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HOWARD SHORE
bandes sonores de films


Je voudrais vous parler d'Howard Shore.

Ce nom évoque probablement pour vous la signature musicale de la trilogie du Seigneur des Anneaux.

Alors ce sera notre point de départ.

La musique du Seigneur des Anneaux... Est ce que Shore a produit de plus indigne de son talent. Il n'est pas certain que, si vous avez apprécié son travail sur la trilogie, vous soyez intéressés par ses (nombreux) chefs-d'oeuvre tellement son talent s'y exprime de façon bien plus originale et personnelle.
Comme le film, la bande-son est adaptée à son public, c'est un produit manufacturé sur-mesure, sans imagination ni originalité. Maurice Jarre - le chantre de la musique de film convenue ; aurait rivalisé d'indigence avec cette bande-son.

Avant de se commettre dans cette désolante, et gigantesque, entreprise de mondialisation de l'imagination qu'est 'LOTR da movie', Howard Shore a commencé (et continue) par mettre de la musique sur les pellicules de David Cronenberg, ce qui est un gage de qualité pour un cinéphile normalement constitué.
Malheureusement, l'homme ne jouissait pas, à cette époque (1975 et plus) des moyens qui sont les siens aujourd'hui. Comme tout artiste qui se respecte, il a commencé par mettre en valeur ses idées de façon modeste. Ce qui donne parfois (Scanners ou Videodrome) de petits passages de synthétiseur envahissants lorsqu'on n'a pas le relais des images pour leur donner un sens.
Mais toujours, de Rage à History of Violence, Shore capte le désir dans la thématique de Cronenberg et le restitue en musique. Car Shore est avant tout un cinéphile, cela s'entend. Sa musique colle à la pellicule.

Ses plus belles réussites restent indissociables de Cronenberg.

La musique de La Mouche marque en quelque sorte le passage à la maturité et le confort de composition pour Shore, tout comme le film constitue (en étant le premier long-métrage 'populaire' de Cronenberg) une rupture épistémologique pour le metteur-en-scène.

Après La Mouche, les deux hommes ne vont livrer que des chefs-d'oeuvre intimistes libérés du poids de la réputation horrifique de Cronenberg.

Pour preuve, Dead Ringers (Faux-Semblants) qui est, pour moi, le plus beau film de tous les temps réussit l'acouplement parfait entre son et images. Le disque, pour d'obscures raisons de droits de copie n'est plus édité, ne le sera jamais, et cela constitue la plus grande injustice du siècle dernier en la matière car il s'agit véritablement d'un travail majeur avec des thèmes et des climats inoubliables.

Le Festin Nu, film ultime et impossible adaptation à l'écran du roman éponyme de William Burroughs, joué en collaboration avec Ornette Coleman, est un monument de psychose sonore. Mêlant les jaillissements free-jazz aux arpèges inquiétants, la bande son réserve de magnifiques thèmes au pouvoir évocateur sans précédent.

La musique de M. Butterfly, film le plus méconnu de Cronenberg, introuvable aussi (sauf erreur) magnifie, si c'était nécessaire, cette histoire tordue.

Crash et Shore se renouvelle en un surprenant exercice de style dans lequel la guitare joue un rôle primordial.

Existenz, chef-d'oeuvre d'empathie offert à une pellicule cache mille trésors.

Avec Spider, le prodige est accompli, la musique nous tire littéralement dans l'esprit torturé du personnage principal.

Enfin, History of Violence, malheureusement postérieur à la gloire de LOTR donc convenu.

En dehors de sa collaboration avec Cronenberg, Shore a tout de même rendu Seven plus inquiétant que ce que le film n'est plus, dix ans après.
Il réussit à faire de The Cell autre chose qu'un ènième long métrage de tueur en série, un but que la réalisation tapageuse du film ne parvient pas une seconde à atteindre.
Sa collaboration à quelques films d'un faiseur accompli, David Fincher, est des plus concluantes.
The Game ou Panic Room, sans atteindre l'intensité de ses pièces maîtresses, sont de petits bijoux de concision.
Au rayon des agréables surprises, la musique de The Yard, Looking for Richard ou Esther Kahn complètent le catalogue du talent de notre homme.

Je ne me prononcerais pas sur le reste de la production, maintenant pléthorique, de Howard Shore mais je continuerai d'acheter ses disques antérieurs à LOTR les yeux fermés.


http://www.howardshore.com/
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