King & Assassins est un délicieux jeu asymétrique servi par un design soigné et des règles fluides et très immersives…
Règles et matériel
La boîte, joliment illustrée contient un matériel aussi élégant qu’ergonomique dont le design n’est pas sans évoquer celui des jeux vidéo d’Ubisoft (la série des Assassin’s Creed pour ne pas la nommer)… On y trouve une carte réversible, de nombreux pions et leur socle ainsi que des cartes joliment illustrées par une poignée de dessinateurs talentueux.
Les règles (8 pages) sont toutes à la fois claires, bien maquettées et très bien illustrées. Elles s’assimilent très rapidement et donnent une furieuse envie de se lancer dans la première partie. Le recto du plateau est à conseiller aux joueurs débutants alors que le verso, proposant une mise ne place alternative, sera à réserver aux joueurs plus chevronnés, rompus aux arts de l’assassinat ou de la protection rapprochée…
Contenu de la boîte : 23 figurines (12 Citoyens, 3 Assassins, 7 Chevaliers et un Roi) , 27 cartes (15 carte de jeu, 12 cartes citoyens), 2 aides de jeu réversible, 1 jeton Blessure du Roi, 1 plateau de jeu réversible.
Déroulement d’une partie
Le joueur incarnant le roi devra s’efforcer de mettre le pion royal à l’abri de son château, le joueur incarnant les assassins, caché dans une foule hostile, devra s’efforcer de ralentir le roi et de mettre fin à la vie du tyran…
Mise en place
Les pions Citoyens sont placés aléatoirement sur les cases marquées d’une croix. Le joueur incarnant les assassins choisit secrètement trois d’entre eux. Ce seront les trois assassins dissimulés parmi le peuple huant son monarque. Le roi se place sur la case indiquée et place les chevaliers sur les cases marquées d’un rond. Les cartes de jeu sont mélangées pour former une pioche.
Déroulement
Au début de chaque tour, la première carte de la pioche est retournée. Elle indique le nombre de point de déplacement des différentes factions (Chevalier, Roi et Assassin). Le joueur incarnant le roi va tout d’abord déplacer ses Chevaliers et le Roi, puis ce sera au tour de l’Assassin de faire de même avec les pions Citoyens et/ou Assassins.
Les joueurs vont pouvoir se déplacer orthogonalement ou monter et descendre des toits. Le joueur incarnant le Roi pourra en plus pousser les jetons Citoyens à l‘aide de ses chevaliers ou les arrêter (si des menottes figurent sur la carte) alors que le joueur jouant les assassins va pouvoir, à l’aide d’un assassin révélé assassiner Roi et Chevaliers et se montrer bien plus agile pour monter et descendre des toits (coût en points d’action moins élevé)…
Fin de partie
Si le Roi parvient à regagner son château ou à arrêter ou éliminer les trois assassins, il remporte la partie. Il perd s’il est assassiné (évidemment!) ou si la pioche est épuisée…
l’Avis de la Rédaction
La conception de jeux asymétrique est un exercice difficile ou plus d’un auteur s’est cassé les dents. Avec des
règles simplissimes (dépense de points d’action dont le nombre varie à chaque tour), Łukasz Woźniak est parvenu à créer un
jeu brillant et immersif aux parties tendues à souhait.
Le mécanisme d’action est certes ancien mais il n’en a pas moins fait ses preuves! Bien loin de le rendre chaotique, les aléas apportés par les Cartes de jeu (nombre de points d’action et possibilité ou non d’arrêter un citoyen) confèrent au jeu tout son sel. Un nombre de points fixe aurait rendu le jeu trop mécanique et par trop calculatoire alors que l’impondérable induit par les cartes induit une tension presque palpable à chaque tour… et forcera chaque joueur à
s’adapter, à
temporiser sa stratégie en fonction des possibilités offertes par les cartes…
Le joueur incarnant le roi ne devra pas perdre de vue que
l’immobilité lui sera sans doute fatale. Car s’il lui faudra avancer précautionneusement pour ne pas trop exposer sa royale personne, il ne devra pas perdre de temps car le temps (les cartes donc) lui est compté! A vouloir trop assurer son déplacement, on oublie que la course se joue aussi contre la montre! Un assassin cherchant à amasser les citoyens devant la porte du château pourrait gravement ralentir la progression du roi, la rendant tributaire des arrestations… Et c’est là que les Chevaliers présents près du château prennent tout leur intérêt tactique! Bien placés, ils pourront pousser la foule pour aider le roi à se frayer un chemin à travers son peuple hostile!
Les assassins cachés dans la foule induisent pour le joueur incarnant le roi un
délicieux sentiment de paranoïa alors que le joueur incarnant l’assassin tentera de bluffer le roi, de l’induire en erreur en le laissant penser que les assassins se trouvent là où ils ne sont pas… Ce jeu de double-guessing et de cache-cache pimente le jeu de façon savoureuse…
Le jeu est indéniablement
très addictif. Après l’échec ou la réussite des assassins, les joueurs souhaiteront remettre le couvert, en inversant les rôles…
King & Assassins est clairement un excellent jeu asymétrique, l’un des meilleur même peut-être… Jusque-là assez difficile à trouver en France, on ne peut que saluer l’initiative de Runes Editions d’avoir traduit ce petit bijou qui pourrait bien profiter du succès d’Assassin Screed… C’est tout le mal qu’on lui souhaite! Sur ce, je vous laisse, j’ai un roi à tuer…
On aime...
la tension palpable
le matériel élégant et de qualité
la simplicité des mécanismes
la nécessité de s’adapter aux circonstances
l’aspect addictif
On n'aime pas...
l’aspect addictif