Il y a cinquante ans, Paris s’embrasait sous l’impulsion de la jeunesse qui rêvait alors de changer le monde… Pour l’occasion, les éditions Delcourt nous proposent, réunis sous forme d’une intégrale, les deux récits publiés dans la collection Jour J qui joue avec l’Histoire, s’immisçant dans les moments charnière où tout aurait pu basculer…

Dans le premier récit, la mort inopinée du Général de Gaulle a fait basculer le pays dans la guerre civile qui a vu la victoire de l’Utopie. Alors que la Sixième République se profile péniblement, une affaire de grand banditisme va refaire surface, et atteindre des personnes gravitant autour du pouvoir… Car l’avènement d’un monde nouveau se fait sur les ruines de l’ancien... Et certains n’ont pas perdu leurs vieilles habitudes…

Dans le second récit, la France est ravagée par une guerre civile dont on ne voit pas le bout. L’O.N.U. a pris pied en France mais ne peut agir, faute d’une décision du Conseil de Sécurité, la France ayant conservé son droit de véto… Si Olivier Norman est entré sur le territoire pour faire un reportage sur cette zone de guerre, il travaille pour le compte d’un riche collectionneur désireux de mettre la main sur la Joconde alors que le Louvre n’est plus que ruine… Mais récupérer ce chef d’œuvre de la Renaissance en pleine zone de guerre ne sera pas chose aisée et il lui faudra composer avec les différentes factions en présence pour parvenir à ses fins…

Jean-Pierre Pécau et Fred Duval, assisté par Fred Blanchard, ont tissé avec soin deux récits très différents, élargissant le champ des possibles en esquissant deux prolongements aux évènements de mai 68.

Sous couvert de grand banditisme, le premier récit met l’accent sur la dimension politique, avec la Guerre Froide en filigrane. Le scénario met en scène des figures historique, du trublion Cohn-Bendit à d’autres appelés à présider au destin de la France, de l’opportuniste Mitterrand en passant par le Chirac, calculateur et carnassier… Sous des apparences « abracadabrantesques », le récit s’appuie néanmoins sur des éléments et des faits historiques véridiques pour tisser un récit froidement cohérent au vu des parcours de chacun des protagonistes. Mr Fab nous livre des planches saisissantes qui dépeignant une société faussement utopique avec des architectures s’inspirant des travaux d’architectes avant-gardistes…

Après un exposé succinct mais captivant du déroulé apocryphe des événements, de l’attentat contre de De Gaulle à la vacance du pouvoir qui embrasa le pays, le second récit est moins cynique mais bien plus sombre. Le scénario lorgne plus vers le récit de guerre, avec ce reporter s’efforçant de trouver fixers et contacts pouvant lui permettre d’atteindre l’objet qu’il convoite…Sans savoir ses actions allait avoir de telles conséquences pour Paris et Montmartre… Le trait nerveux et réaliste de Denys Damien immerge quant à lui le lecteur dans ce Paris ravagé par la guerre…

Assisté par les talentueux Mr Fab et Denys Damien chargé de mettre en image leurs récits uchroniques, Jean-Pierre Pécau et Fred Duval signent deux récits très différents qui esquisse chacun deux lendemains qui déchantent…

Si le premier se place sous le signe de l’utopie politique, elle n’en revêt que les apparences alors qu’une sombre affaire de banditisme va refaire surface, la seconde s’avère plus sombre en proposant une dystopie glaçante sur fond de guerre froide…

Complété par un dossier captivant (qui contient notamment une interview passionnante du Vice Amiral Flohic, aide de camp du Général De Gaulle lors des évènements), cette intégrale s’avère captivante et ravira les amateurs de la série Jour J…

- Il est temps de reconstruire le pays. Les français ont soif de paix et de calme.
- C’est marrant, tu parles toujours au nom des français.Dialogue entre François Mitterrand et Daniel Cohn-Bendit

(*) Slogan de mai 68