
Le Scorpion est un excellente BD de cape et d’épée, à l’action virevoltante, prenant place dans un cadre historique décalé. Car si le décor en est la ville éternelle, si l’époque pourrait, au vu des costumes, être cernée, les figures historiques ne sont que pure invention. En prenant s’éloignant du cadre historique, parfois trop figé, tel un carcan, les auteurs peuvent donner libre court à leur imagination échevelée.
Une fois encore, comme toujours dans le sillage d’Armando Catalano alias le Scorpion, l’aventure est au rendez-vous, avec son lot de rebondissement, de combats spectaculaires, de trahisons sordides et d’amours contrariés, évoquant les grandes heures des films de cape et d’épée qui ont, je l’avoue, bercé mon enfance. La narration de Stephen Desberg colle bien à ce type de récit, et le dessin et les couleurs d’Enrico Marini sont toujours diablement efficaces, dans ses jeux d’ombres et de lumière notamment. C’est d’ailleurs l’osmose entre ces deux auteurs qui confère au récit ce dynamisme indispensable à cette BD de genre. La trame qui s’esquisse et qui trouve son apothéose alors qu’un chariot empli d’or approche de Rome est fort bien contée et la tension monte fort efficacement au fil des pages…
Cependant, le fil rouge qui sert de fil conducteur au récit, à savoir l’opposition entre le cardinal Tribaldi, devenu depuis Pape, et le Scorpion en quête de ses origines, se fait ténu, presque invisible. Les auteurs épaississent le mystère plus qu’il ne le dévoile et il est à craindre qu’à force de bâtir des récits aventureux autour d’un axe fragile qui n’est guère développé dans chaque tome (sans doute pour se ménager moult péripéties) le lecteur finisse par se lasser.
Bien sûr, le Scorpion est et reste une BD de pure divertissement, mais rendre le développement de l’intrigue plus dense ne pourrait sans doute pas nuire à cette série… Reste que L'ombre de l'Ange se lit avec plaisir… un album qui n’a d’autres prétentions que celui de nous divertir et nous faire passer un agréable moment… Après tout, ce n’est déjà pas si mal !