Tout d'abord un grand merci pour te prêter au petit jeu de l'interview...
Peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ((Parcours, études, âges et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de compte numéroté en suisse.)
J'ai 26 printemps (et presque autant d'étés, d'automnes et d'hivers, curieusement...). Après le bac, j'ai intégré l'école Emile Cohl à Lyon, où je suis resté pendant 4 ans. J'ai pu me frotter, entre autres, à la BD, à l'illustration, au dessin animé... J'ai ensuite passé un an ou deux à essayer de percer dans l'illustration, sans grand succès, avant de croiser la route de Mathieu Gabella, qui avait dans ses valises le scénario des Mesures du temps.

En dehors du dessin, j'aime bien la nature, le calme, la verdure, les petits oiseaux qui chantent et le bruit du vent dans les arbres. Sinon, j'ai une grande passion pour la sieste! Je n'ai pas encore de compte en Suisse, mais mon numéro de carte bleue est le **** **** **** ****... oups, mon clavier semble avoir un problème avec les chiffres... quel dommage !

Quel lecteur étais-tu enfant? Quels étaient alors tes dessinateur favoris?
Quand j'étais petit, je lisais assez peu car je n'aimais pas trop ça. Je crois que comme beaucoup d'enfants, je préférais les dessins animés... Le peu que je lisais, c'était donc surtout de la BD, parce que forcément, avec des images ça passait beaucoup mieux. D'après mes souvenirs, il devait y avoir les classiques franco-belges: Asterix, Gaston, Tintin, Spirou... et puis le journal de Mickey et Picsou magazine. J'ai aussi eu ma période comics, avec Spiderman, Superman, les Quatre Fantastiques, etc...

Donc je devais essayer de recopier un peu tout ça. Mais j'ai eu pendant assez longtemps une grande attirance pour le Spirou de Franquin, qui est restée ensuite avec Tome et Janry (je ne me rappelle jamais lequel est le dessinateur...).

Devenir dessinateur de BD, était-ce un rêve de gosse?
Je ne me souviens pas très bien si c'était un rêve de gosse. Je sais que j'ai toujours adoré dessiner, mais je pense que je m'étais mis dans la tête que ce n'était pas vraiment un métier, que c'était un truc à part, que je pourrais toujours faire ça à côté de mon travail. D'ailleurs, même aujourd'hui, j'ai mis pas mal de temps avant de réaliser qu'on pouvait être payé pour "promener un crayon sur une feuille blanche". Je crois que quand j'étais petit, je m'imaginais plutôt inventeur, et vivant dans une cabane perchée dans un arbre... une sorte de mélange entre Géo Trouvetou et Robinson Crusoé !




Tu as participé aux collectifs dédiés aux poèmes de Verlaine et aux chansons de Dutronc. Peux tu nous en dire plus sur ces deux albums?
Le collectif sur les poèmes de Verlaine, on m'a proposé d'y participer alors que je faisais des essais sur les Mesures du temps. C'était une sorte de galop d'essai pour voir comment je pourrais me débrouiller sur quelques pages de BD. Il s'agissait du poème "Colloque sentimental", scénarisé par Mathieu Gabella, et qui mettait en scène un couple un soir dans un parc, se remémorant leur histoire passée. Pour ce qui est des chansons de Dutronc en BD, c'est moi qui ai fait part de mon envie d'y participer alors que je travaillais déjà sur les Mesures du Temps, car j'aime bien Jacques Dutronc. Il s'agissait de la chanson bien connue "Les plaboys", toujours scénarisée par Mathieu Gabella. Ca m'a permis de faire une petite coupure, dans un style assez différent des Mesures, aux crayons de couleurs.

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En avril 2005 "les Mesures du Temps", scénarisé par Mathieu Gabella. Comment est né ce projet original et poétique?
Le scénario existe depuis assez longtemps. J'ai rencontré Mathieu grâce à un copain dessinateur qui devait faire des essais sur les Mesures du temps, et qui a finalement été appelé sur autre chose. J'ai donc moi aussi tenté ma chance, après avoir lu le scénario, que j'ai adoré. Les essais ont semble-t-il convaincu Mathieu et les Editions Petit à petit, auxquels je suis extrêmement reconnaissant de m'avoir fait confiance à une époque où je n'étais pas vraiment au point graphiquement.

Comment s’est organisé ton travail avec Mathieu Gabella? Du synopsis à la planche finalisée, quelles ont été les différentes étapes de votre travail?
Mathieu commence par faire un découpage écrit assez précis de l’ensemble de l’album, que je transcris ensuite sous forme de story-board. Une fois qu’on est à peu prés d’accord, je commence les crayonnés, que je mets ensuite en place à l’ordinateur. Après d’âpres négociations et les éventuelles nouvelles modifications effectuées, je colorise les planches à l’ordinateur.

Qu’est-ce qui te passionne dans le métier de dessinateur? Quelles sont les grandes joies et grandes difficulté de ce métier?
Ce qui me passionne, c’est de pouvoir me lever à l’heure que je veux tous les matins !… bon, ça ne fait pas très sérieux, mais c’est vrai que pouvoir organiser son temps comme on le souhaite sans avoir la pression du patron derrière est un avantage que beaucoup de gens doivent nous envier… d’un autre côté, la difficulté est d’arriver à se motiver pour bosser sans cette pression justement. Outre la passion pour le dessin, une source de motivation pour moi est de me dire que j’ai une chance incroyable de pouvoir vivre de ça, et que ça serait vraiment dommage de passer à côté.




Dans quelle étape as-tu pris le plus de plaisir dans l’élaboration de cette BD?
Toutes les étapes sont intéressantes, et le fait qu’elles soient multiples est, pour moi qui aime faire des choses différentes, un plaisir en soi.
Mais je pense que ce qui me plaît le plus est la partie recherche de personnages et story-board, car c’est là que se fait l’essentiel du processus de création. Après c’est plus de la finalisation, de la mise au propre, étape plus laborieuse ( mais tout de même plaisante ) pour moi.



Quel personnage as-tu pris le plus de plaisir à mettre en scène dans cette première BD?
Pas vraiment de personnage en particulier je crois. Le plaisir vient justement de la diversité.

Lorsque tu t’atèles à la planche à dessin, dans quel environnement sonore travailles-tu?
Contrairement à beaucoup de dessinateurs je crois, ça n’est pas un paramètre très important pour moi. Je ne suis pas un mélomane confirmé, donc je peu écouter de tout et n’importe quoi, suivant l’humeur. Le silence ne me dérange pas, au contraire ! Je préfère les trucs assez calmes en général.
Sinon, j’écoute assez peu la radio, car il y a un truc récurrent qui m’horripile, ce sont les messages publicitaires !!




En tant que dessinateur, comment perçois-tu les séances de dédicaces?
Comme une épreuve. C’est une grosse angoisse pour moi, d’abord parce que je suis quelqu’un d’assez timide. Et puis j’ai beaucoup de mal à dessiner devant quelqu’un, comme ça sur commande. Heureusement, jusqu’à présent les gens sont toujours super sympas, ça fait plaisir de leur faire ce petit cadeau. Mais ce n’est vraiment pas un exercice dans lequel je me sens à l’aise.

Le retour des lecteur sur ton travail te touche-t-il beaucoup?
Oui. Malheureusement les avis négatifs sont ceux qui marquent le plus. Sans doute un point commun à beaucoup de dessinateurs. Mais sur les Mesures, les retours sont pour l’instant très sympathiques dans l’ensemble, ça fait bien plaisir et surtout ça donne de la confiance pour la suite.




Quels sont tes projets présents et à venir?
Un nouveau projet avec Mathieu Gabella, cette fois dans un style plus « léger » : humour/aventure, sur le thème des pirates (très à la mode en ce moment !). Une série, mais avec une histoire complète à chaque tome.

Oui, les pirates sont à la mode mais on ne s’en plaint pas! Peux-t-on en savoir un peu plus sur l’univers de cette nouvelle série?
C'est un univers mystérieux, drôle, épique, et... top secret... donc on ne peut pas en dire plus pour l'instant. Il faut garder l'effet de surprise, et puis on ne sait jamais, des fois qu'un espion rôde par ici pour nous piquer l'idée...:)

Quels sont tes trois derniers coups de cœur (bd, ciné, romans, tous genre confondus)?
« Lupus », de Frederik Peeters (BD)
« Albert et les autres », de Guy Delisle (BD)
« Les contrebandiers de Moonfleet » de Fritz Lang (DVD)

Pour finir et afin de mieux te connaître et comme le veut la tradition des SdI, voici un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…

Si tu étais…
Une personnage mythologique : Pinocchio (il ment de manière rationnelle, on peut donc le considérer comme un mytho logique).
Un personnage de cinéma : le projectionniste (car il participe et assiste gratis au spectacle, tout en restant dans l'ombre)
Un personnage biblique : l'apprenti charpentier de Jésus, comme ça je pourrais le gratter pour qu'il m'apprenne à marcher sur l'eau. Ou alors Adam, pour être enfin le 1er quelque part !
Un personnage de théâtre : le souffleur (pour les mêmes raisons que le projectionniste)
Un personnage de roman : Cidrolin, le personnage principal des Fleurs bleues de Queneau, qui passe son temps dans une chaise longue, sur sa péniche, vivant la vie d'un drôle de chevalier à travers ses rêves. Et puis, comme moi, il "trouve toujours quelque chose à ne rien faire".
Un personnage historique : Léonard de Vinci (pour son éclectisme)
Un personnage de BD : je serais bien triste, enfermé dans toutes ces cases...
Une œuvre humaine : le velo (pas cher, léger, pratique, écologique, sportif, passe-partout,...)
Un poème : « Le petit endroit », d’Alfred de Musset ( œuvre scatolyrique )



Un grand merci pour le temps que tu nous a accordé et bonne continuation!
Merci!