
Avec ce troisième opus, Pierre Dubois nous entraîne dans les Taverne, lieu de boisson et de débauche, de contes et départ de bon nombre d’aventures imaginaires.
Civiello signe une fois de plus une couverture magnifique qui d’emblée nous fait pénétrer un monde peuplé de lutins, trolls, cluricaune et autre êtres du petit peuple… En poussant la porte de la taverne, en ouvrant ce livre, on franchit la porte de l’Autre Monde…
Comme le veut la coutume, ce troisième tome nous propose 4 histoires courtes, introduite chacune par de magnifiques gravures signée Etienne le Roux et présentant la nouvelle à suivre…
La première illustré par Peter Madsen non loin de Bergame, quelque part en Italie, alors que des Foletti, attiré par l’odeur alléchante d’un banquet de noce s’apprêtent à jouer des farces dont ils ont le secret… Heureusement que le jeune et rusé Gianni veille au grain… Le dessin, léger et enfantin de Madsen colle fort bien à l’ambiance espiègle de cette nouvelle dont l’intrigue nous éloigne des pays brumeux du nord, quittant l’Irlande, la Bretagne et l’Ecosse…
La seconde, Cluricaune, Illustrée par Anthony Jean est bien plus sombre. L’histoire de cette auberge, construite sur une colline sacrée des Léprechaunes est efficace et rondement menée.
Mais ce qui séduit d’emblée, c’est l’étonnant dessin, renforcé par une mise en couleurs magnifiques et tourmentée de cet illustrateur fort talentueux. Premier travaux d’un illustrateur qui devrait faire parler de lui tant son trait est sûr et ses couleurs superbes…
Le troisième conte, Rousalka, est illustrée par Alexis Nesme dont le talent éclate ici bien qu’il n’en soit pas à sa première BD (Grabouillon et les Gamins, tous deux chez Delcourt). Son trait une mise en couleur impeccable contribue grandement à l’ambiance sombre de ce conte qui n’est pas s’en rappeler l’histoire de la petite sirène. A noter particulièrement le remarquable travail fait sur la lumière et sur celle de l’astre lunaire en particulier…
La dernière nouvelle, le Love Talker, est illustrée par Guillaume Lapeyre (dessinateur des Chroniques de Magon) et mis en couleur par Elsa Brants (dont les amateurs ont pu admirer les remarquables mise en couleur dans la série sus-citée, dans les Brumes d'Asceltis, les Contes de Brocéliande, le Déserteur ou Weëna). Le dessin, d’inspiration Manga, est efficace et bien moins sombre que celui des deux contes précédents. Mais quoi de plus normal puisqu’on y parle du séduisant Love Talker dont le verbe est à même d’envoûter les plus belles et farouches jeunes filles?
Malgré une préférence pour la seconde et pour la troisième histoire à l’intrigue et au graphisme plus ténébreux, cet album est honorable et s’inscrit dans la droite ligne des deux précédents, confirmant le talent de conteur de Pierre Dubois… Mais surtout, cet album fut pour moi l’occasion de découvrir deux auteurs, Alexis Nesme et Anthony Jean, aux styles si personnels que je vais guetter avec impatience leurs prochains travaux…