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Entretien avec l'équipe de Crimes
accordé au SdI en mai 2006


Les auteurs de crimes ont sympathiquement accepté de répondre à nos questions pour nous faire patienter en attendant la sortie du jeu...

FM>Florent Martin, correcteur en chef sur Crimes
CD> Cyprien Delachenal, contributeur occasionnel
CM> Cécile Costard, maquettiste (bords de page et logo)
CC> Christophe Costard, maquettiste (gabarits et cie)
YL> Yann Lefebvre, auteur et co-responsable du studio des Ecuries d’Augias

Afin de mieux nous connaître et avant d'entrer dans le vif du sujet, qui êtes-vous? (nom, prénom, age, profession, passions, haines viscérales, numéro de carte bleue et de compte en Suisse....)
FM>Martin Florent, 28, sans emploi, ce qui me permet de me consacrer intégralement à CRIMES (je n’ai pas compté, mais je dois dépasser les 35 heures hebdomadaires). Pour les deux passions principales, et pour reprendre une caractéristique de notre système, je dirais le cinéma de genre américain des années 60 à aujourd’hui (LE PARRAIN, NEW YORK 1997, TERMINATOR…), et les comics. A première vue, tout ça peut paraître assez éloigné de l’univers de CRIMES, mais je m’intéresse à suffisamment d’autres choses pour toujours y trouver de quoi y piocher des éléments utiles au jeu (littérature du XIXème siècle, religion, philosophie, psychologie, etc.)

CM> Cécile costard, avec Chris, graphiste scribouillard à deux têtes, parent d'un petit Elfe qui fera j’espère plein d'aventures.

CC>j’ajouterai que je suis un fan compulsif de tout ce qui touche de prés ou de loin au steampunk, tant au niveau technologique, feeling ou époque...

CD> Je suis Cyprien Delachenal, j'ai 17 ans et je suis lycéen en région parisienne. J'adore bloquer mon lycée, aller aux manif'...En temps normaux c'est jeux de rôle, manga et dessin.
Par contre, j'ai du mal avec le med-fan et Naruto...


YL> Yann Lefebvre, le ciment entre tout ce beau monde, le gardien jaloux du temple Crimes, celui qui tape et en retour se fait taper quand le sable s’insinue dans nos beaux engrenages… Mon compte n’est pas en Suisse mais aux Bahamas, c’est le même que celui de la souscription de Crimes…


par Fred Rambaud


Par simple curiosité, quelles études avez-vous suivi (ou suivez-vous)?
FM>J’ai obtenu en 1997 un bac commerce avec mention assez bien (j’aime à le préciser), après quoi j’ai passé quelques mois en fac pour préparer un DEUG d’administration économique et sociale (c’est-à-dire un endroit où passer le temps bien au chaud). J’ai ensuite préparé par correspondance un BTS d’assistant de gestion, que j’ai obtenu à la deuxième tentative en 2001. Rien en rapport avec l’écriture, donc.

CD> 1.2: je suis en 1ere S, et plein d'années d'étude qui m'attendent.

YL> Après un bac scientifique (cherchez l’erreur), ce fut le pied total pendant 6 ans en fac d’histoire, le temps d’entrer timidement en doctorat et de m’apercevoir que sans les concours, il faudrait bientôt oublier le beurre dans les pâtes… Ce cursus explique évidemment beaucoup de choses dans la genèse de Crimes, quoique mes mémoires concernaient tous la période médiévale…

Comment êtes-vous tombés dans la marmite du Jeu de Rôle ?
FM>En fait, j’ai peu joué aux jdr. Je ne suis pas à proprement parler un rôliste : mon apport sur CRIMES concerne à peu près tous les domaines sauf les règles, c’est-à-dire surtout le background… J’ai pourtant découvert l’existence des jdr il y a assez longtemps, au collège, par l’intermédiaire d’un ami qui me racontait le lundi ses parties de DONJONS & DRAGONS jouées le week-end. La liberté offerte aux joueurs m’a tout de suite impressionné : il existait un jeu où les joueurs décidaient du déroulement de l’histoire et où tout était possible ! Il faut dire aussi qu’il avait une façon de jouer bien à lui, tendance psychopathe chaotique mauvais …
Le hasard a voulu que je retrouve cet ami au lycée, où il continua à me raconter ses actes de gloire (il était, depuis, passé à L’APPEL DE CTHULHU). Devant mon intérêt, il m’invita à assister à une partie, mais je ne me sentais pas encore le cran de franchir le pas, surtout en compagnie d’inconnus. J’ai tout de même acheté le livre de base de STAR WARS (un des rares disponibles dans ma ville, et le moins cher !) afin de voir « à quoi ça ressemble, un jdr ».
Plus tard, à l’université, je devais rencontrer de nouveaux amis avec lesquels je décidai de retenter l’expérience. J’allais souvent chez eux, ils étaient OK pour essayer, toutes les conditions étaient réunies. On a un peu touché à tout : la boîte d’initiation d’AD&D, le HS de Casus Belli CYBER AGE, un jeu cyberpunk idéal pour les novices, mon livre de règles de STAR WARS, le livret d’initiation de VAMPIRE (c’est curieux, en racontant ça j’ai l’impression de témoigner dans un reportage de Ça se Discute sur les drogués…). J’ai fini par arrêter car on s’est perdu de vue, et en tant que MJ la préparation me demandait trop d’investissement. De plus, il n’y avait parmi nous aucun vétéran, et les séances de jeu s’avéraient trop dirigistes, excepté les moments où on partait en live… Mais bref.


CM> Depuis bien longtemps 89 ou 90, j'avais un copain de fac qui m'a un jour sorti de mes bouquins pour une soirée (il était resté bien mystérieux, avec juste cette phrase sibylline que ce sera animé et que ca devrait me plaire... après 5 heures j'étais mordu...).

CC>si j’exclus l’achat hasardeux et sans suite, d’une boite de D&D à l’âge de 10 ans, et sans compter plus tard, les “bouquins dont vous êtes le héros”, je dirais que j’ai vraiment commencé le jdr, au collège, en 87, avec Mega et la sortie de Stormbringer... Débuta alors l’âge d’or des grosbills en culotte courte et du barbouillage de rognures de plomb...
+ d’infos ici
http://www.roliste.com/bio.jsp?id=1869


CD> Alors que j'étais au collège (il y a quelques années donc), un ami avait volé le livre de base de Zombies à son grand frère rôliste. On jouait des petite parties pendant la pause déjeuner (ah que de souvenirs...). Puis on s'est mis à Donj' et Star Wars. Enfin, je me suis inscris à un club à la MJC de ma ville.

YL> Il doit y avoir cette boîte étrange de l’œil Noir qui traînait dans les rayons de Mammouth, et qui allait parfaitement avec le jeu de plateau Chill (dont j’ai longtemps cru être le seul possesseur) mais qui donnait des ouvertures si extraordinaires, que depuis, j’ai du mal à jouer à un JDR avec des règles strictes…


par Yogh


Si vous deviez en deux mots expliquer ce qu'est le jeu de rôle à votre grand-mère, que lui diriez-vous ?
FM>C’est curieux, cette question, car j’ai récemment dû expliquer le jeu de rôle à ma grand-mère… Je vais essayer de retranscrire mon explication confuse :
« Alors tu vois, dans un jeu de rôle, on s’assoit tous autour d’un table. il y en a un qui raconte une histoire aux autres : c’est le maître du jeu. Les joueurs jouent des personnages, et disent au MJ comment leur personnage réagit font en fonction des évènements. Mais attention, il y a des règles, qu’on trouve dans le livre de jeu. Par exemple, si le personnage d’un joueur se fait agresser dans une ruelle, il doit dire au MJ ce qu’il fait. Il peut se défendre par exemple, mais à ce moment-là le MJ devra regarder la force de son personnage pour voir s’il est capable de se battre contre l’agresseur. Dans ce cas de figure on fait un test, on lance des dés, et suivant le résultat on sait s’il a gagné. »
Je ne saurais pas mieux l’expliquer, si ce n’est que le jeu de rôle a cela d’unique qu’il offre une liberté totale aux joueurs. La seule limite reste leur imagination.


CM> C'est une grande occasion pour faire une soirée un peu théâtrale, tu interprètes un personnage qui fait partie d'un groupe et le temps d'une soirée tu vis ses aventures (qui pense se jouer dans pleins de mondes imaginaires ou semi imaginaire) mais j'ai de la chance ma grand-mère était une littéraire donc elle aurait compris ;op

CC> perso, je ferais une analogie avec le cinéma... On a un metteur en scène (le MJ), qui s’occupe du scénario, des décors, des SFX et de tout le reste, et on a les joueurs, qui incarnent les acteurs, mais qui jouent sans filet (texte) et en total impro, réagissant du tac au tac, avec les descriptions du MJ... autour d’une table, un peu comme un conte ou une veillée interactive. Après bien sûr, il y a des supers productions (les campagnes Star Wars, Falkenstein, Cthulhu, Runequest, Spycraft etc...) avec de bons acteurs/PJs (qui ont travaillé leur roleplay et leur perso) et un scénar béton et bien épique ou flippant, et de l’autre côté des nanars (one shot des précédents) avec une grosse fatigue du MJ, plein de digressions graveleuses des PJs, une heure tardive et beaucoup de bière...

CD> ..."Heu... Le jeu de rôle est un jeu où l'on joue avec des joueurs. Heu... y'a plein de livres et c'est très amusant. " Pour moi la seule façon de comprendre le jeu de rôle, c'est d'y jouer ! Il est des choses qui ne s'expliquent pas.

YL> Tu vois Mamie, je suis fatigué de constater à quel point le chaperon rouge est idiot de se faire avoir par le loup. On pourrait pas modifier le conte ? Par exemple, moi je joue le chaperon rouge (sans la confiture) et je viens te voir mais toi, tu changes le texte du loup. Après, on verra si c’est si crédible, ton histoire…

Quels sont aujourd'hui vos trois jeux de chevet ?
FM>J’ai toujours beaucoup aimé VAMPIRE LA MASCARADE, pour son univers gothique-punk aussi romantique que malsain, sa façon de mêler tradition et modernisme, la diversité de ses clans… C’est d’ailleurs grâce à VAMPIRE que je me suis de nouveau intéressé aux jdr à la fac. D’une manière générale, j’aime surtout les jeux contemporains. Je suis allergique à l’héroic-fantasy, alors que les mondes cyberpunk me fascinent. Dernièrement, j’ai découvert COPS et j’aime beaucoup cette intrusion musclée dans le monde des séries et des films policiers : une descente dans le squat d’un gang de Los Angeles me parle beaucoup plus que l’incantation d’un magicien sur un troll ! J’ai aussi beaucoup entendu parler de KULT, qui fait partie de ces jeux qui me fascinent sans même y avoir joué, pour l’aura décadente et terrifiante qu’ils dégagent. C’est aussi ce qui me plaît beaucoup dans CRIMES, cette ambiance pesante qui plane sur la tête des joueurs…

CM> Ben celui auquel je joue souvent c'est Spycraft, sinon Exil bien sur et Maléfices.

CC> Exil, pour en être tombé amoureux et y avoir contribué, Agone pour sa poésie vénéneuse, et Fading Suns, habile mélange du Nom de la Rose et du cycle de Dune... Mais ce serait oublier mes amours de jeunesse; l’appel de Cthulhu, Néphilim, Kult, Rêve de Dragon, Falkenstein, Deadlands...

CD> Brain Soda, Zombies et 7th Sea. Trouvez l'intrus…

YL> Un coup d’œil sur ces livres poussiéreux depuis l’aventure Crimes : Kult (édition espagnole, j’ai toujours pas tout saisi), Exil (un « maître » étalon) et la première version de Maléfices, que j’ai dénichée il y a quelques mois.

Quels sont vos meilleurs et vos pires souvenirs de JdR ?
FM>Le meilleur, car c’est la seule partie que j’ai su masteriser correctement (en improvisation totale) : je jouais avec 2 joueurs, un journaliste anti-corporations et un yakuza dans un scénario que j’avais écrit avec les règles simplissimes de CYBER AGE. Le yakuza agonisait dès le début de l’histoire, blessé à mort dans la cave d'un HLM, quand le journaliste y débarquait pour échapper à une voiture de police patrouillant dans le quartier. Mes joueurs ont tout de suite été emballés, et j’ai pu improviser le reste en fonction de la relation qui se nouait entre eux.
Le pire : une partie de VAMPIRE que je n’ai pas pu terminer, complètement bloqué dans une impasse sans savoir faire évoluer mes joueurs dans la direction souhaitée.


CM> Meilleurs moments ,un scénario sous le fog de Londres avec mon MJ à maléfices (j'ai cru ma dernière heure sonnée) et mon pire une méchante soirée a s'initier a Vampires ou j'ai vécu bêtement deux heures pas plus... un cauchemar depuis j'ai rejoué à ce jeu bien sur mais en connaissant un peu mieux l'univers bombardé "grand ancien" et pas savoir s'en servir pas top . Sinon mon premier scenar avec Manu et la découverte d'EXIL. fut un vrai bon petit moment.

CC> meilleurs souvenirs?...
Côté angoisse, nos premières parties de Cthulhu à la chandelle et au coin du feu, où après il fallait rentrer chez soi en pleine nuit en traversant les bois à pied...
Côté rigolade, ARMMMES et toutes les pifs avec les autres membres du Forum Pandapirate!!
Côté émotion, un scénar en solo de Premières légendes Celtiques, où je suis parvenu à tirer des larmes de mon joueur...
Côté épique, ce serait notre saison Spycraft contre les vilains nazis de la Main de Gloire!


CD> Les pires : la partie de Donj' à 12 joueurs; l’excellente partie de Maléfices interrompue que je n'ai pus reprendre depuis; ma partie de Cthulhu Fhtagn pendant laquelle un de mes joueurs cassait l’ambiance glauque à coup de blagues carambar.
Les meilleurs: une soirée durant laquelle on s'étouffait à force de rire de mon barde nymphomane épileptique; une mémorable partie de Cthulhu Fhtagn qui fît véritablement frissonner mes joueurs.


YL> Le meilleur : dans Vampire, une arrivée en bobsleigh dans un cercueil pile dans une église avec des prêtres armés d’eau bénite, en plein New York (la moquette était bonne). Le meilleur et le pire : mon coup fatal sur Drachenfels, point d’orgue de ma carrière Warhammer et aussi partie testament avec mes amis de fac avant la fin des études. Snif…


par Benoit Guillemot


Dans peu de temps va paraître Crimes, le premier pur-sang sorti des écuries d'Augias… Comment est née cette aventure?
FM>Pour ma part, j’ai un peu pris le train en marche dans la mesure où Yann travaille sur le jeu depuis 5 ans. Je suis arrivé sur CRIMES en mars 2005, juste après avoir quitté un emploi. J’errais sur le net à la recherche d’un projet dans lequel m’investir. Je suis alors tombé sur le forum de la BAP, à l’époque où CRIMES devait être édité par l’association. Travailler sur un jdr, une des rares formes d’art à regrouper divers aspects artistiques (écriture, dessin, culture), m’intéressait au plus haut point. J’ai choisi CRIMES parmi les divers projets en cours, puis j’ai proposé à Yann mes dessins. Disons-le clairement : je n’avais pas le niveau imposé par notre cahier des charges (virtuel). Mais il ne m’a pas claqué la porte au nez, et m’a proposé la création d’un faux journal pour relayer les évènements du jeu. J’ai créé Le Colporteur, dont on pourra trouver les brèves tout au long du livre de base. On m’a ensuite demandé d’alimenter le blog, puis j’ai été sollicité pour les relectures, pour la documentation, et passés quelques mois je suis aujourd’hui crédité comme relecteur principal et documentaliste du livre de base, co-auteur des Dossiers Secrets de Carter offerts aux souscripteurs, rédacteur du dossier Mafia du supplément Chicago, et je l’espère co-auteur des futurs suppléments sur lesquels je planche déjà. En fait, je peux l’avouer aujourd’hui : je me savais meilleur à l’écriture qu’au dessin, mais le livre de base était déjà rédigé et je ne pensais pas qu’un auteur laisserait un inconnu toucher à son bébé… C’était mal connaître Yann ! Mais je ne suis pas non plus naïf, je suis conscient qu’il attendait de voir de quoi j’étais capable avant de me lâcher dans l’univers décadent de son petit bijou smiley.

CM> Nous avons rencontré Yann lors d'une convention amateur de jdr, sa voix calme, l'intrigue j'ai tout de suite accroché a l’atmosphère.... S'en est suivi une rencontre puis deux avec les auteurs et des parties, là on était dans le bain et foutu..

CC> pendant deux ans, je n’ai pas pu squatter une table de Crimes (toujours complètes!) lors des CJDRA... Du coups j’ai rien trouvé de mieux que de faire copain copain avec son auteur, avant de le séquestrer dans ma cave pour qu’il me fasse jouer...

CD> Il y a à peu près un an, alors que je faisais ma tournée des jdr amateurs disponibles sur le net, je suis tombé sur Crimes (la version gratuite). Ne comprenant pas certains points du livre, je contactais Yann par e-mail pour qu'il m'éclaire. Là, il m'apprit que Crimes était en pleine refonte et que je pouvais faire partie de l'aventure. Et voilà comment tout commença.
J'étais et suis au lycée; Je me consacre donc plus à mes études qu'à Crimes. En vérité, j'ai beaucoup suivis l'évolution de Crimes mais y ai très peu participé.
Au début, Yann et Victorio étaient sur le livre de base, déjà bien entamé. J'ai alors attendu qu'un autre projet se mette en place pour ne pas prendre le train route. J'ai donc participé aux Notes de Carter (le supplément gratuit pour les souscripteurs) avec Florent. J'ai aussi écris un article féministe sur le blog.
Ma participation reste donc très limitée.


YL> Outre la version amateur que des furieux avaient lu et la rencontre nocturne, à Paris, du sieur Victorio toujours à la recherche de JDR amateurs, il y avait l’aventure des CJDRA de Paris et la sélection à la BAP. L’eau a beaucoup coulé sous les ponts depuis, avec la fondation des Ecuries et le copinage avec les éditions Caravelle. Disons que pour moi, Crimes est à moi ce que la Créature est au baron Frankenstein : un monstre qui ne cesse de grandir et toujours plus ardu à domestiquer mais il n’y a pas plus jouissif que de voir le chemin parcouru depuis, en dépit des mises en garde et des discours pessimistes, et en l’attente de tenir le Livre dans mes mains…

Le pitch de Crimes en quelques mots ?
FM>Paris, 1899. la préfecture de Paris et son chef incontesté, Louis Lépine, sont aux abois : Craig Carter, un agent de Scotland Yard dépêché dans la capitale, a mystérieusement disparu sans laisser de trace. Un jeune provincial prometteur débarqué de Saint-Étienne devient, dès son arrivée à Paris, l’acteur tout désigné de cette enquête qui le mènera progressivement à découvrir les coulisses les plus glauques de la Belle Époque…

CD> Mystère, flicaille et hauts de forme.

CM> Créatures, rues sombres, coup de signet et coup de feu...

CC> Une horreur gothique, où la trame du réel se mêle à la noirceur de l’âme, où les cauchemars des aliénés rampent sur le pavé des ruelles...
Crimes serait comme une bouteille d’absinthe, tout à la fois, fascinante, noyant les idéaux des poètes dans des fantasmes euphoriques et éthyliques, avant de les mener inexorablement au travers de ses sublimes visions, vers une fin démente et corruptrice...


YL> le chant du cygne de l’idée de progrès et de morale, la révélation des fêlures de l’humanité à travers l’antimatière de la société : les crimes…


par Fred Rambaud


Qu’est-ce qui vous fascine dans cette période assez méconnue qu’est la Belle Epoque ?
FM>L’ambiance, essentiellement. Ce je-ne-sais-quoi de malsain et de sensuel qu’on retrouve très bien dans un film comme ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE ou FROM HELL.

CD> j'avoue adorer la mode du début du siècle! mais c'est aussi le côté décadent de cette période où l'évolution de la société mène certaines personnes à commettre les Crimes les plus atroces... c'est l'époque de Jack l'Eventreur.

CM> méconnue ça dépend qui tu fréquentes ,nous on a déjà fait plusieurs échappées en costumes 19eme début 20eme, mais en grandeur nature c'est diffèrent, la mode est assez jolie, que ce soit redingote ou robe avec corset, il plane un je ne sais quoi de romantique sur cette période à la fois de très ésotérique, bref du mystère... l'actualité aussi est riche en découverte c'est encore une époque ou l'on découvre de l'art, on remet au goût du jour des époques passées bref on redécouvre un certain "patrimoine et à la fois on veut faire table rase du passé (ère industrielle). C'est une époque de paradoxes.

YL> Première fascination : méconnaître totalement le XIXème siècle à l’issue de mes études ne pouvait que m’interpeller. On trouve dans celui-ci les racines de tous les événements du XXème siècle, ainsi qu’un contraste plus violent dans les conflits et les contradictions de la société. Traiter la soi-disant Belle Epoque de manière paroxysmique est pour moi le meilleur moyen d’induire une réflexion sur ce que nous pouvons vivre aujourd’hui.

Hex, Maléfices, les Héritiers et Crimes… De nombreux jeux en passe de sortir immergent leurs joueurs dans la Belle Epoque. Qu’est ce qui différencie Crimes des deux premiers jeux (la différence avec le troisième étant assez évidente)?
CD> Ces trois jeux sont autant d'approche d'un thème unique: fantastique et belle époque.
Alors que Maléfices est axé sur le décalage entre les superstitions subsistantes et la science en plein essor, Crimes est plus axé sur l'horreur du Crime, la décadence, la folie...
Quand à Hex, je n'en ai pas entendu parlé plus que ça.


CM> Comme je le dis depuis des mois , la différence existe bel et bien même si le sujet ésotérisme, noirceur 19eme est à la mode (film, adaptation bd, livres) la lignée des trois premiers jeux cités est différente (Maléfices entretient le fantastique dans le quotidien. Hex est plus anglo-saxon dans l'esprit et Crimes il y a l'aspect enquête policière en sus...

YL> J’ai beaucoup de respect pour les auteurs des deux premiers jeux que je connais. Il m’est difficile de me baser sur des ouï-dire, je pense que Hex semble s’éloigner d’un traitement purement historique par l’emploi de personnages propres à la fiction. Maléfices est toujours efficace dans son traitement du fantastique à l’européenne. Crimes me semble définitivement plus sombre que ses confrères : attaché viscéralement au cadre de l’époque, il s’évertue à en explorer les moindres recoins, restant le plus souvent à la lisière du fantastique, de la folie, de l’horreur. Peut être est ce là la différence : le personnage est sur une corde raide et il ne sait jamais de quel côté il va basculer. Réponse quand les trois jeux sortiront…

Quelqu’un peut-il nous présenter en quelques mots les règles de ce jeu?
YL> réaliste et nécessairement mortel, prise de risque et équilibre mental à préserver, tentation de se surpasser mais sous la menace de sa propre déchéance. Et tout cela sans D20 ;)

Comment est né le visuel (maquette, illustrations) très travaillé de votre jeu?
CM> Le visuel et la direction artistique nous a beaucoup préoccupée, j'aime le travail de Dave mckean (l'acolyte de Gaiman) et le travail photo m'a toujours intéressé, je pensais que créer une identité graphique pour Crimes était indispensable et surtout retranscrire une atmosphère à travers des pages, des illustrations retravaillées et du lettrage s'accordait tres bien à l'époque, ce fut un long travail de trouver des visuels, des typographies, des éléments graphiques et "orchestrer "tout ça pour donner vie à la maquette. Contrairement à ce qu'on pense il n'y a pas que les illustrations qui donnent du "cachet" à un jeu c'est la cohérence graphique du tout..
Prenez le film de Coppola "Dracula" il y a un énorme travail de photos, de couleurs, de décors, de costumes qui mis les uns dans les autres fonctionnent à merveille.


YL> de la rencontre entre les membres du groupe. Déjà, à la base, pour la charte graphique des illustrations, Victorio et moi, en grands cinéphiles, étions d’accord pour un style volontairement réaliste et, pour le traitement du fantastique, relativement subtil. Ce désir s’accordait aux influences des maquettistes qui se devaient de réaliser un autre défi que leur merveilleux Exil. Avec des recherches poussées en images d’époque, nous sommes parvenus à fusionner la « mythologie » Crimes avec les visuels de la Belle Epoque que nous avions récoltés. C’est pour cela que le graphisme est aussi « immersif ».

Quelles sont les différentes échéances de publications de Crimes et de ses futurs suppléments? Comment sera organisé la gamme (supplément développant le background, scénarios, etc)?
YL> Aux Ecuries d’Augias, c’est une constante réflexion pour prévoir bien en amont ces sorties futures, afin d’assurer la cohérence de la gamme et d’assumer les recherches conséquentes qu’elle nous impose. Tout au plus, nous devrions sortir l’écran accompagné d’un livret didactique sur la création d’ambiances d’horreur. Nous étudions la possibilité de suppléments géographiques à la forme novatrice (Paris, Angleterre), d’une campagne développant plusieurs générations de PJ… Et nous aimerions exporter Crimes sur d’autres supports, comme les soirées enquête ou les jeux épistolaires, en établissant pourquoi pas des partenariats avec des organismes culturels. Nous sommes au maximum à l’écoute de nos souscripteurs pour sonder leurs désirs et leurs projets.

Au prime abord, crime semble développer une ambiance proche de « l’Aliéniste » et de « l’Ange des Ténèbres » chefs d’œuvre de Caleb Carr… De quels ouvrages, films ou Bd vous êtes-vous inspiré pour développer Crimes?
CD> je me suis un peu inspiré de From Hell (le film) et des poèmes de Guillaume Apollinaire. Sinon j'ai surtout essayé d'écrire des textes dans la continuité des écrits des autres développeurs.

CM> 13. Les auteurs aiment la Hammer et certains sont des lecteurs de livres gothiques, pour ma part, j'aime assez les ambiances de From Hell , les livres de MARC FROST (la liste des sept), les énigmes d'Humberto Eco, (et non pas ce mauvais livre d'énigme sacrée qui vient d’être adapté au cinéma ) en BD la série Fog et bien sur tous les Sherlock Holmes sans compter toutes les "murder rooms" et autre enquêtes anglo-saxonnes.

YL> Pour moi, le déclencheur fut le From Hell d’Alan Moore, puis je suis rapidement retourné puiser dans les faits divers, les bouquins d’histoire et la littérature de l’époque. En définitive, en cinq ans, j’ai bouffé à tous les râteliers ce qui explique pourquoi on peut retrouver dans Crimes ses propres inspirations.

Ces dernières années ont vu se développer, grâce notemment à internet, de nombreux jeux « amateurs » d’une qualité croissante et donc certain ont connus une édition amateur ou professionnelle… Pensez-vous que c’est la que réside l’avenir du JdR?
CD> personnellement, les jeux de rôle amateurs m'attirent beaucoup, mais je les utilise comme "plus" aux jeux de rôle pro.
Ce qui me gêne le plus avec les jeux amateurs, c'est qu'il ne soient pas imprimés et qu'ils ne comportent souvent que peu d'illustrations. Même si le fond est très intéressant, j’attache beaucoup d'importance à la forme..
Mais il est vrai que les jeux pro sont souvent trop conventionnels.
Pour moi, l'avenir du jeu de rôle se trouve sûrement dans ces jeux amateurs qui deviennent pro: le fond et donc la créativité de l'amateurisme, et la forme et donc la beauté du pro.


CM> Je pense que les éditions amateurs passées en pro sont tendance, avec plus ou moins de succès, beaucoup souhaitent développer en pdf leur jeu mais la qualité des jeux est très variable autant on peut voir des publications de qualité que des choses qui auraient mieux fait de rester "en amateur".. Mais une chose est sur beaucoup de ces auteurs se donnent du mal pour sortir leur poulain de l'écurie. Ayant participé à l'aventure Exil et faisant partie du Ballon-taxi, je sais que ce fut long, prenant, enrichissant mais quand le résultat et le succès est au bout c'est vrai une vraie récompense. Cependant il faut un peu rester humble, l'édition de jeu de rôle c'est et ca restera artisanal.

YL> ayant longtemps défendu bec et ongle la production amateur, je me réjouis de voir tant de camarades de conventions amateurs rejoindre le cercle des édités. Je ne dénigre pas la production pro de qualité énorme, grâce à l’expérience, mais je pense que des jeux issus du vivier amateur et qui ont eu la force de résister aux diktats de certains éditeurs sont une chance : un jeu de rôle n’a pas forcément besoin de moyens matériels pour exister : ce seront toujours les ressources humaines qui feront la différence.

Mi avril est sorti « les brigades du tigre » de Jérôme Cornuau, adaptation cinéma de la série éponyme… Qu’en avez-vous pensé?
CM> Oui j'ai vu les Brigades du Tigre au cinéma, et j'ai été plutôt agréablement surpris même si ca reste en contexte historique, c'est bien une ambiance de fiction qui mène le rythme du film, Bonnot, les inspecteur, la savate, les anarchistes...Ils ont su moderniser les héros de la série (peut être plus durs ses héros) et la production est de qualité, c'est vrai que la fin traîne un peu mais bon l'ensemble est très divertissant mais sans être quand même extraordinaire.

YL> J’y vais mardi prochain… J’ai toujours peur d’être déçu par un film qui parle des mêmes thèmes et contextes que Crimes. Aussi, pour les Nocturnes Foréziennes, j’avais préparé un scénario sur la guerre des polices, sans apport fantastique, pour voir s’il y avait des atomes crochus. Le traitement des personnages et de leurs tares, le rythme donné à l’action et à l’enquête pourraient très bien me plaire, sur les conseils de mes collaborateurs.

Y a-t-il une question que je n’ai pas posé et à laquelle aimeriez-vous néanmoins répondre ?
FM>Oui : « Que faites-vous en dehors de CRIMES ? », le genre de question toujours pratique pour caser sa pub J. Donc moi j’écris, et je mets ça en ligne sur mon site : http://perso.insomnia.free.fr. Je suis déjà parvenu à faire publier quelques nouvelles dans les pages de plusieurs fanzines, et je suis en contact avec un site, « Les Parrains de la Plume », pour faire connaître mon premier roman MORT OU VIF ? Je travaille actuellement à l’écriture du second : VIGILANTE (le début de l’histoire se trouve déjà sur mon site).

YL> Oui aussi : « Pourquoi vous échinez-vous à travailler CRIMES ? ». Je pense qu’il est encore possible de percer dans le domaine du jeu de rôles, en tentant de lui apporter un arrière-plan culturel et historique fort, sans pour autant donner dans le jeu de niche. Le JDR m’ayant beaucoup apporté, j’espère que Crimes lui apportera quelque chose en retour.

Un grand merci le temps que vous nous avez accordé et on vous souhaite plein de bonnes choses pour votre poulain (damned, je suis en train de faire l’apologie de crimes smiley


Logo par Cécile Costard


Le Korrigan