Juillet 1797. L’armée du jeune général Bonaparte se sont emparé de Venise… Mais nombreux sont les vénitiens désireux de se débarrasser de cet homme ambitieux qui allie génie militaire et génie politique…

Dans un des nombreux palais de la cité lacustre, il fait la connaissance du jeune Arno, pianiste virtuose avec qui il va se lier d’amitié après que ce dernier lui ait sauvé sa vie… De la campagne d’Italie à celle d’Egypte, le musicien vénitien déjouera intrigues et complots menaçant le futur empereur…

Monument du neuvième art, considéré comme un maître de la BD historique, Jacques Martin est le père de nombreux héros emblématiques dont les aventures épique et feuilletonesques ont bercé la jeunesse de nombreux lecteurs : Alix, Lefranc, Jhen ou encore Arno… Par bien des aspects, le jeune Arno évoque Alix ou Jhen … Alix n’a-t-il pas été l’intime de César et Jhen n’était-il pas lui-même artiste ?

Evoquant celles des films de capes et d’épée riches en intrigues, en complots et en escarmouche, les aventures romanesques d’Arno l’entraînent donc dans le sillage d’un empereur en devenir et s’il fait sa connaissance lors de la campagne d’Italie où le jeune général devait y faire diversion allait s’imposer en conquérant, c’est tout naturellement qu’il devait être du voyage en Egypte… Si l’album est présenté comme une intégrale, il regroupe en fait les seuls trois premiers tomes de la série, ceux signés de la main d’un certain André Juillard. Alors que le dessinateur signait en parallèle les 7 Vies de l'Epervier sur un scénario très inspiré de Patrick Cothias, prêtait donc ses crayons et ses pinceaux à Jacques Martin pour mettre en image ce récit d’aventure historique…

Caractérisé par de longs récitatifs parfois redondants avec l’image et des dialogues légèrement ampoulés, la façon d’écrire de Jacques Martin pourra paraître un brin datée aux lecteurs les plus jeunes… Mais l’histoire n’en reste pas moins tout à la fois rythmée et entraînante comme se devait de l’être les récits prépubliés dans les magazine spécialisés… Mais la série vaut aussi pour le dessin d’un artiste majeur en devenir… Il suffit de voir les planches du premier tome et celles du troisième pour voir le style d’André Juillard s’affirmer et prendre de l’ampleur… Car si « déjà Napoléon perçait sous Bonaparte » comme l’écrirait plus tard Hugo, le talent de Juillard était déjà là : l’élégance de son trait et de ses compositions, ses couleurs lumineuses ou son saisissant sens de la mise en scène portée par des cadrages irréprochables et une fluidité narrative confondante…

Intrigues et complots s’invitent dans cette série d’aventure historique éminemment romanesques signée par un maître du genre et portée par le dessin d’un artiste majeur du neuvième art…

Reprenant les trois albums dessinés par André Juillard, cette intégrale d’Arno sera l’occasion pour les jeunes générations de découvrir deux maîtres du neuvième art : Jacques Martin, monument du neuvième art et porte drapeau de la bande-dessinée d’aventure historique et André Juillard dont on voit le trait s’affirmer au fil des pages de l’albums pour épouser ce style plein d’élégance qui caractérise son œuvre et que l’on retrouve dans ses somptueuses 7 Vies de l’Epervier qu’il dessinait en parallèle…

Si les récitatifs et les dialogues pourront paraître datés à certains, le récit n’en reste pas moins épique et entraînant alors que l’on va suivre Arno dans l’ombre du général Bonaparte de sa Campagne d’Italie à celle d’Egypte…