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Nettoyage à sec
Nettoyage à sec



Fiche descriptive

Policier

Joris Mertens

Joris Mertens

Joris Mertens

Rue de Sèvres

20 Avril 2022


25€

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Chronique
Nettoyage à sec
Lessivé par la vie

François n'a pas la vie dont il rêve. Il vit seul, dans une ville où il pleut sans cesse, et travaille depuis des années comme chauffeur dans une blanchisserie sans obtenir la moindre augmentation.

Ses loisirs se résument à jouer les mêmes numéros au loto chaque semaine depuis 17 ans sans résultat, et à prendre une pinte de bière fraîche au Monico où il rencontre fréquemment Maryvonne, avec qui il aimerait nouer une relation plus intime.

Une banale livraison l'amène un jour à frapper à la porte d'une grande maison, théâtre d'une scène de crime dont les vestiges se résument en une dizaine de cadavres et un sac rempli de billets de banque.

Chanceux pour la première fois, François décide de prendre le sac... et les ennuis qui vont avec.
un chef d'oeuvre!


Lessivé par la vie
Nettoyage à sec, planche de l'album © Rue de Sèvres / MertensEmployé comme chauffeur chez Bianca, une entreprise de nettoyage à sec, François n’a pas la vie dont il rêvait… Il vit seul dans une ville où il ne cesse de pleuvoir et son patron trouve toutes les excuses possibles pour lui refuser toute augmentation, alors qu’il travaille depuis sept ans dans l’entreprise sans jamais avoir été malade… Pire, on lui demande de s’occuper d’un nouveau collègue qu’il doit former et à qui il doit expliquer les ficelles du métier…

Mais qu’importe ! Sa vie est en passe de changer… Chaque semaine, depuis dix-sept années, il joue les mêmes numéros au loto et, il le sent, cette fois-ci sera la bonne ! Il empochera le gros lot, pourra plaquer ce boulot insipide, laisser derrière lui sa vie monotone, acheter une Mercedes et venir chercher la belle Maryvonne dans son kiosque à journaux, lui acheter une grande villa, avec vue sur la mer et chauffage central… Il faut dire que François en pince pour Maryvonne…

Mais un jour, une banale livraison l’emmène à frapper à la porte d’une grande maison isolée… François comprend que la chance a enfin décidé de lui sourire… Sa vie va enfin pouvoir changer, du tout au tout… Mais, s’il avait su, il se serait bien gardé de pénétrer dans la maison !


Nettoyage à sec, planche de l'album © Rue de Sèvres / Mertens
attendre la fortune
Après la chronique passionnée de la sémillante bd.okatu à propos de Béatrice, comment ne pas s’intéresser de très près à Nettoyage à sec, second album de Joris Mertens ? Il faut dire que l’album est, une fois encore, joliment édité, avec cette magnifique couverture non pelliculée et le dos toilé qui met joliment en valeur la superbe illustration…

Dès les premières pages, on est littéralement happé par le formidable talent de Joris Mertens pour faire résonner une petite musique qui pose ces ambiances urbaines si particulière et baigne le récit de la première à la dernière page. Avec une virtuosité confondante, il nous entraîne au cœur d’une ville pluvieuse dont il retranscrit l’atmosphère avec maestria, jouant avec les lumières et les néons blafards qui se reflètent sur le bitume détrempé comme peu d’auteurs l’ont fait avant lui… La ville, les costumes et les véhicules évoquent la Bruxelles des années 70, comme tend à le prouver le Vieux Fusil qui est à l’affiche avec Romy Schneider et Philippe Noiret… Mais certains bâtiments semblent empruntés à d’autres villes du Plat Pays ou n’être pas à leur place dans le labyrinthe urbain qu’arpente François. L’album fourmille de détails savoureux qui entre en résonnance avec l’histoire, tel ce cendrier dans lequel François écrase sa cigarette vers la fin de l’album… La Fortune lui sourit, certes, mais sa situation est bien plus tragique et désespérée qu’elle ne l’était quelques heures auparavant !

Nettoyage à sec, planche de l'album © Rue de Sèvres / MertensMais si Joris Mertens donne à voir, son talent est tel que l’auteur parvient à nous faire entendre les bruits de la ville, du freinage d’un antique tram aux moteurs des voitures, en passant par celui du pas pressés des passants sur les trottoirs ou des gouttes d’eaux frappant le pavé ou les parapluies… Pour un peu, on sentirait aussi l’odeur captieux du tabac, du linge fraîchement repassé ou le parfum d’une femme, tout juste croisée… A l’instar d’un Jacques Tardi, le dessinateur nous donne ainsi à voir autant qu’à ressentir cette ville fantasmée, en faisant presque un personnage à part entière, annonçant d’une certaine façon le basculement de ce récit intimiste vers le polar… On appréciera par ailleurs la savoureuse dichotomie existante entre le titre de l’album et l’atmosphère humide et détrempée qui baigne le récit…

Il pleut dans son cœur comme il pleut sur la ville…
A la façon des cinéastes de la Nouvelle Vague, Joris Mertens met en scène une foule de personnages authentiques et fascinants dont il compose le portrait avec une rare efficacité. Chacun d’entre eux semble avoir fait l’objet d’un soin tout particulier, de ce patron faussement paternaliste à ce nouveau collègue peut investit dans son travail, du patron du troquet où François va régulièrement boire une bière, en passant par Maryvonne, l’aimable buraliste du kiosque à journaux dont il est amoureux… Et il y a François, bien sûr, un gars poli et serviable, lessivé par la vie, comme la ville l’est par la pluie et qui s’accroche à son rêve de lendemains qui chantent pour fuir un quotidien par trop monotone… Les dialogues sont rares mais sonnent justes, faisant du lecteur le spectateur de ces tranches de vies tantôt simples et monotones, tantôt drôles et attendrissantes. Et la fin apporte une touche de cruauté à cette comédie dramatique en pointant l’illusoire bonheur qu’offre la richesse… avant que l’album ne se referme sur un épilogue tragiquement mélancolique, certes attendu, mais néanmoins bougrement efficace et qui montre combien Dame Fortune peut parfois être facétieuse…

Le trait de l’artiste se fait plus précis que dans Béatrice mais conserve cette vivacité et cette énergie qui force l’admiration et fascine à chaque nouvelle planche. Chaque case est composée avec le plus grand soin à la manière d’une photo savamment cadrée qui prendrait les personnages sur le vif et fixerait sur le papier des bribes de vies. Les illustrations pleines pages, offrant une respiration au récit et au lecteur l’occasion de se perdre dans les rues de la ville, s’avèrent toutes fascinantes. Difficile de ne pas être bluffé par le sens du découpage et la narration graphique de cet artiste, indéniablement influencé par son travail sur des storyboard de cinéma.

Nettoyage à sec, planche de l'album © Rue de Sèvres / MertensSecond album de Joris Mertens, Nettoyage à sec est un petit bijou du neuvième art aussi superbement édité que somptueusement dessiné et mis en couleur et qui se lit comme on regarde un bon film…

S’inscrivant dans un esprit « Nouvelle Vague » aux accents de polar, l’album nous raconte le quotidien morne et insipide de François qui travaille comme livreur dans une laverie et rêve d’une autre vie que seul le gros lot du loto pourrait lui apporter… Depuis des lustres, il joue chaque semaine et sans succès les mêmes numéros… Mais, il en est persuadé, cette fois la chance va lui sourire et il pourra plaquer son boulot insipide et déclarer sa flamme à Maryvonne…

L’auteur du magnifique Béatrice nous offre une fois encore des planches d’une beauté saisissante. Il retranscrit avec finesse ces atmosphères urbaines, nous donnant à voir autant qu’à ressentir cette grande ville, évoquant une Bruxelles fantasmée des années 70, grâce à un crayonné plein de vie qui saisit le mouvement comme personne et un travail sur la lumière tout juste sublime…

Venu sur le tard à la BD, Joris Mertens s’impose comme un auteur fascinant dont il nous tarde de lire le prochain album tant nous avons adoré les deux premiers…


- Bonjour Maryvonne !
- François ! Bonjour ! Toujours aussi fidèle. Les mêmes numéros que d’habitude ? Tu n’as pas mis les meilleurs habits pour affronter la pluie.
- Oh ! Ça va aller. 5-8-24-12-10-52 : mes numéros fétiches. Tu verras, Maryvonne, un jour, je viendrais te chercher au volant de ma nouvelle Mercedes.
- Je m’en souviendrai, François ! Cette semaine, la cagnotte s’élève à 10 millions de francs. Pas mal non ?
- Avec ça je pourrais t’acheter un bel appartement à la mer. Equipé du chauffage central, évidemment. Mais aussi une grande Maison de la Presse sur la digue.
- C’est gentil, François. Ça plairait à Romy, de vivre au bord de la mer. On peut toujours rêver hein…dialogue entre François et Maryvonne

Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

Cette fiche n' est référencée comme inspi pour aucun jeux de rôle.