Maurizio A.C. Quarello rend hommage à ses grands-parents à travers un album étrangement muet et néanmoins très parlant…

1940. L’Italie fasciste entre en guerre au côté de l’Allemagne nazie. Après avoir destitué et arrêté Mussolini, elle signe un armistice avec les alliés. Délivré par les allemands, le dictateur fonde la République Sociale Italienne dans l’Italie du Nord.

La résistance contre les troupes fasciste et allemande s’organise. Embuscades et représailles se multiplient… Les parents des insoumis sont arrêtés et enfermés… L’album retrace la résistance d’un homme, le grand-père de l’auteur, qui s’engage dans le Comité de Libération Nationale, et de son épouse en centrant le récit sur la période charnière que furent l’hiver 1944 et le printemps 1945.

Quelle idée étrange que de faire ce récit une histoire muette… Mais cette absence de mots et de textes lui confère une portée universelle.

Le dessin réaliste et expressif de l’auteur rend ses images extrêmement parlantes et le lecteur n’a aucun mal à créer ses propres dialogues, participant inconsciemment à l’élaboration de l’histoire. Les paysages qui servent d’écrin à son récit historique sont tout juste superbes, donnant à ressentir le passage des saisons de façon saisissante. S’alternant avec les faits de guerre, les scènes de vies sont confondantes de réalisme et offrent une paisible respiration à l’album…

Mais surtout, l’auteur fait la part belle au ressenti et à l’émotion avec des scènes réellement poignantes, telle celle-ci où la femme attends le retour de son partisan de mari en se faisant du mauvais sang, celle où elle le recherche après l’insurrection, interrogeant ces frères d’armes, ne sachant s’il est vif ou mort… Et celle des retrouvailles finales, salutaire moment de calme après la tempête…

Maurizio A.C. Quarello signe un album superbe et atypique qui rend hommage à ses grands-parents en particulier et plus largement à tous ceux qui se sont battus contre le totalitarisme, risquant leur vie et celle de leurs proches pour défendre des valeurs et leur liberté…


Si le récit se déroule dans l’Italie fasciste, l’absence de textes et de dialogues lui confère une portée universelle. L’élégance du trait qui fait la part belle aux émotions et la somptueuse mise en couleur de l’album rendent sa lecture particulièrement agréable…

(*) référence au chant des Partisans de Joseph Kessel et Maurice Druon, sur une musique d’Anna Marly