Escarmouche
Schotten-Totten compte sans doute parmi les meilleurs jeux à deux de tous les temps… Créé par le célèbre Reiner Knizia à la fin des années 90, il a connu de nombreuses variantes, telle le
Battle Line édité en 2000 qui avait, pour l’occasion, été accommodé à la sauce antique… Comme son nom l’indique, ce
Battle Line Médiéval nous entraîne au cœur du moyen-âge pour des escarmouches passionnantes…
Règles et matériel
Roland MacDonald a fait du bien bel ouvrage en signant les somptueuses illustrations des cartes de cette nouvelle édition de
Battle Line… Si les cartes Troupe, dont le nom évoque les différentes unités composant une armée médiévale, s’avèrent particulièrement réussie, nous sommes tombés sous le charme des cartes Champ de Bataille, évoquant des toiles de William Turner…
Le jeu inclus comme il se doit les cartes Tactique (rethématisée) qui font la spécificité de
Battle Line ainsi qu’une carte de valeur 10 pour chacune des six armées, là où les cartes de
Schotten-Totten s’arrêtaient à 9… On appréciera le travail iconographique qui, passé la première partie, permet de comprendre d’un seul coup d’œil l’usage de la carte sans avoir à relire le (court) texte y figurant.
Ajoutons à cela une variante Terrain, créé par des fans, et vous obtenez un jeu subtilement différent de son grand ancêtre… Présentant au recto un résumé des règles et au verso l’ordre des combinaison, les cartes aide de jeu sont aussi utiles que bien conçue…
Le livret de règle (8 pages) s’avère tout à la fois bien pensé et particulièrement clair…
Contenu de la boîte : 60 cartes Troupe (1 à 10 dans chacune des 6 couleurs, 10 care Tactique, 9 carte Champ de Bataille, 2 carte Aide de Jeu
Déroulement d’une partie
Mise en place
Les 9 cartes Champ de Bataille sont placées en ligne (eh oui, ce n’est pas pour rien que le jeu s’appelle Battle Line !) entre les deux adversaires… Les cartes Troupe et Tactique sont mélangées séparément pour former deux pioches distinctes. Chaque joueur reçoit 7 cartes Troupe…
Déroulement
A son tour de jeu, un joueur peut soit jouer une carte Tactique (mais il ne peut jamais jouer plus d’une carte de plus que son adversaire), soit déployer une carte Troupe devant un Champ de Bataille en s’efforçant de créer la meilleure Formation (combinaison) possible. Il existe 5 Formations différentes (de la plus forte à la moins forte) :
Enveloppement : suite de 3 cartes de même couleur
Carré : brelan
Colonne : 3 cartes de la même couleur
Escarmouche : suite de 3 cartes
Mêlée : somme de 3 cartes
Si deux formations sont identiques, celle dont la somme des cartes la composant est la plus haute l’emporte…
Après avoir joué sa carte, le joueur peut revendiquer un Champ de Bataille, soit parce que sa Formation de 3 cartes est meilleure que celle de son adversaire, soit parce qu’il peut prouver, à partir des cartes déjà exposées, que son adversaire n’est plus en mesure de le battre…
Pour finir son tour, le joueur pioche soit une carte Troupe, soit une carte Tactique.
Fin de partie
La partie s’achève par la victoire du joueur qui a revendiqué 5 Champs de Bataille ou 3 Champs de Bataille consécutif…
l’Avis de la Rédaction
Autant la première édition de
Battle Line nous avait paru un brin austère et tristounette, malgré ses indéniables qualités ludiques, autant les illustrations de cette présente édition servant joliment la thématique médiévale nous donnent bougrement envie de nous lancer dans la bataille…
On retrouve dans cette présente édition tout ce qui fait
le charme de Schotten-Totten qui
revisitait avec audace et finesse les mécanismes du poker pour
un jeu malin et dynamique au parties âprement disputées … Car ce n’est pas une donne mais neuf en simultané que nous propose Battle Line, chaque carte jouée sur un Champ de Bataille fermant d’autres possibilités tactiques sur d’autre… celles de son adversaire, ou les siennes propres !
Aussi, chacun des belligérants devra prendre soin de
gérer au mieux sa main … et ça ne sera pas une mince affaire ! Car prendre l’avantage sur un champ de bataille avec une carte permettant de compléter une Formation (une combinaison !) à même de défaire les lignes ennemies peut donner, sur un autre champ de bataille, l’avantage à l’adversaire qui pourra le revendiquer et s’approcher ainsi de la victoire finale !
Bluff et intimidation s’inviteront dans la mêlée comme dans toute partie de Poker !
Les
deux façons de gagner rendent le jeu plus tactique encore… Qu’importe que vous soyez en passe de remporter votre cinquième bataille ! Que l’adversaire parvienne à s’imposer sur trois Champ de Bataille consécutif et ça en est fait de vous !
Les amoureux de
Schotten-Totten pourront regretter l’apparition des
cartes Tactiques qui viennent sinon dénaturer mais tout au moins bouleverser des stratégies bien établies en offrant aux joueurs des jokers, la possibilité de déplacer des cartes Troupe précédemment posées ou encore celle d’agir sur la pioche…
Mais le docteur Knizia a ajouté à ses mécanismes épurés
un délicieux artifice ludique : vous ne pouvez jouer plus d’une carte Tactique de plus que votre adversaire ! Si vous en avez joué une et que votre adversaire se refuse à le faire, vous ne pourrez en abattre une nouvelle ! De plus piocher une carte Tactique, c’est se priver d’une possibilité supplémentaire de réaliser une combinaison. Ainsi, encombrer votre main de cartes Tactique est sans doute le plus sûr moyen de vous faire battre ! Dès lors, l’usage des cartes Tactiques qui peut au prime abord paraître un brin chaotiques s’avèrent au final particulièrement malin,
modifiant subtilement la saveur du jeu originel…
Cerise sur le gâteau, cette nouvelle édition de
Battle Line propose une variante savoureuse qui viendra elle aussi brouiller les repères des vétérans :
la variante Terrain… Avec cette variante, chaque terrain est doté d’une caractéristique propre :
les Collines inversent la valeur des cartes, les Champs permettent d’exercer son influence sur la pioche, la
Forêt annulent toute formation (seule est prise en compte la somme des cartes), le
Château-Fort ou la
Forteresse avantagent l’Attaquant (désigné par l’orientation de la carte), la
Rivière nécessite de placer 4 cartes au lieu des 3, le
Marécage impose au perdant de défausser une de ses carte Troupes déployée sur un autre champ de bataille, la
Tour de Guet permet de défausser une troupe adverse adjacente alors la
Ville compte pour deux champs de bataille (mais est considérée comme étant adjacente à aucun Champ de Bataille)…
Comme on pouvait s’y attendre, les variantes Tactique et Terrain accroissent de façon considérable la durée de vie d’un de ce qui est, à juste titre, considéré par beaucoup, comme l’un des meilleurs jeux à deux… A noter que l’auteur déconseille de mixer les variantes, cocktail qui rendrait le jeu bien trop imprévisible pour être intéressant…
Vingt et un ans après Schotten-Totten, GMT Games nous propose de redécouvrir l’un des chef-d’œuvre de Reiner Knizia dans une version médiévale…
On y retrouve toute la saveur ludique de son ancêtre avec des mécanismes élégants et épurés mêlant gestion de main, bluff et tactique qui n’ont pas pris une ride… Pour couronner le tout, le jeu propose une variante Terrain très sympathique qui pimentera les batailles des vétérans…
Superbement illustré par Roland MacDonald, gageons que ce Battle Line Médiéval permettra aux jeunes générations de découvrir l’un des meilleurs jeux à deux de tous les temps…
On aime...
le ration simplicité / profondeur
la savoureuse filiation avec le poker
les illustrations réalistes et immersives
la variante Terrain
La thématique médiévale
On n'aime pas...
R.A.S.