Les cathares exercent depuis longtemps une étrange fascination... Est-ce à cause de leur idéal d'amour courtois, la place des femmes dans leur société, leur mystique faisant s'opposer le Démiurge, créateur de la matière, impure par essence, à Dieu, pur esprit, leur croyance en la réincarnation, la croisade menée au nom de Dieu mais ayant des visées territoriales, la terrible phrase qu'on prêtre à Arnaud Amaury au siège de Bézier (« Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens »), leur mystérieux trésor ou le sort tragique de ceux qui choisirent le bûcher plutôt que l'abujuration de leur foi... A cause de tout cela sans doute, alors que mythes, légendes et histoires se mêlent, souvent dans un fatras ésotérique (cf l'Enigme Sacrée)... Les cathares n'ont pas fini d'inspirer illuminés, romanciers, cinéastes et... auteurs de BD... On se souvient notamment de la brillante Mémoire de Cendre, sérier de 10 tomes signée par Philippe Jarbinet et parue chez Glénat entre 1995 et 2007.

La nouvelle série de Bruno Falba et Fabio Bono s'ouvre en 1242 avec le meurtre des inquisiteurs en Avignonet par des chevaliers faydits venus de Montségur, assassinat qui aboutira au siège puis à la chute de Montségur, dix mois plus tard. S'appuyant sur l'Histoire mais donnant à l'expédition d'Avignonet un autre sens que la seul vengeance de faydits sur les inquisiteurs (délivrer trois « purs » pour qu'ils ne soient pas soumis à la question)... La trame concoctée par Bruno Falba utilise brillamment la chronologie des évènements et la légende des trois parfaits (Amiel Aicard, Hugo, Poitevin) et de l'inconnu et accrédite l'hypothèse du traître qui aurait livré la forteresse (bien que dans les faits, près d'un mois se soient passé entre la chute de la tour de guet et la reddition de Montségur et le funeste bûcher qui s'ensuivit)
Mais l'idée qui rend ce récit captivant, c'est celle d'avoir choisit pour narrateur le traître lui même, et plus encore, d'avoir laissé son identité secrète... On sait que le traître fait parti des protagonistes de l'intrigue mais on ignore qui il est ou la façon dont il va frapper et trahir les siens. La tension se fait dès lors plus forte et le récit plus dense...

Le dessin réaliste de Fabio Bono qui ne cesse de s'affiner au fil de ses albums sert admirablement bien ce récit historique qu'on sent très documenté et la mise en couleur de Dimitri Fogolin achève d'immerger le lecteur dans cette époque violente et reculée...

L'histoire serait très classique si ce délicieux changement d'angle narratif ne lui apportait pas un relief tout particulier, lui conférant toute sa saveur et tout son sel... Ce premier tome, s'achevant là où commence la légende, alors que trois purs et un inconnu s'échappent de Montségur dans la lueur des flammes de bûcher, annonce une série historique particulièrement prometteuse dont on ne peut qu'attendre la suite avec impatience...

Le scénariste Bruno Falba se livre dans Cathares à un intéressant exercice de style : il confie le rôle de narrateur au personnage du traître, qui agit à visage découvert au cœur de l'action sans que l'on ne sache jamais qui il est. Fabio Bono sublime le récit par son dessin d’une redoutable efficacité.

Glénat Après « Confessions d’un Templiers » Falba et Bono reviennent avec une nouvelle série historique tournant autour du thème compliqué et délicat des Cathares. Dès la première page l'histoire s'installe et garde un rythme énergique tout au long de la lecture. Les deux auteurs nous présentent le siège de Montségur où le drame des Cathares va se jouer. Comme on peut le lire sur le site de Glénat, Falba a fait le choix de donner la parole au traître, ce qui n’est pas commun mais donne un point de vue très intéressant. On ne sait pas qui il est et une fois la BD refermée on reste un peu dans le doute sur son identité et surtout de ses motivations.

L’histoire racontée ici est prenante et passionnante. Elle est très documentée et retrace les derniers grands moments de résistance Cathares. Concernant le dessin de Bono, on retrouve des similitudes avec « Confessions d'un Templier » : on peut trouver certaines ressemblance entre les personnages. Au-delà de ça, les personnages, les décors et l’ambiance de l’époque sont bien retranscrits et me paraissent réalistes. « Cathares » est une très bonne BD. De l'association de Falba et Bono sont nés plusieurs petits bijoux qui nous réjouissent. J’attends donc la suite avec impatience.

par Benjamin Riou

Cette série nous transporte directement au temps des Cathares. "Encore des Cathares" me direz-vous ? C'est vrai que le thème est souvent repris, mais j'ai trouvé dans cet album quelques éléments qui apportent une originalité à cette histoire. En effet, nous vivons ce récit d'une manière particulière puisque c'est en la personne d'un traître qu'est faite la narration. Mais qui est donc ce traître qui nous conte son aventure ? Le scénariste fera en sorte que son identité reste un mystère pour le lecteur. Aussi, on peut s'apercevoir qu'un travail de documentation et recherches a été effectué car le récit, tout comme le dessin, sont riches en détails et précisions, relatant de faits historiques réels. Le tandem Bono/Falba qui avait déjà fait ses preuves avec 'Confessions d'un Templier' récidive et nous fait vivre avec 'Cathares' un très bon début de série. L'histoire (ou devrais-je écrire 'Histoire' ?) est intéressante, entraînante, fluide, et passionnante. Bref, vivement la suite !

par Arnaud Salembier