Le scénario concocté par Richard D. Nolane, auteur protéiforme aux mille et une casquette, est particulièrement audacieux... S'arcboutant sur la célèbre sentence que Maurice Druon prêta au Grand Maître de l'Ordre des Templiers et qui sert de clef de voûte à ses Rois Maudits, il tisse à travers le temps la trame d'une intrigue alambiquée (adjectif de circonstance) qui se ramifie jusqu'en 1840. Il retrouve pour se faire son complice Olivier Roman, avec qui il avait signé la série Harry Dickson...

Alexis Lerouge, jeune écrivain de roman feuilleton, ne se doute pas qu'en se rendant à un énigmatique rendez-vous à la demande du patron du journal qui le publie, il va se retrouver mêlé à un sinistre complot plusieurs fois millénaire... Mais il ne sera pas seul, puisque Eugène-François Vidocq va l'assister dans son enquête...
Vidocq est sans doute l'élément clef qui relie la série à la prestigieuse collection 1800... Car sans être un personnage de roman du XIXième (il le deviendra plus tard), Vidocq en a l'étoffe, ne serait-ce que par son itinéraire incongru qui le vit être bagnard avant d'endosser le costume de chef de la Sûreté... C'est d'ailleurs dans la plus pure tradition des romans feuilleton que s'inscrit Alchimie, avec cette aventure fertile en rebondissement, ses personnages hauts en couleur, un grand méchant, tapis dans l'ombre de l'histoire et dont les noirs dessins restent encore obscurs au lecteur et d'adjuvants énigmatiques...

Le dessin réaliste d'Olivier Roman (artiste peintre, graphiste et dessinateur) réhaussés par les couleurs des studios Digikore, convient parfaitement à ce récit historique teinté de fantastique. Le Paris du XIXième siècle est fort élégamment reconstitué, des ses bouges infâmes à ses salons cossus de la grande bourgeoisie en passant par les costumes de l'époque post-impériale.

Décidément sans fausses notes, la collection 1800 se dote d'un nouveau titre des plus prometteurs qui ne dépareille pas de l'ensemble...Gageons que le second et dernier tome d'Alchimie lèvera le voile sur les nombreux mystères esquissés par le premier.