« 7 Psychopathes » est le premier album d’une série de 7 tomes se proposant de réunir 7 scénariste et 7 dessinateurs pour nous conter 7 histoires de 7 personnages poursuivant 7 quêtes. Concept étrange placé sous le patronage du nombre 7 aux significations multiples mais qui évoque traditionnellement, les numérologue du dimanche le savent sans nul doute (tiens, c’est le 7ième jour de la semaine), la perfection. Devra-t-on découvrir un sens caché à l’ensemble de ces 7 tomes une fois la série achevée ? Mystère… Mais le fait est que cette variation autour du thème des Sept Samouraïs et autres mercenaires scénarisés par des plumes talentueuses et mis en scène par des pinceaux agiles a de quoi séduire…

Ce premier opus, joyeusement surréaliste, se propose de nous conter les aventures de sept psychopathes lancé dans un plan aussi fou qu’inimaginable : dans le but de mettre fin à la guerre qui déchire et ravage l’Europe, un groupe de sept hurluberlus va se voir parachuter sur Berlin afin d’assassiner Hitler. Sans lui, le régime nazi, privé de son Führer ne pourra que s’écrouler. L’idée directrice est aussi folle qu’ingénieuse : puisque aucun plan censé n’a pu venir à bout du tyran, envoyer en Allemagne un groupe tendant par un seul but mais aux actions non prévisible, puisque dictée par la folie, aura toutes ses chances de réussir!

Les personnages principaux qu’on ne verra qu’apparaître pour certains sont sérieusement ravagés mais leur aspect caricatural et leur folie à lier teinte l’album d’une note d’humour noire et de cynisme fort séduisante. Parmi eux, le personnage de Joshua Goldschmidt qui impulse ce plan hallucinant est particulièrement savoureux..
Le scénariste, qui n’est autre que le talentueux Fabien Vehlmann (Le Marquis d’Anaon, Green Manor, Seuls, les Cinq Conteurs de Bagdad) nous propose une uchronie débridée et originale qui suscite un intérêt dès les premières pages de l’album. La pirouette finale est particulièrement jubilatoire.

Le trait de Sean Phillips, dessinateur chez Semic et Panini Comics a évidemment toutes les caractéristiques graphiques des Comics américain, style auquel les lecteur de BD franco belge ne sont pas nécessairement habitués. Mais sont trait épuré, ses aplats de couleurs et ses ombres dansantes servent plutôt efficacement ce récit décalé.

Malgré des critiques en demi teintes que l’on peut lire ça et là, j’ai lu cet album avec délectation… Un album jubilatoire comme je n’en avait pas lu depuis longtemps… Si le reste de la série est à la hauteur de ce premier tome, que de bonheur en perspective! André Gide n’avait peut-être pas tort lorsqu’il affirmait que l’art naissait de la contrainte…