Nostalgie
En 1987 sortait Pirates… un jeu qui pour beaucoup de trentenaire évoque l’aventure, la liberté. Pour la première fois, un jeu proposait un cadre où le joueur pouvait librement naviguer, choisir ce qu’il voulait faire et non pas subir le carcan rigide d’un scénario étriqué. Pirates était un passeport pour la Liberté.
Ceux qui ont sillonné les caraïbes, une grande carte sous les yeux, attaqué moult comptoirs ou cités, par la mer ou la terre, pour un roi ou l’or, déjoué moult mutinerie, attaqué des galions gorgés d’or, cherché un mythique trésor comprendront que la réédition de ce jeu mythique était une grande nouvelle…

Car après Pirates, si de nombreux titres ont tenté de reprendre le flambeau (dont Pirates Des Caraibes, Redjack, Port Royal ou Corsar), aucun n’est parvenu à s’imposer comme le digne successeur de Pirates…

Le créateur du jeu original (à qui l’ont doit aussi Sim City et Civilisation, rien que ça) ayant supervisé ce remake, on pouvait s’attendre à un résultat à la hauteur de nos espérances…

Tragédie
L’aventure débute par une scène cinématique durant laquelle votre famille est capturée par un sinistre espagnol pour être vendu en tant qu’esclave. Encore enfant, vous parvenez miraculeusement à lui échapper. Dix années passent durant lesquelles vous grandissez. L’heure de la vengeance a sonné! Après avoir choisi un nom, un talent (Escrime, canonnier, navigateur, médecine ou chasseur de trésor) d’une date de naissance (qui définira le contexte géopolitique dans lequel vous évoluerez) et d’une nationalité, et vous voilà parti pour l’aventure, à la recherche de votre famille éclatée et ce bougre d’espagnol qui paiera pour ses crimes!

L’aventure
En devenant pirate, vous passerez le plus clair de votre temps sur votre navire que vous pourrez améliorer au fil de vos aventures. Votre équipage s’étoffera, rejoint peu à peu par des hommes chevronnés dont les multiples talents (cuisinier, médecin, canonnier…) vous seront d’un grand secours. Vous pourrez vous lancer à la poursuite de navires chargés d’or et de marchandises, engager un dantesque combat naval et tenter un abordage à un contre 5. Après une phase de combat naval ou vous devrez faire montre de votre maîtrise de votre navire en tenant compte du vent, de vos talents de canonnier (en choisissant vos boulets, pour décimer l’équipage adverse, endommager la voilure ou détruire la coque), suivra une phase d’abordage au cours de laquelle vous affronterez le capitaine ennemi au cours d’un duel épique qui influera sur le cours de la bataille en cours… Perdre, c’est souvent se retrouver en prison et voir vieillir son personnage, qui, peu à peu, perd ses capacités… Il n’est pas bon de vieillir pour un pirate!

Mais votre vie vous conduira dans de nombreux ports. Dans les tavernes, lieux de débauches propices aux confidences et au recrutement d’hommes valeureux, vous glanerez de nombreuses informations. Peu à peu, vous trouverez des indices qui vous permettrons de vous lancer à la poursuite de cet homme sinistre qui a brisé votre enfance. De nombreuses rencontres émailleront votre périple, et elles ne seront pas sans rappeler les délicieuses scènes de Princesse Bride ou Inigo Montoya déclame sa fameuse tirade : « buenos dias, tou as toué mon père, prépare toi à mourir ».
Vous pourrez rencontrer de nombreux gouverneurs. Leur attitude dépendra en grande partie de vos actions envers leur couronne. Peut-être tenterez vous de séduire sa délicieuse fille en l’invitant à danser! Et vous devrez alors faire montre de vos talents au cour d’un bal. Et si la chose est aisée en mode débutant, elle le devient beaucoup moins lorsque aucune aide ne vous est apporté et que vous devez décrypter les pas à faire dans l’attitude de votre partenaire!
Vous pourrez aussi profiter de vos escales pour vendre le produit de vos rapines, acheter des denrées à vil prix pour les revendre ailleurs et faire de juteux bénéfices. Car l’art du négoce permet aussi de faire fortune! Il vous sera en outre possible de réparer ou améliorer votre navire, augmentant ainsi vos chances de survive lors d’un prochain combat naval…

Mais toutes les villes ne vous accueilleront pas les bras ouverts, loin delà! Il vous faudra parfois attendre la tombée de la nuit pour vous infiltrer dans la cité, jouant au chat et à la sourie avec les gardes, vous cachant dans une meule de foin ou dans une zone d’ombre, lors d’une séquence ou habilité et tactique.

Comme chez son vénérable ancêtre, vous avez la possibilité d’attaquer les villes au cours d’un wargame plutôt basique mais assez efficace qui vous permettra de mettre à l’épreuve vos sens tactiques et stratégiques. Plus un jeu de plateau qu’un jeu d’arcade, cette partie du jeu, comme celle des duels, épiques mais répétitifs, aurait mérité d’être plus développée… Mais il est vrai que Pirate n’est ni un jeu de combat ni d’affrontement. C’est un jeu complet, une sorte de simulateur de pirate en quelque sorte… Mais l’on se prend tout de même à rêver de duels mouvementés et riches en possibilités de feintes, parade, ripostes et contre-ripostes, d’attaque de ville en temps réel lors de séquence digne de Age of Empire mais où la ruse occuperait une place déterminante…

Côté technique
Qu’il est loin le temps des CPC6128 et de leur graphisme approximatifs et pixellisés. Les graphismes de ce jeu sont à la hauteur de nos espérances, à la fois détaillés et colorés. La 3D utiliser pour le rendu des navires est particulièrement efficace. Esthétiquement, le jeu est une incontestable réussite…

La musique souligne plutôt bien l’actions et les bruitages rendent efficacement les différentes atmosphères à bord des navires, dans les des tavernes, ou lors des bals chez le gouverneur…

Au final
Au final, cette nouvelle mouture de Pirates est des plus réussie. Ce jeu, fortement adictif ravira les nostalgiques de la première version et devrait ravir les amateurs de jeu d’aventure désireux de ne pas être écrasé par un scénario trop linéaire. On retrouve en cela le vent de liberté qui soufflait sur le premier volet.

On se prend à rêver à un mode réseau digne de ce nom ou une poignée de pirates s’affronteraient sillonneraient les mers pour la gloire, l’or ou le titre de pirate le plus craint des caraïbes…