet à Marie Duvoisin, avec qui j’ai donc construit ce diptyque paru en 2021 et 2022.
Parallèlement à cela, j’ai rencontré Jérôme Ropert à la boxe. En plus d’être professeur de physique en prépa, Jérôme fait de la boxe depuis 30 ans. Après le cours, on prenait la même ligne de métro, et on a commencé à sympathiser. Il m’a dit qu’il écrivait des enquêtes pour le jeu Détective Conseil, dont une sur un coffret spécial Jack l’Éventreur avait été publiée. Mais il voyait hélas toutes ses autres enquêtes s’entasser, sans réussir à les publier… Je lui ai demandé s’il pouvait m’en envoyer une, car je ne voyais pas à quoi ces enquêtes pouvaient ressembler. J’ai découvert un travail foisonnant, passionnant, très détaillé. Dans ce jeu, les joueurs qui cherchent le coupable arpentent un univers très réaliste et découvrent progressivement les différentes pistes et indices. C’est là que l’idée m’a frappé, fin 2019 : on pouvait s’allier pour écrire des BD ! Jérôme apporterait sa connaissance encyclopédique de la Belle Époque et de ses affaires criminelles ; je construirais un héros, avec une épaisseur, une histoire. Je me suis donc chargé de cette partie, du moins au début, pour notre toute première BD, qui n’est pas Ange Leca mais Dred Scott ! C’est une histoire écrite en 2020, pendant le confinement, un magnifique diptyque dessiné par Thibault Descamps, dont le premier tome va paraître en 2025, la même année que Monstres américains, l’épisode 2 d’Ange Leca.
Ange Leca est donc notre second héros. Après Dred Scott, nous avons eu envie de revenir en Europe. Paris s’est assez vite imposé à nous, avec l’idée d’intégrer la grande crue de 1910 à notre histoire. Là encore, Jérôme a apporté les références historiques, l’univers, les personnages réels, tandis que je me suis attaché à la construction de l’histoire… Et à ce chien !
Peu à peu, chacun a fini par intervenir dans les deux champs : l’histoire réelle et l’histoire fictive. Nos lectures et nos approches se complètent. Nous sommes assez différents, nous discutons beaucoup, presque quotidiennement, et nous tombons toujours d’accord. Chacun rebondit sur les idées de l’autre, et le tri se fait assez naturellement. C’est assez miraculeux. Finalement, cette “méthode” donne naissance à des héros très vivants. Et avec l’incroyable travail de Victor, on a l’impression qu’ils pourraient exister sans nous !
Comment avez-vous créé le personnage d’Ange Leca, rôle-titre de la série ?
J.R : On voulait un héros qui soit libre d’enquêter sur un fait divers macabre. Le journaliste s’est vite imposé. Tom a eu l’idée de lui donner un compagnon : un chien, Clemenceau. L’analogie avec Tintin, avec qui j’ai grandi, m’a rétrospectivement fait sourire. Mais elle s’arrête là, car notre Ange Leca est bien plus tourmenté, beaucoup moins lisse, et pas asexué. Je l’ai voulu sentimental et torturé par une femme séductrice, assez narcissique, elle-même affublée d’un mari crapuleux. Geneviève Lanthelme et Alfred Edwards nous ont inspirés. Pour la Corse, je ne sais plus trop… Ma femme étant Corse, je connais bien l’île, je crois que c’est venu de là.

Et comment avez-vous rencontré Victor Lepointe qui en signe les somptueux dessins ? (Je suis un grand fan de son travail sur la lumière que je trouve hallucinant.)
J.R : C’est notre éditeur qui, après avoir aimé notre scénario, lui a proposé. Victor a été emballé et s’est lancé dans le projet.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans son travail ?
J.R : J’aime son trait, son sens du détail et aussi la manière dont il éclaire chaque scène. Son traitement de la lumière est vraiment très beau, je trouve. J’ai aussi appris avec lui qu’une planche était un ensemble, une « composition » comme il dit, qu’il y avait un équilibre à trouver, et je trouve régulièrement que le résultat d’une planche pourrait constituer une affiche que je pourrais mettre chez moi ! De plus, depuis le premier Ange Leca, on échange régulièrement, et notre relation dépasse le simple cadre du travail.
T.G : Idem !

A partir de quels éléments Victor a-t-il composé l’apparence d’Ange Leca ?
J.R : Notre description du personnage, et il a voulu lui donner un air de Johnny Depp.
La crue de 1910 qui sert de cadre au premier opus s’est-il rapidement imposé ?
J.R : Non. En fait, c’est arrivé après. C’est la crue qui fait remonter la malle, pour le reste elle fait office de décor et contribue à l’ambiance, mais cette crue ne nous apparaît pas comme essentielle.
Nous avons appris avec joie qu’Ange Leca allait reprendre du service… Comme est née l’idée de cette seconde enquête et où se déroulera-t-elle ?
J.R : Elle est née d’un désir conjugué de lancer Ange dans une seconde enquête, elle aussi inspirée d’une histoire vraie, et de le voir reprendre du poil de la bête après sa dépression. Pour retrouver Emma (et Clouët des Pesruches), Ange traverse l’Atlantique !
Après un premier tome captivant, Ange Leca sera donc de retour pour une seconde enquête… Peux-tu lever le voile sur son intrigue ?
T.G. : Depuis qu’il a perdu Emma, Ange déprime et vit reclus sur son île natale jusqu’au jour où il reçoit une carte de François-Marie Goron dans laquelle ce dernier narre le rêve américain de son ennemi juré, Alfred Clouët des Pesruches. Exilé aux États-Unis, le « Petit Canard » est désormais l’associé de William Hearst, magnat de la presse outre-Atlantique. Emma, passion inextinguible d’Ange, est donc là-bas, mais elle n’apparaît plus au bras de son mari volage. Qu’en a-t-il fait ? Démétrius ordonne alors à son ami de se faire violence : puisqu’il ne peut oublier cette femme, qu’il aille la retrouver !
Après avoir failli sombrer dans le Paris inondé de 1910, Ange débarque donc dans un New York irrespirable, frappé par la canicule. Avec son fidèle compagnon Clemenceau, Ange emménage chez son seul contact (un vieil ami de Démétrius) : César Capponi, détective de la célèbre agence Pinkerton. Attaqué par l’alcool, au point mort dans une affaire de disparition, celui qui devait être la bouée d’Ange s’avère hélas hors service. Heureusement, Ray, 11 ans, fils de César et étonnant newsboy, va aider Ange à surnager dans ce nouveau monde. Mais happé par l’enquête de César, Ange va voir l’affaire s’obscurcir de jour en jour : ce n’est plus une, ni deux, ni trois, mais quatre femmes qui auraient disparu... Leur point commun : elles ont répondu à des petites annonces parues dans le journal. Le Frenchie corse endosse donc à nouveau son habit de détective pour faire la lumière sur cette affaire. Il doit bientôt mener deux enquêtes de front ,car Emma reste elle aussi introuvable. Quant à Clouët, son monstre de mari, il semble en délicatesse avec le milieu mafieux…

Avec son fidèle Clémenceau ?
J.R : Ah ça oui, sinon je me brouille avec Tom !
T.G : Et avec Victor !
Peux-tu lever le voile sur cette véritable affaire qui a inspiré l’intrigue de la seconde enquête d’Ange Leca ?
J.R : Je ne préfère pas, car je trouve intéressant que le lecteur puisse découvrir dans le livret ce qui nous a inspirés. Tout ce que je peux dire, c’est que dans ce cas, la réalité dépasse la fiction.

Concrètement, comment écrit-on un scénario à quatre mains ? Avez-vous élaboré une méthode de travail ?
J.R : Oui, une méthode s’est imposée à nous avec notre premier scénario : Dred Scott. On s’était inspiré au départ d’une enquête que j’avais écrite pour le jeu Détective Conseil, et qui n’a jamais été publiée. Tom avait eu plaisir à la jouer, et l’idée de l’adapter en scénario de BD lui est venue. Mais il fallait tout créer autour de l’intrigue, car dans le jeu le héros est complètement impersonnel puisqu’il s’agit du joueur… Pour Ange Leca, j’ai davantage participé à la création du héros et Tom à l’intrigue, on a vraiment tout fait ensemble, mais à chaque fois, une fois la trame mise en place, on fait une sorte de ping-pong en se renvoyant le scénario, puis on se voit et on peaufine le tout. Une partie de notre secret est la confiance qu’on a l’un en l’autre, notre liberté et notre absence de problèmes d’égo. Bref, au fil de notre travail on est devenus amis.
T.G : Amen.
Et une fois la structure scénaristique établie, comment travaillez-vous plus spécifiquement les dialogues ?
J.R : Cette étape prend pas mal de temps, car nous sommes amenés à les modifier régulièrement, au gré des ajustements et de nos inspirations. On réalise parfois que chacun de nous est plus inspiré pour un personnage ou un autre ; il y a une vraie richesse à travailler à deux.

Quand devrait paraître le second opus d’Ange Leca et quel en sera le titre ?
J.R : Le second tome d’Ange Leca sort en juillet, et il s’intitule « Monstres Américains ».
La série est-elle prévue en un nombre prédéterminé ou Ange Leca pourrait, comme les excellent Soda ou Jérôme K. Jérôme Bloche, être une série au long-court ?
J.R : Tom et moi avons écrit trois tomes, dans trois villes différentes : Paris, New York et… Suspense ! Nous nous efforçons d’écrire des épisodes autonomes même si, bien sûr, Emma Capus et Alfred Clouët des Pesruches restent le fil rouge — et l’obsession — d’Ange. L’existence du troisième tome va dépendre de l’accueil de « Monstres américains ». Nous rêvons de voir ce triptyque entièrement achevé et publié. Il constituerait une sorte de premier cycle des aventures d’ANGE LECA. Après, si les lecteurs sont au rendez-vous, et que notre éditeur et Victor sont partants, nous réfléchirons à un nouveau cycle. Mais nous n’en sommes pas là.
Peux-tu nous parler de , coscénarisé avec Tom Graffin, dessiné par Thibault Descamps et qui paraîtra en mai de cette année ?
J.R : Dred Scott, comme je l’ai dit plus haut, est notre premier projet. On a finalisé le scénario pendant le confinement. Ce projet est donc né il y a déjà 5 ans ! L’intrigue est basée sur une étude que j’avais faite pour Détective Conseil, une enquête de Sherlock Holmes à New York. Elle est liée à un évènement ayant eu lieu pendant la guerre de Sécession. Le héros est un fils d’anciens esclaves, et il sera confronté à des personnages hauts en couleur : chef de la police aux méthodes brutales, Reine de la Pègre, Grand Cyclope du Ku Klux Klan, Barons-voleurs de la Cinquième Avenue… Cette BD (un diptyque) est encore largement inspirée de personnages réels du New York du Gilded Age. Le dessinateur est davantage de la vieille école ; il travaille sur papier, à la différence de Victor. Avec Tom, nous trouvons son travail magnifique. Victor, Thibault… On a vraiment de la chance. En revanche, ça fait cinq ans que Thibault dessine ce diptyque. Le rythme n’est pas du tout le même que pour Ange Leca.

La couverture est en tout cas des plus prometteuse ! Comment Thibault Descamps est-il arrivé sur ce projet ?
J.R : Comme pour Victor, c’est Hervé Richez qui a proposé notre projet à Thibault. Il a fait trois planches d’essai. Nous avons aimé et lui avons donc confié la réalisation de notre scénario.
Aurais-tu une anecdote à nous raconter relative à la création de cet album ?
J.R : Il y en aurait pas mal, car nous échangeons tous les trois en continu une fois le scénario finalisé par Tom et moi, et que Victor commence à dessiner. L’une d’entre elles concerne l’importance d’un personnage féminin dans le tome 2. Cette femme aide Ange à la fois dans son enquête et dans sa quête d’Emma. Comme l’obsession d’Ange (Emma) a un caractère toxique pour lui, je me suis demandé si ce nouveau personnage féminin ne serait pas en fait sa planche de salut… J’étais aussi perdu qu’Ange ! Nous sommes entrés tous les trois dans de sacrés échanges, pour aboutir, comme toujours, à une conclusion qui satisfait tout le monde. Mais ce genre de réglages, interrogations, et débats à trois, permet d’affiner la psychologie de nos personnages et je crois que ça enrichit considérablement l’album.

Peux-tu en quelques mots nous parler de tes projets présents et à venir ?
J.R : Je n’en plus trop actuellement. J’ai écrit environ une vingtaine d’enquêtes pour Sherlock Holmes Dertective Conseil pendant une dizaine d’années. Cela représente plus de mille pages d’enquêtes, de traductions de journaux d’époque, etc. Malheureusement, les Space Cowboys semblent avoir mis en arrêt la gamme Sherlock. En ce qui concerne la BD, les délais sont tels que j’attends la sortie de notre diptyque Dred Scott. Pour Ange Leca, la conclusion (le tome 3) est écrit. Nous attendons donc de savoir si le tome 2 rencontrera son public pour voir la conclusion de la trilogie Ange Leca dessinée par Victor. Pour tout dire, j’ai moins la flamme qu’avant pour me lancer dans des projets à long terme sans avoir a minima un encouragement d’un éditeur. Donc je me repose un peu, continue de lire pour entretenir la source d’inspiration, et attends de voir si le succès d’un album nous permettra de continuer sereinement.
Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
J.R : Ça n’a rien à voir… mais les BD de Fabcaro. J’adore cet auteur. J’aimerais même le connaître !
Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
J.R : Quel rapport entre ton métier (professeur de physique) et les scénarios avec des intrigues policières ?
Je crois que c’est la vérité difficilement accessible, cachée, qui me passionne. En physique, surtout en physique théorique, elle est cachée derrière un langage mathématique parfois très complexe, comme l’identité d’un criminel lors d’une enquête.
Jérôme Ropert, pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Si tu étais…

un personnage de BD : J.R :Isaac le pirate ou le capitaine Haddock
un personnage de roman : J.R :le Dr. Konig (Nécropolis)
un animal : J.R :le chien de Jean-Pierre Bacri (s’il en avait un)
une chanson : J.R : Dancing with myself (Billy Idol)
un instrument de musique : J.R :j’ai pas d’idée là...
un jeu de société : J.R :Sherlock Holmes Détective Conseil (ndlr: j’aurais dû m’en douter
)
une découverte scientifique : J.R :la résolution de l’équation de Navier-Stokes
une recette culinaire : J.R :les ris de veau aux morilles
une pâtisserie : J.R : le fraisier
une ville : J.R :Paris
une qualité : J.R :la générosité
un défaut : J.R :la capacité à râler pour des choses sans importances
un monument : J.R : le Pont-Neuf
une boisson : J.R : le café
un proverbe : J.R : « C’est encore bien plus beau quand c’est inutile » (Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand)
Un dernier mot pour la postérité ?
J.R :Je vais citer Anthony Hopkins : « L’ennemi, c’est l’égo. »
Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !
J.R :Merci pour ton intérêt pour notre trio et Ange ! J’espère qu’on pourra se rencontrer un jour